Musique : Google devance le lancement d’iTunes Radio

En fait. Le 8 août, Google France a annoncé le lancement d’un service d’« accès illimité à la musique » sur Google Play pour le marché français. Proposé par abonnement, il permet l’écoute de musiques en streaming et de profiter de smart radios personnalisées et sans publicité. « Des millions de titres » sont proposés.

En clair. Google se lance en Europe à l’assaut du français Deezer et du suédois Spotify qui jouent déjà sur les deux usages en pleine croissance que sont l’écoute en streaming et la radio personnalisable par abonnement. Le géant du Web prend également de court son rival Apple lequel prévoit de lancer à l’automne iTunes Radio, un service d’écoute musicale personnalisé par playlists et radios. La marque à la pomme, qui a lancé iTunes Store il y a dix ans, entend conforter son leadership mondial dans la musique en ligne, avec ses 26 millions de titres disponibles. Mais contrairement au futur service d’Apple, gratuit et financé par la publicité (1), le nouveau service de Google – baptisé « Accès Illimité » – offre par abonnement « des millions de titres des plus grandes maisons de disques, labels indépendants et artistes nationaux ». Lancé aux Etats-Unis en mai dernier sous le nom de Google Play Music All Access, le géant du Web avait signé des accords de droits avec Universal Music, Sony Music et Warner Music.
Avec Android sur tablette et smartphone, Google vise un parc plus large de terminaux (sans parler de l’accès web par play.google.com) que les iOS d’Apple. Outre-Atlantique, Google Play Music All Access doit aussi concurrence l’américain Pandora, pionnier de
la smart radio. « Accès illimité vous permet de profiter de radios interactives et sans publicité, personnalisées en fonction de vos chansons ou de vos artistes préférés. Libre
à vous de passer des titres, d’en supprimer et de réorganiser la file de lecture selon vos envies. Vous pouvez aussi accéder aux recommandations de notre équipe d’experts musicaux ou trier les titres par genre. La fonctionnalité “A écouter” affiche dans votre bibliothèque des suggestions d’artistes ou de radios susceptibles de vous plaire et accessibles en un clic. Et si d’aventure, vous ne trouviez pas votre bonheur dans notre éventail de plusieurs millions de titres, vous avez la possibilité de stocker en ligne gratuitement jusqu’à 20 000 titres de votre bibliothèque musicale personnelle », explique en détail le blog officiel de Google France.
Google Play Musique Accès illimité est gratuit pendant un mois, avant d’être payant :
7,99 euros par mois avant le 15 septembre, puis 9,99 euros par mois. A l’instar de Spotify et de Deezer, le géant du Net tourne un peu plus le dos au téléchargement. @

Vevo : les majors à l’assaut de Spotify et de Deezer

En fait. Le 20 août, l’agence Bloomberg a indiqué qu’Apple allait proposer sur Apple TV les vidéos musicales de Vevo – filiale d’Universal Music (Vivendi) et de Sony Music. Le 31 juillet, Dailymotion a annoncé l’extension de son partenariat
avec Vevo, lequel a renforcé cet été son accord YouTube (Google).

En clair. Créé en 2009 dans le cadre d’une alliance entre deux majors du disque
– Universal Music et Sony Music – avec Google, Vevo monte en puissance sur le
marché mondial de la musique en ligne. Les partenariats de diffusion de ses vidéos clips musicaux se multiplient. Ce qui fait de la plate-forme des majors Universal Music, Sony Music et, bien que non actionnaire, EMI (racheté il y a un an par la filiale de Vivendi) un concurrent de plus en plus redouté par les leaders Spotify et Deezer. La situation serait des plus banales sur un marché hyper concurrentiel si les deux majors actionnaires de Vevo n’étaient pas aussi les deux principaux fournisseurs de catalogues de musique du suédois Spotify et du français Deezer. Cela ne va-til pas jusqu’au conflit d’intérêt, étant donné que les majors sont aussi actionnaires minoritaires de Spotify (1).?
Le 19 août dernier, l’institut de mesures ComScore a publié le classement des sites de vidéos en ligne aux Etats-Unis : Vevo conforte sa quatrième position (derrière Google, Facebook et AOL), avec 49,6 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet. Cette fréquentation est due pour l’essentiel aux 47,6 millions de visiteurs uniques que lui apporte YouTube, dont il est le premier partenaire. En France, Vevo affiche 11.470.000 visiteurs uniques en juillet 2013 (voir p. 10). On comprend dès lors pourquoi le partenariat avec
la première plate-forme mondiale de partage vidéo a été renforcé cet été par l’entrée de Google au capital de Vevo (confirmé par YouTube le 3 juillet), à hauteur de 7 % si l’on en croit Techcrunch.com et Billboard.com. L’arrivée dans les prochaines semaines de Vevo sur l’Apple TV, dont le contenu audiovisuel s’enrichit à coups d’accords de diffusion (HBO/Time Warner, EPSN/Walt Disney, …), illustre la volonté des majors de la musique de renforcer Vevo déjà présent sur Netflix, Hulu, Facebook, Xbox ou encore AOL.
Y compris dans la TV connectée : sa disponibilité sur les téléviseurs connectés de Samsung serait également pour bientôt.
Depuis que Vevo s’est lancé en novembre 2012 dans trois pays européens simultanément, la France, l’Italie et l’Espagne (2)., les accords se succèdent comme avec la Sacem l’an dernier. Fin juillet, Dailymotion a annoncé avoir étendu à la France, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne et à l’Irlande son partenariat avec Vevo – jusqu’alors limité aux Etats-Unis. Pour les majors, on n’est jamais mieux servi que par soi-même… @

Lescure : amende « très lourde » en cas de récidive

En fait. Le 19 août, le quotidien La Montagne publiait une interview de Pierre Lescure qui revient sur l’amende de 60 euros proposée en mai par la mission
« Acte II de l’exception culturelle » qu’il a présidée. Toujours sans avancer de montant en cas de récidive, il veut en revanche celle-ci « très lourde ».

En clair. « L’amende de 60 euros que nous proposons n’est pas symbolique. Et nous suggérons qu’elle soit très lourde pour la récidive », précise Pierre Lescure à La Montagne. Depuis la publication du rapport de la mission « Acte II de l’exception culturelle » en mai dernier, son discours se durcit donc concernant l’amende pour les récidivistes. D’une amende « éventuellement majorée » ou « aggravée » que suggère le rapport en
cas de récidive, il est question maintenant d’amende « très lourde » pour les récidivistes. Ce durcissement de la dialectique intervient quelques semaines après la publication au Journal Officiel du décret du 8 juillet supprimant la coupure d’Internet (1). Mais seule « la contravention de 5e classe » de 1.500 euros pourra désormais être prononcée pour l’infraction dite de « négligence caractérisée » prévue dans la réponse graduée de l’Hadopi. C’est cette sanction pécuniaire que le rapport Lescure a proposé de ramener à une somme forfaitaire de 60 euros pour rester dissuasive. Autrement dit, même si la peine complémentaire d’un mois de suspension de l’accès à Internet disparaît, le tribunal d’instance – en attendant que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ne prenne le relais de l’Hadopi – pourrait toujours aujourd’hui prononcer une amende de 1.500 euros d’amende. Est-ce à ce montant « très lourd » que pense Pierre Lescure en cas de récidive après une première amende de 60 euros ? Pour y voir plus clair, il faudra attendre le prochain débat parlementaire. En attendant, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) s’est inquiété en juillet dernier de « la reprise de la consommation illicite de musique en ligne » (sur la base des résultats
de la troisième vague du baromètre Ifop/Hadopi) et a appelé les pouvoirs publics à
« maintenir un cadre juridique protecteur des droits de propriété intellectuelle sur Internet, assortie d’amendes suffisamment dissuasives ».
Lors de la publication du rapport Lescure, le Snep avait estimé que « le faible montant proposé pour cette amende (60 euros) décrédibilise sérieusement la pertinence de l’ensemble de l’édifice » (2). Est-ce pour répondre à la critique du syndicat des majors de la musique (Universal Music, Warner Music, Sony Music) que Pierre Lescure se voudrait désormais encore plus sévère envers les récidivistes ? @

Contenus : la justice américaine s’en prend à Apple

En fait. Le 27 août, le tribunal de New York souhaite que les mesures qui seront prises contre Apple se limitent aux livres numériques (entente sur les prix). Alors que la Justice américaine (DoJ) a demandé le 2 août à ce que le verdict à venir soit étendu au contraire à tous les contenus en ligne.

En clair. Le DoJ (Department of Justice) et trente-trois procureurs généraux veulent élargir à tous les contenus numériques en ligne – et pas seulement aux ebooks –
les mesures de surveillance des pratiques commerciales et tarifaires à la marque à la pomme : « Il sera interdit à Apple de passer des accords avec des fournisseurs de livres numériques, de musique, de films, de programmes télévisés ou d’autres contenus s’ils sont susceptibles d’augmenter les prix auxquels les distributeurs concurrents d’Apple pourraient vendre ces contenus ». C’est la première fois que la justice américaine souhaite que des mesures soient prises à l’encontre d’Apple quels que soient les contenus numériques concernés. C’est ainsi tout l’écosystème App Store
et iTunes qui se retrouvent dans le collimateur. Mais la juge de New York, Denise Cote, est opposé à cet élargissement.
En revanche, elle est d’accord sur la proposition du DoJ de nommer un expert indépendant pour s’assurer que les obligations antitrust imposées à Apple soient suffisantes pour détecter les pratiques anti-concurrentielles avant qu’elles ne pénalisent les consommateurs.
Depuis que le tribunal de New York a accusé le 10 juillet dernier la firme de Cuppertino d’entente illicite sur les prix des livres numériques (1), le soupçon d’étend désormais à tous les contenus. Le DoJ demande l’annulation des contrats avec les éditeurs concernés par cette entente (2) et l’interdiction pendant cinq ans de signer de nouveaux contrats qui pénaliseraient la concurrence sur les prix. « Apple doit aussi pendant deux ans permettre à d’autres distributeurs comme Amazon et Barnes & Noble de proposer des liens de leurs applications ebooks vers leurs propres boutiques en ligne de livres numérique, afin que les consommateurs puissent acheter et lire des ebooks sur leur iPad et iPhone en comparant facilement les prix d’Apple avec ceux des concurrents », préconise la justice américaine. Apple a déjà indiqué qu’il ferait appel du verdict à venir. Si sa condamnation devait être confirmée, même sans sanction financière, la marque
à la pomme risque de faire l’objet d’une class action de consommateurs lésés. En Europe, la Commission européenne et l’Autorité de la concurrence en France (lire Juridique p. 8 et 9) s’interrogent sur les pratiques de l’App Store d’Apple. @

Timeline

29 août
• Eric Walter, secrétaire général de l’Hadopi, explique sur
Ericwalter.fr les raisons de l’intérim assuré par Pauline Blassel
pour une durée indéterminée (« sérieux problèmes de santé »).
• Le Sirti se félicite de la publication de l’arrêté « DAB+ ».
• SES est retenu par Turner Broadcasting (Time Warner) pour diffuser
des services VOD et catch up TV par satellite en Europe.

28 août
• DAB+ est autorisé pour la RNT par arrêté paru au J.O. (lire p. 1).
• La Commission européenne rendra fin septembre sa décision
sur la nouvelle taxe TSTD, indique Ecran Total.
• Twitter acquiert Trendrr, start-up spécialisée dans la Social TV.