Vidéo : les sites web de radio sont-ils des SMAd ?

En fait. Le 16 janvier, le Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (Geste) a été reçu à sa demande par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour lui faire part de l’opposition des radios à déclarer leur site web avec vidéo, comme services de médias audiovisuels à la demande (SMAd).

En clair. Dès que le CSA voit des vidéos en ligne, il est tenté d’assimiler tout ou partie
du site web qui les édite comme un service de médias audiovisuels à la demande (SMAd). Après les services de vidéo à la demande (VOD), les offres de télévision de rattrapage (catch up TV) et la partie vidéo professionnelle (programmes audiovisuels, chaînes originales, …) des platesformes de type YouTube et Dailymotion, le CSA s’intéresse maintenant aux sites web des radios et de la presse proposant des vidéos. Depuis l’été dernier, plusieurs éditeurs de radios ont déjà reçu de sa part une notification leur demandant de se déclarer en tant que SMAd.

Objectif pour le régulateur : les soumettre, eux aussi, à des obligations (protection des mineurs, respect de la dignité humaine, exposition d’œuvres, contribution financière à la production, …). La presse sur Internet proposant de plus en plus de vidéos ne devrait pas échapper à cette déclaration. « Après les radios, la prochaine étape pourrait consister à soumettre les sites de presse aux mêmes obligations, puisque les contenus audiovisuels qu’ils produisent sont en augmentation constante », s’inquiète le Geste
qui a exprimé, le 16 janvier, l’opposition de ses membres radios – RTL Net, Lagardère Active (Europe 1), Radio France, Les Indés Radio, … – à être assimilés à des SMAd.
« Ces obligations ne peuvent légalement être transposées aux éditeurs de radio, puisqu’il ressort de la définition même des SMAd qu’il s’agit de services permettant de visionner des programmes au moment choisi par l’utilisateur et sur sa demande, à partir d’un catalogue de programmes dont la sélection et l’organisation sont contrôlées par l’éditeur de ce service », a plaidé le Geste, dont Corinne Denis (1) est présidente.

Mais le CSA n’a pas manqué de rappeler que, depuis sa notification aux radios l’été dernier, la loi sur l’audiovisuel public a été promulguée – le 16 novembre dernier, soit quatre jours après la remise du rapport « SMAd » du CSA au gouvernement. Cette loi prépare déjà le terrain à l’extension des pouvoirs du régulateur sur tous les « services de télévision et de médias audiovisuels à la demande » (articles 24 et 25), lesquels doivent désormais se déclarer auprès de lui (2).
« C’est la nature des services proposés qui prime et non la nature des acteurs qui en sont à l’origine », estime le régulateur dans son rapport. @

Le Monde « souhaite bonne chance » au kiosque E-Presse

En fait. Le 13 janvier, Orange et le GIE E-Presse Premium ont confirmé à l’AFP l’information de La lettre de l’Expansion, selon laquelle ils avaient échoué à se mettre d’accord avec Lagardère Services (Relay) pour tenter de lancer un kiosque numérique unifié. Le Monde ne croit pas à une telle alliance.

En clair. « Nous voulons créer le guichet unique de la presse française sur Internet », promettait, il y a plus de trois ans, Frédéric Filloux (1), nommé directeur général du GIE
E-Presse Premium, au moment de son lancement en novembre 2010 par Les Echos, L’Equipe, Le Figaro, Libération, Le Parisien, L’Express, Le Nouvel Observateur et Le Point.
Mais, depuis, les choses en sont au même point : la presse française ne s’est pas entendue pour faire de ce kiosque numérique un « guichet unique », susceptible de faire poids face aux géants du Net, tels que Apple avec son Newsstand ou Google avec son nouveau Play Kiosque. Son successeur, en mars 2012, Philippe Jannet (2), n’a pas non plus réussi à fédérer autour de E-Presse les éditeurs français de journaux. C’est parce que beaucoup d’entre eux, Le Monde en tête, n’ont jamais cru à une telle initiative.
« Nous sommes présents sur un seul kiosque numérique : Newsstand d’Apple, depuis novembre », s’est encore félicité Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, lequel n’a jamais voulu rallier le kiosque numérique E-Presse. Questionné le
16 décembre dernier par l’Association des journalistes médias (AJM) sur ce dernier,
il n’a pas mâché ses mots : « Je leur souhaite bonne chance ! E-Presse a un raisonnement qui est : ‘‘Si tous les acteurs de presse se tenaient la main, on pourrait construire une alternative crédible à Apple’’. C’est une conviction qui est sympathique, mais probablement un peu naïve ». Explication : « D’une part, on servirait inutilement de locomotive, Le Monde vendant largement bien plus de versions numériques que nos frères. D’autre part, l’outil technologique proposé par E-Presse est bien moins performant que celui d’Apple : on télécharge plus facilement et il y a mille fois moins de bugs… On a pas accès directement aux informations des abonnés, mais Apple fait pas mal d’efforts pour nous donner accès
à ces informations », a déclaré Louis Dreyfus, n’excluant cependant pas d’aller aussi
sur le nouveau Play Kiosque de Google. « Il n’y a pas d’exclusivité avec Apple ».
Pour la presse, le kiosque numérique est l’opportunité de vendre des abonnements – contrairement aux kiosques physiques vendant au numéro et de façon aléatoire.
Selon l’OJD, Relay.com détient 44,6 % du marché de la vente de journaux en ligne, suivi de Lekiosk.fr (33 %) et, loin derrière, Zinio (10,3 %) et le GIE E-Presse (7,8 %). @

Après Blu-ray Pure Audio, à quand le son HD en ligne ?

En fait. Le 20 janvier, Blu-ray Partners, le Simavelec et Dolby, avec le Syndicat des éditeurs de vidéo numérique (SEVN), ont présenté le Blu-ray Pure Audio, au son HD non compressé, déjà vendu par Universal Music, Sony et Warner. Contrairement au disque optique, Internet passe timidement au son HD.

En clair. Le Blu-ray Pure Audio, que vend timidement Universal Music depuis avril 2013 et que vient de lancer Sony au dernier CES de Las Vegas, jette une lumière peu reluisante sur la piètre qualité sonore de la musique en ligne. Là où le Blu-ray au son HD non compressé propose une qualité à fréquence d’échantillonnage de 24 bits/96 Khz à 192 Khz, le CD classique n’offre, lui, que 16 bits/44 Khz. Mais la qualité sonore dégringole, sous l’effet de la compression numérique lorsque l’internaute et le mobinaute se retrouvent sur les plates-formes de musique en ligne où les formats les plus utilisés sont le MP3, suivi de loin par le WMA créé par Microsoft et l’AAC popularisé par Apple (iPod, iTunes).

Bien que le MP3 soit progressivement substituable par l’AAC et le M4A (version lossless d’AAC sans perte), qui offrent une meilleure qualité d’écoute appréciée lorsque l’on connecte le lecteur numérique à sa chaîne hi-fi, il reste encore très utilisé sur Internet.
Or, la qualité sonore du « MPEG Audio Layer III » apparu il y a vingt ans, n’est pas brillante : il a beau s’aligner sur la qualité CD à 44 Khz, il subit néanmoins les altérations de la compression pour optimiser les téléchargements et le streaming. Le taux de 128 Kbits/s pour un ratio de compression de 1 pour 10 (1:10), permet de gagner de la place sur Internet pour ne pas trop consommer de bande passante.

Résultat : la taille d’un fichier Blu-ray Pure Audio est 15 fois supérieure à celle d’un fichier CD et 100 fois supérieure à celle d’un fichier MP3. Mais, si le off line optique réussit à rééduquer (pour la génération « vinyle ») et à éduquer (pour les Internet Natives) les oreilles des mélomanes du numérique, le on line – en passe d’évoluer du haut débit vers
le très haut débit – devra à son tour accélérer sa mutation vers le son HD. Le M4A, la version audio du MP4, offre d’ores et déjà une alternative de meilleure qualité au MP3. Plus rare est le format « Studio Masters » à 24 bits/96 Khz (ou 192 Khz), qui s’aligne sur le son fourni par un studio d’enregistrement. Pour 6.000 albums, il offre un confort d’écoute supérieur à celui des CD pour un catalogue total de 17 millions de titres, en « vraie qualité CD ». La plateforme française de musique en ligne, Qobuz.com (1), s’en est fait une spécialité après avoir abandonné le format MP3 en 2012 et internationalise sa qualité HD en streaming et téléchargement. @

Lescure : « 40 ou 50 films à 2,5 mois après la salle »

En fait. Le 14 janvier, Pierre Lescure (68 ans), ancien PDG de Canal+, a été élu futur président du Festival de Cannes par le conseil d’administration de l’Association Française du Festival International du Film, où siège deux représentants de l’Etat, pour succéder à Gilles Jacob le 1er juillet prochain.

En clair. Pierre Lescure savait, depuis près de deux mois, qu’il pouvait être nommé président du Festival de Cannes. « C’est vrai qu’on m’en a parlé. (…) Cela serait à la fois intéressé et gratifié si cela devait être moi », avait-il confié à propos de sa candidature à la succession de Gilles Jacob. C’était le 28 novembre dernier, lors d’un dîner-débat du Club audiovisuel de Paris, où il était l’invité d’honneur.

Si le monde du Septième Art français se réjouit de sa nomination, il doit aussi se préparer à une réforme de la chronologie des médias. Mais l’ancien PDG de Canal+ connaît les susceptibilités de la filière cinématographique. « On ne touche pas à la chronologie des médias. En revanche, un film qui ne marche pas en salle. Dès lors, au lieu d’attendre 4 mois, estce que l’on ne peut pas le mettre à 2 mois et demi ? Pourquoi ne pas le mettre un peu plus tôt en vidéo à la demande (VOD). Ceux qui aiment le cinéma vont aller regarder en VOD un film pourtant réputé ne pas avoir eu de succès [en salle], mais qu’ils ont envie de consommer », a expliqué Pierre Lescure ce soir-là. Seules les exceptions seront donc renforcées. « D’où cette création de ‘’commission des dérogations’’ que j’ai proposée [dans son fameux rapport, ndlr]. Il sort plus de 200 films par an : s’il y a 40 ou 50 films
qui, au lieu de passer à 4 mois, passent à 2 mois et demi (1), je ne pense pas que le commerce de votre famille [du cinéma français] soit remis en cause », a-t-il détaillé.
La commission des dérogations, qui devrait se mettre en place d’ici le prochain Festival
de Cannes en mai, se réunira toutes les semaines avec les producteurs, les distributeurs, les exploitants et les diffuseurs pour dire s’il faut mettre tel ou tel film « à 2 mois, 2 mois et demi ou 3 mois ». Selon lui, « un bon tiers des films aura ainsi une carrière VOD ». Alors que le récent rapport Bonnell (2) préconise, lui, de « sanctuariser les 4 mois de la salle avec possibilité de légères adaptations à la marge pour certaines catégories de films ».

Quant à la fermeture de la fenêtre de la VOD au moment de l’ouverture de celle de Canal+ (à partir de 22 mois après la salle), elle ne tient plus la route aux yeux de Pierre Lescure : « Cette histoire d’ouvrir une fenêtre et de fermer une fenêtre, qu’est-ce que c’est ? (…) C’est un non sens. Vous ne pouvez pas imposer à l’usager de manière systématique la patience ». @

Timeline

24 janvier
• Olivier Schrameck intervient au FIPA à la table ronde « Création et Internet : quelle régulation ? Quels financements ? ».

23 janvier
• Altice, qui entre à la Bourse d’Amsterdam le 31 janvier, est autorisé en France à acquérir Numericable, dont il détient 40 %.
• Médiamétrie : si 86 % des internautes connaissent la VOD, seuls 30% ont déjà regardé un programme en VOD (stable).
• Ebay rejette la demande de Carl Icahn de scinder PayPal.
• Larousse est contrait de retirer le livre « Perles des tweets et du Net » après avoir négligé les droits d’auteur.
• Les Editions du Net lancent la première “téléréalité” du livre, Academiebalzac.fr

22 janvier
• Netflix en 2013 : 4,3 Mds de $ de CA (pour 44,4 millions d’abonnés, dont 80 % aux Etats-Unis) et 112,4 millions de $ de bénéfice net.
• Netflix, aux actionnaires : « Nous prévoyons plus tard cette année de nous embarquer dans une expansion européenne importante ».
• Amazon prépare un service de TV payante en streaming, selon le WSJ.
• Facebook devrait perdre « 80 % de sa base d’utilisateurs » entre 2015 et 2017, prédit une édude américaine : http://arxiv.org/pdf/1401.4208.pdf
• Le WEF à Davos, publie « Normes et valeurs dans le média digital : repenser la propriété intellectuelle à l’ère numérique » : http://lc.cx/WEF
• Marissa Mayer, CEO de Yahoo à Davos : «D’ici fin 2014, nous aurons plus d’utilisateurs de mobiles que d’utilisateurs d’ordinateurs ».
• La Corée du Sud annonce 1,1 Md d’euros d’investissement dans la 5G, qui sera testée dès 2017 et lancée en 2020.

21 janvier
• Aurélie Filippetti, lors de ses vœux : « La loi sur la création [qui sera présenté au printemps en Conseil des ministres, et non en février, ndlr] comportera notamment des dispositions sur l’amélioration de l’offre légale et sur la rémunération des artistes ».
• Olivier Schrameck (CSA), lors de ses vœux : « La tentation de se transformer en contrôleur généralisé du Net n’est en rien la nôtre ».
• Beats Electronics, le fabricant des casques « b » du Dr. Dre, lance Beats Music, un service de streaming musical.
• Verizon acquiert les activités « Cloud TV » d’Intel Media (lire p. 5).
• L’Autorité de la concurrence demande les avis de l’Arcep et du CSA sur les nouveaux engagements de Canal+ (chaînes D8 et D17).
• Gartner estime que les dépenses mondiales en publicité sur mobile atteindront 18 Mds de $ en 2014, contre 13,1 Mds en 2013.
• France Info va lancer le streaming vidéo en direct d’ici l’été prochain.
• TF1 cède 31 % du capital d’Eurosport à Discovery, lequel atteint 51 %.

20 janvier
• Vivendi, qui prépare le spin-off de sa filiale SFR, en étudie la vente à Numericable et Altice, affirme Bloomberg.
• Vodkaster s’allie à Riplay pour lancer un service de VOD personnelle dans le cloud créée à partir de DVD.
• Médiamétrie : « Dès la fin de cette année, on aura une mesure de l’Internet global : fixes plus mobiles, plus tablettes », déclare son PDG Bruno Chetaille.
• TDF regroupe ses filiales Cognacq-Jay Image, PSN, Qbrick et Smartjog dans la société Arkena.

17 janvier
• Le gouvernement va aligner la TVA de la presse en ligne sur le taux de 2,10 % de la presse papier, à la grande satisfaction du Spiil et du Geste.
• Pascal Perri, économiste et président du cabinet PNC, nous transmet son étude
« Economie numérique et emploi en France. L’exemple de Google » : http://lc.cx/PNC
• Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac/Webedia) au « Monde » : « Atteindre 100 millions d’euros en trois ans », contre 50 l’an dernier, pour « devenir le premier groupe de médias numérique français ».
• Radionomy rachète Winamp et Shoutcast (webradios) à AOL qui entre dans son capital (à 12 % selon TechCrunch).

16 janvier
• Arcep, CSA, Hadopi et Cnil auditionnés au Sénat : http://lc.cx/4R
• Marie-Françoise Marais plaide pour le maintien de l’Hadopi.
• Arnaud Montebourg : « Les opérateurs télécoms se font la guerre sur le dos de l’intérêt général ».
• Fleur Pellerin exclut « pour l’instant » une fusion d’opérateurs télécoms en France.
• Netgemindique que sa box Videofutur distribuée par Virgin Mobile, Citiplay et Ozone compte « plus de 15.000 abonnés » à fin 2013.
• Prisma Media prend le contrôle d’AdVideum, régie vidéo du Net.
• Mesagraph : 89,8 millions de tweets liés aux émissions des principales chaînes françaises ont été envoyés en 2013 (+ 164 %).
• TF1 crée une « social team » pour « amplifier la résonnance sociale des
programmes ».
• M6 déploie 6Play, son appli Social TV, sur Xbox One et Kindle Fire.

15 janvier
• Google confirme faire appel de la condamnation de la Cnil (lire p. 8 et 9).
• La Commission européenne, Joaquín Almunia veut de nouvelles concessions de la part Google sur son moteur de recherche.
• Aurélie Filippetti : « Il peut y avoir des synergies entre les plateformes techniques, numériques », de France Télévisions et Radio France.
• Free lance InfoMusic, service de reconnaissance musicale (lire p. 7).
•Whaller (Bolloré) revendique 7.000 utilisateurs de son « réseau
social 100 % sécurisé ».
• Mediapart fait état de 82.000 abonnés payants et vise les 100.000.
•Wengo (Vivendi) acquiert Bordas.com (soutien scolaire en ligne).

14 janvier
• La FCC voit son règlement sur neutralité du Net jugé inconstitutionnel
par une cour d’appel aux Etats-Unis.
• La Cese adopte le rapport de Nathalie Chiche sur la gouvernance
du Net : www.editionmultimedia.fr/documents/reseaux/

13 janvier
• Pascal Lamy (ex-DG de l’OMC) doit faire des propositions à la
Commission européenne sur les futures fréquences (lire p. 5).
• La Commission européenne ouvre une enquête sur les licences
entre les majors du cinéma et les chaînes de TV payantes, dont Canal+.
• Free, Orange, SFR et Bouygues Telecom commencent à bloquer
les sites « Allostreaming », constate PC INpact.
• L’IFPI signale la 100 000 000enotification de piratage de musique à Google.
• Google achète Nest Labs (domotique) pour 3,2 Mds de $.