Lagardère reprendra-t-il la plateforme VirginMega.fr ?

En fait. Le 17 juin, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire de Virgin Megastore, huit jours après avoir rejeté les deux offres de reprises. Dommage collatéral : la plate-forme de musique en ligne de biens culturels VirginMega.fr a été mise en redressement judiciaire le 30 mai.

ALEn clair. Lancée en mai 2004, soit quelques semaines avant iTunes France (en juin 2004), VirginMega.fr joue désormais sa survie devant le tribunal de commerce de Paris qui l’a placée fin mai en redressement judiciaire.
Ayant réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 4, millions d’euros, la société VirginMega affirme toujours sur son site web – encore ouvert – être la « première plate-forme de téléchargement légal
en France, [avec] plus de 10 millions de titres de musique à télécharger et ses catalogues uniques de films et d’ebooks exclusifs ».
Alors qu’elle est en réalité cinquième en France avec 3,6 % de parts de marché dans la musique en ligne, dernière iTunes (70,2 %), Orange allié à Deezer (7,7 %), Amazon (4,2 %) et Fnac Music distribué depuis octobre 2012 par iTunes (3,8 %), selon GfK pour 2011.

Cela aurait du sens pour le « pure player des médias »
Filiale de Virgin Store, maison mère des magasins spécialisés Virgin Megastore (désormais fermés), elle-même ayant comme actionnaire principal le fonds d’investissement Butler Capital Partners depuis la cession en 2008 par Lagardère qui a gardé une participation de près de 20 %, VirginMega semble faire l’objet d’un traitement
à part.
Bien que ses salariés fassent eux aussi partie du plan social qui sera détaillé le 24 juin en comité d’entreprise extraordinaire. Il reste maintenant à ce pionnier français de la musique sur le Net à trouver un repreneur. « Virgin vivra, Lagardère paiera ! », a-t-on pu lire sur des banderoles devant le magasin emblématique des Champs-Elysées. Des salariés se sont même rendus dans les locaux de Lagardère. Ayant fait de son groupe un « pure player des médias », Arnaud Lagardère sera-il tenté de reprendre cette plate-forme légale ?
Cela ferait sens en tout cas.
Si Virginmega.fr devait disparaître, ce serait une mauvaise nouvelle pour le marché français de la musique en ligne, déjà dominé par Apple, ainsi que pour l’offre VOD. VirginMega, qui propose 15.000 films et séries, arrive en 10e position (1) avec 4,6 %
des consommateurs déclarant l’utiliser, d’après le CNC et Harris Interactive. L’offre a
été élargie aux livres numériques et aux BD, avec au total un catalogue de 160.000 titres. Mais la boutique en ligne ne permet pas d’acheter des livres, CD et DVD en e-commerce, comme Amazon, seul le téléchargement ou la location de contenus culturels étant possible. C’est une erreur stratégique à laquelle l’éventuel repreneur devra remédier. @

Spectrum Crunch ?

La gestion des ressources rares, au-delà d’alimenter des discussions savantes entre économistes, a toujours des répercutions sur notre vie quotidienne. Certaines, comme l’eau, l’air, les métaux précieux ou l’espace pour les transports urbains sont très concrètes et nous percevons chaque jour un peu plus leur rareté. D’autres sont très longtemps restées dans l’ombre. Les fréquences hertziennes sont de celles-là, invisibles et discrètes pendant des décennies, puis s’invitant régulièrement dans les débats avec l’explosion des services mobiles et la multiplication des chaînes de télévision. Une pression telle que certains n’hésitèrent pas à prédire l’écroulement des plans d’allocation des fréquences ! La pression est en effet montée régulièrement à partir des années 2000 et à chaque changement de réseaux hertziens. Le basculement d’un Internet fixe vers
un Internet mobile, l’usage massif de la vidéo et surtout le développement exponentiel
des usages et du nombre des mobinautes, ont engagé les opérateurs et les Etats dans une course à la puissance des réseaux mobiles. Une course en escalier, où chaque marche correspond à une nouvelle génération de réseaux : 3G, 4G et 5G. Et pour chaque transition, tous les dix ans en moyenne, la question incontournable des fréquences disponibles pour satisfaire cette faim dévorante de spectre radioélectrique. N’oublions pas que, depuis 2010, le volume de données échangées sur les réseaux mobiles du monde entier a été multiplié par plus de 30, pour se monter aujourd’hui à 130 milliards de gigaoctets.

« Cette fameuse bande des 700 Mhz était
l’occasion de permettre une harmonisation spectrale
à l’échelle européenne mais aussi mondiale. »

La vague fut telle que les arbitrages rendus ont régulièrement été favorables à l’utilisation de nouvelles ressources spectrales. Il s’est agi tout d’abord de réallouer les fréquences libérées par l’extinction de la télévision analogique, d’abord dans la bande des 800 Mhz
en 2011 pour la France (premier « dividende numérique ») puis des 700 Mhz trois ans plus tard (second « dividende numérique »). Ces dernières fréquences ont d’ailleurs fait l’objet d’âpres discussions entre l’Etat, qui essayait d’avancer le calendrier pour récolter de nouveau les 3 milliards d’euros attendus de leur mise aux enchères, et les opérateurs télécoms qui déclaraient ne pas être pressés car devant faire face à une crise de croissance et de rentabilité inédite en Europe. Les chaînes de télévision de la TNT ont, elles aussi, voulu une partie de ces nouvelles fréquences libérées afin de pouvoir généraliser la HD et développer de nouveau services audiovisuels. Les nouvelles
normes de diffusion (DVB-T2, LTE, …) et de compression (Mpeg4, HEVC, …) ont
permis d’économiser du spectre et de pouvoir en allouer aussi bien aux télécoms qu’à l’audiovisuel.
Ces fréquences « basses », nouvelles pour les télécoms, étaient dites en or, par leur qualité particulière qui permet de diffuser les signaux plus loin en pénétrant mieux dans les bâtiments que les fréquences « hautes » initialement utilisées pour les communications mobiles. Elles avaient une autre qualité, peut-être plus importante encore : cette fameuse bande des 700 Mhz était l’occasion de permettre une harmonisation spectrale à l’échelle européenne mais aussi mondiale. Cela a en effet facilité le roaming international, mais surtout permis aux opérateurs de réaliser des économies d’échelle, si difficiles à concrétiser dans un contexte européen historiquement fragmenté. La bande des 700 Mhz avait déjà été allouée lors du premier dividende numérique sur tout le continent américain et en Asie. Elle le fut à l’occasion des allocations du second en Europe et pour la zone Afrique-Moyen Orient. Certains n’ont pas attendu que l’utilisation de la bande des 700 soit effective, il y a à peine cinq ans, pour poser bien avant la question de trouver de nouvelles fréquences pour le lancement cette année des premières licences 5G. Dès 2013, NTT Docomo testait au Japon une connexion à 10 Gbits/s dans une voiture en mouvement,
en utilisant des fréquences inhabituelles de 400 Mhz ! Tandis qu’au Royaume-Uni, le régulateur britannique Ofcom préparait le terrain pour disposer du spectre nécessaire,
dès 2020, permettant de faire oublier son retard sur la 4G en reprenant de l’avance sur
la génération suivante. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : Publicité
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, l’institut a publié son rapport :
« La bande des 700 MHz : une nouvelle harmonisation
des fréquences pour le LTE ? », par Frédéric Pujol.

Allostreaming : la CJUE décrochera-t-elle la question préjudicielle de Yahoo! ?

Yahoo! a bien présenté fin mai une question préjudicielle au juge, à qui revient
la décision de la transmettre ou non à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Les moteurs de recherche sont-ils des « intermédiaires » ? La question tarde à trouver une réponse en France.

Par Etienne Drouard (photo), avocat associé, cabinet K&L Gates et Bénédicte Boubée, juriste

En novembre 2011, trois syndicats français du cinéma – APC (1), FNDF (2) et SEVN (3) – ont assigné les principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et moteurs de recherche afin d’obtenir
le blocage et le déréférencement des sites web Allostreaming, accusés de piratage. Les moteurs de recherche ont, à l’instar
de Google, d’ores et déjà déréférencé l’ensemble des sites Allostreaming. Toutefois, l’automatisation du déréférencement sans nouveau recours au juge, grâce à un outil – logiciel de l’Alpa et de TMG (4) – qui éviterait l’apparition de sites miroirs, suscite, quant
à elle, des débats.

Audience de plaidoirie le 4 juillet
Le 25 avril dernier, le magistrat instructeur a reporté au 4 juillet prochain l’audience de plaidoirie pour l’objet du référé et a donné à Yahoo! jusqu’au 23 mai pour lui soumettre
une question préjudicielle portant sur la transposition de la directive européenne DADVSI (5) en droit français. Les autres moteurs de recherche et les FAI ne se sont pas joints à Yahoo! sur une telle demande.
Lors de la dernière audience en mai dernier, Yahoo! a présenté cette question préjudicielle au juge, à qui revient la décision de la transmettre ou non à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette transmission décalerait d’autant la solution à venir sur le fond du dossier français. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le délibéré n’a pas été rendu. Selon Yahoo!, la transposition par la loi du 12 juin 2009 (6) dite Hadopi 1 de la directive DADVSI serait trop étendue. En effet, la rédaction de l’article 336-2 du code de propriété intellectuelle a constitué une transposition très libre de cette directive. Elle permet de demander au juge d’ordonner, en présence d’une atteinte aux droits d’auteurs ou droits voisins, « toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser une telle atteinte à un droit d’auteurs ou un droit voisin, à l’encontre de toute personne susceptible de contribuer à y remédier », lorsqu’à l’origine la directive ne visait que les seuls « intermédiaires ». Ainsi,
la question préjudicielle posée est double : elle porte sur, d’une part, l’étendue de la transposition en droit français de la directive DADVSI et, d’autre part, la qualification ou non d’un moteur de recherches comme « intermédiaire » au sens de l’article 8.3 de cette même directive.
Pour Yahoo!, les moteurs de recherche ne constituent pas des intermédiaires au sens
de la directive européenne dans la mesure où ils sont neutres quant aux contenus qu’ils indexent : ils ne créent, ni ne transmettent aucune oeuvre. En outre, les résultats d’une recherche sont le fruit des interrogations formulées par les internautes. L’OCDE, pour sa part, estime que « les intermédiaires de l’Internet mettent en contact des tierces parties
ou facilitent des transactions entre elles sur Internet. Ils rendent accessibles, hébergent, transmettent et indexent sur Internet des contenus, produits et services provenant de tierces parties ou fournissent à des tiers des services reposant sur Internet » (7).
Se rangeant à cette définition des « intermédiaires », le rapport Lescure remis le 13 mai sur « l’exception culturelle acte II » met en avant le fait que la coopération de ces
« intermédiaires » permettrait de « contourner la difficulté d’appréhender directement
les responsables de la contrefaçon en ligne ».

Empêcher une « autorégulation privée »
Ainsi, à en suivre ce rapport, l’initiation d’une « action en cessation », fondée sur l’article 336-2 du code de la propriété intellectuelle (CPI) à l’encontre de ces intermédiaires apparaît comme une procédure d’opportunité qui permet d’aboutir au déréférencement des sites contrefacteurs par les moteurs de recherche, faute de pouvoir identifier les éditeurs de ces sites.
Il s’agit de faire cesser l’infraction, à tout le moins de rendre impossible l’accès à ces
sites par les internautes, à défaut de pouvoir directement poursuivre et sanctionner leurs éditeurs. Solution séduisante sachant que ces derniers sont difficilement identifiables et
se trouvent généralement dans des pays étrangers.

Toute automatisation inconstitutionnelle
Le rapport Lescure s’est rendu compte des limitations inhérentes à ses premières constatations et reconnaît qu’« il convient d’empêcher le développement d’une autorégulation purement privée, organisée sur la base d’une coopération entre ayants
droit et intermédiaires, qui pourrait provoquer des dérives de nature à mettre en danger
les libertés publiques ». Cette analyse est conforme à une réserve émise par le Conseil constitutionnel dans une décision du 10 juin 2009 (8) sur la loi Hadopi 1. En effet, les juges suprêmes ont considéré « qu’il appartiendra à la juridiction saisie de ne prononcer que les mesures strictement nécessaires à la préservation des droits en cause ». A la lecture de cette décision, il apparaît que le recours au juge est donc nécessaire pour que ce dernier se prononce sur la proportionnalité des mesures requises, mais également sur la mise à jour des services à déréférencer.
Toute automatisation du déréférencement paraîtrait par conséquent inconstitutionnelle, trop intrusive et constituerait un frein à la liberté fondamentale que constitue le droit pour tout un chacun d’accéder librement à Internet. L’automatisation soulève deux catégories d’interrogations :
• La première est celle du respect du principe du contradictoire. Il ne serait pas équitable, au regard des principes du droit processuel, que la décision de déréférencer un service litigieux se décide entre des plaignants et un juge, y compris en présence des acteurs
du référencement chargés d’exécuter une décision de déréférencement. La présence du contrevenant peut être difficile à rechercher, mais il est impératif d’avoir tenté de l’informer de l’existence du débat portant sur sa visibilité sur l’Internet français.
La procédure de « notice and take down » issue de la loi LCEN (9) n’est, certes, pas toujours applicable. Il n’en demeure pas moins que le déréférencement d’un service est une mesure « faisant grief » et ouvrant des droits au justiciable déréférencé, même s’il
est hébergé à l’étranger.
• La deuxième est celle de la révision dans le temps des services à déréférencer. Qu’il s’agisse de l’intérêt des victimes d’infractions à un droit de propriété intellectuelle, ou des complices, volontaires ou involontaires, la pertinence dans le temps des listes de services à bannir de l’Internet français soulève question.
On l’a vu en matière de lutte contre la pédopornographie, il est essentiel de réviser régulièrement les « listes noires » de sites à déréférencer. Mais la création par un juge d’une liste noire n’ouvre pas le droit à des acteurs privés, y compris ceux qui représentent des victimes, de la faire évoluer. En auraient-elles les moyens, elles n’en ont pas le droit dans un Etat de droit.
Le débat soulevé par Yahoo! se confrontera nécessairement aux résultats de la consultation publique initié par la Commission européenne le 30 novembre 2012 sur les
« procédures civiles visant à faire respecter les droits de propriété intellectuelle (efficacité des procédures, accessibilité des mesures) », et dont les résultats n’ont à ce jour pas encore été rendus publics. En France, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) s’est, lui aussi, penché sur la question du référencement en février 2012. Son rapport initialement prévu pour juillet 2012, devrait finalement être remis d’ici l’automne 2013.
A l’issue de ces réflexions françaises et européennes, qui tardent à venir, les
« intermédiaires » pourraient bientôt compter les moteurs de recherche aux abonnés absents. Il ne serait pas surprenant que le juge de première instance reste aveugle,
à ce stade, à la mauvaise écriture de la loi française.

Corriger le droit français ?
Le juge pourra se réfugier derrière son obligation de juger en droit français, alors même que la question préjudicielle, dont il est saisi, a vocation à corriger la portée aléatoire de l’article 336-2 du CPI. Il pourra donc juger vite, quitte à juger mal. Il pourra aussi juger seul, quitte à être contredit demain. Il pourra, goguenard, renvoyer le législateur à ses propres erreurs, pour satisfaire le justiciable, faute d’inscrire son action dans une oeuvre de stabilité juridique.
Mais, ne désespérons pas. Le juge pourrait aussi accepter que cette question préjudicielle soit retenue. Paradoxalement, en retardant l’issue d’un procès, on pourrait alors faire gagner du temps au droit français. @

Libre-échange US-UE : les Vingt-sept trouvent un compromis sur les services audiovisuels

Le 14 juin 2013, le Conseil européen a trouvé un compromis – avec notamment
la France – autour de la question des services audiovisuels qui, dans l’immédiat,
ne seront pas « négociés » dans le cadre du futur accord de libre-échange transatlantique mais « discutés » avec les Etats-Unis.

En ce qui concerne les services audiovisuels, ce qui vraiment en jeu dans ce secteur
est la révolution numérique de l’environnement médiatique. Mais il n’existe actuellement pas de législation de l’Union européenne sur les médias numériques. La Commission européenne a récemment invité toutes les parties intéressées à faire [jusqu’au 31 août 2013, ndlr] des remarques sur le livre vert (1) consacré à cette question. Donc, nous ne voulons pas le traiter maintenant, mais revenir sur la question à un stade ultérieur », a déclaré Karel De Gucht, le commissaire européen en charge du Commerce, à l’issue du compromis trouvé tard le soir du 14 juin par le Conseil de l’Union européenne réunissant les vingt-sept ministres du Commerce.

Négocier sans, mais discuter avec
Alors que la France se réjouissait aussitôt à l’unisson – de l’extrême-droite à toute la gauche, en passant par le gouvernement – de « l’exclusion des services audiovisuels
et culturels » de ces négociations historiques, Karel De Gucht a tenu à préciser :
« Laissez-moi être clair : il ne s’agit pas d’une exclusion (carve-out). Les services audiovisuels ne sont pas actuellement dans le mandat, mais celui-ci indique clairement que la Commission européenne a la possibilité de revenir par la suite devant le Conseil avec des directives de négociation supplémentaires sur la base d’une discussion avec nos partenaires américains ». Ce qu’a approuvé le 20 juin l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE et ancien président de la FCC, William Kennard : « Il n’est pas tout à fait exact de dire que c’est une exclusion complète, c’est plus une réserve ». De quoi faire déchanter les plus intransigeants de « l’exception culturelle », dont la France qui
a brandi jusqu’au bout son « droit de veto » avant le compromis trouvé après plus de douze heures de débats à Luxembourg. « Nous sommes prêts à discuter avec [les Etats-Unis] et à écouter leur avis sur cette question. C’est à ce moment-là que nous en viendrons à la conclusion de savoir si nous demandons des directives de négociation supplémentaires », a ajouté Karel De Gucht. Ce qui revient in fine à mettre tout sur la table, comme le souhaitait par exemple la Grande-Bretagne (2) ou comme l’a exprimé l’Italie. Les inquiétudes soulevées par ce compromis ont ensuite laissé place à la polémique déclenchée par le qualificatif de « réactionnaire » employé par José Manuel Barroso, président de la Commission, dans l’International Herald Tribune du 17 juin, pour désigner ceux qui veulent exclure les services audiovisuels des négociations.
« Cela s’inscrit dans le cadre d’une vision anti-mondialisation que je considère complètement réactionnaire », a-t-il lancé, provoquant l’ire de la France. Reste que les enjeux de la plus vaste zone de libre-échange au monde (40 % du commerce mondial) sont colossaux pour les services audiovisuels et les industries culturelles (musiques, films, séries télévisées, programmes, jeux vidéo, livres, etc). En discuter – voire à terme négocier – avec les Etats-Unis permettrait de parvenir à un rééquilibrage « culturel » en faveur du Vieux Continent. Car aujourd’hui, dans l’audiovisuel, les Etats-Unis exportent plus vers l’Europe qu’ils n’importent (3). Et à l’heure de l’Internet sans frontières et de la circulation numérique accrue des œuvres,  il serait surprenant que les services audiovisuels soient définitivement écartés de ces échanges commerciaux. Cela priverait la diversité culturelle européenne de nouvelles opportunités pour faire vraiment rayonner ses œuvres audiovisuelles outre-Atlantique, dans des conditions négociées, non discriminatoires et régulées (4). Ce « Buy Transtantic Act » serait aussi une chance pour les services émergents que sont les plates-formes de vidéo à la demande (VOD), de musique en ligne ou de jeux vidéo, mais aussi pour la télévision en ligne et tous autres services de médias audiovisuels à la demande (SMAd). Avancer
« l’exception culturelle » pour préserver en l’état des niveaux élevés de subventions,
des quotas de diffusion (5), ou encore d’obligations de financement, revient à se replier derrière une ligne Maginot culturelle intenable à l’heure d’Internet et de la mondialisation (6).

Confiance dans le négociateur européen
L’inflexibilité de la France a démontré un manque de confiance, comme l’a souligné
Marc Tessier, président du Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande (Sevad) et administrateur de Videofutur, lors des Assises de l’audiovisuel le 5 juin dernier : « Une
des raisons pour lesquelles nous avons cette position sur l’exception culturelle dans
les négociations de l’accord de libre-échange, c’est tout simplement que l’on n’ a pas confiance dans le négociateur européen. Cela fait des années que cela dure. Et pourtant, la plupart des solutions que l’on peut imaginer ne peuvent se concevoir que dans le cadre européen, aussi bien les codes des usages que les évolutions des règles de la concurrence, ou même des règles d’arbitrage en cas de différends ». L’auditoire l’a applaudit. @

Charles de Laubier

Timeline

21 juin
• Aurélie Filippetti, sur BFM TV/RMC, à propos de la redevance audiovisuelle : « Le [contribuable] pourrait déclarer s’il consomme de la télévision publique, quel que soit le support ».

20 juin
• La Cnil lance un ultimatum de 3 mois pour respecter loi française sur la protection des données, sous peine de sanction financière.
• La CDC et l’Acsel publient leur 3e baromètre sur la confiance des Français dans le numérique : elle baisse.
• Olivier Schramek (CSA), au colloque NPA Conseil : « Un fabricant de terminaux connectés ou un magasin d’applications mobiles jouent dans l’accès aux contenus et aux services un rôle crucial auquel la régulation ne peut rester indifférente ».
• Régis Ravanas (TF1), au colloque NPA Conseil : « [La France]
aurait intérêt à avoir une application du type Hulu, (…)au-delà des
chaînes d’un même groupe ».
• Apple, sur le prix des ebook : « Il n’y a pas d’entente par télépathie ; il n’y a pas l’ombre d’une preuve », plaide son avocat.
• Facebook ajoute la fonction vidéo à l’application photo Instagram.

19 juin
• Netflix annonce son lancement aux Pays-Bas d’ici fin 2013.
• Microsoft a négocié avec Nokia pour lui racheter ses mobiles, selon le WSJ.
• La Sacem a collecté 902,6 millions d’euros de droits d’auteur en 2012 (- 2 %), dont 20,5 millions issus d’Internet (+ 13 %).
• Libération adopte lors de son conseil d’administration une nouvelle organisation afin de « passer à la vitesse supérieur (…) vers une rédaction multi-support ».
• L’Avicca se félicite de la lettre de mission « Extinction du cuivre » confiée à Paul Champsaur : « L’heure de la retraite [de l’ADSL/VDSL2] approche » !
• TF1 organise VODays où GfK publie une étude sur le marché
français de la VOD : 217 millions d’euros attendus cette année (+ 17 % sur un an).
• Le Snep publie l’édition 2013 de « L’économie de la production musicale » : « Pour la première fois depuis 1999, le marché mondial de la musique enregistrée a, grâce au dynamisme des revenus en ligne, progressé de 0.2 % en 2012 ».
• France Télévisions transforme Culturebox.fr (lancé en 2008 par France 3) en portail dédié à la culture, après Francetvinfo, Francetvsport et francetveducation.

18 juin
• Allociné « va peut-être changer d’actionnaire dans les prochaines semaines » [passage supprimé depuis…], indique son DG Frédéric Krebs qui le groupe le 28 juin.
• ZenithOptimedia (Publicis) revoit encore à la baisse la croissance mondial du marché publicitaire : 3,5 % en 2013 (grâce à la e-pub), au lieu des 3,9 % et 4,1 % précédents.

17 juin
• Neelie Kroes : « Des entreprises [Apple, Google, Amazon, …] qui gagnent des milliards de dollars ne peuvent plus continuer à payer des clopinettes en impôts ».
• Le gouvernement annonce que le « Fonds Ambition Numérique » (FSN PME), géré par CDC Entreprises, est au capital de 14 sociétés.
• Apple reconnaît avoir vendu plus chers des ebooks sur iPad (de 12,99 à 14,99 dollars au lieu de 9,99 chez Amazon), mais réfute toute entente avec les éditeurs.
• David Assouline, sénateur PS, propose d’étendre la redevance télé aux nouveaux écrans (interview dans LeMonde.fr).
• Dreamworks annonce un accord de production exclusif avec Netflix.

15 juin
• Google lance « Ballon », une expérience de ballons stratosphériques pour accéder à Internet.

14 juin
• Steven Spielberg et George Lucas prédisent « une implosion ou une grosse fusion » de l’industrie du cinéma en raison de l’inflation des budgets et des nouveaux écrans.
• PC INpact révèle la première coupure d’accès à Internet (pour 15 jours) prononcée par un tribunal de Seine-Saint-Denis.
• Editis présente Ted, une tablette fabriquée par Unowhy pour l’école.

13 juin
• Google s’arroge 52,36 % de parts de marché mondiales de la m-pub qui totalise 8,8 Mds$ en 2012 (5,35 % pour Facebook et 1,57 % pour Tweeter), selon eMarketer.
• Videofutur a signé le 6 juin un accord avec la SACD, nous indique cette dernière, ainsi qu’avec l’ADAGP.
• Mediamétrie : plus de 9 mobinautes sur 10 (92,4 %) ont visité au moins un site sur mobile et 8 sur 10 (80,1 %) au moins une appli mobile.

12 juin
• AT&T (son CEO Randall Stephenson) est prêt pour le « toll-free data » qui permettra aux fournisseurs de contenus du Net de financer l’accès de l’internaute ou du mobinaute.
• Vodafone propose 7,2 Mds €pour racheter Kabel Deutschland, rapporte Reuters.
• Numericable, détenu par les fonds Cinven, Carlyle et Altice,
aurait mandaté Rothschild en vue de son introduction en Bourse, selon Reuters.
• MeltyNetwork devient MeltyGroup et s’allie à Lagardère Active et Banijay Group.

11 juin
• Google annonce avoir racheté Waze, spécialisé dans la cartographie, pour 1 Mds$.
• Mediamétrie compte 34,4 millions de vidéonautes uniques en avril 2013, soit presque 1 million de nouveaux adeptes en 6 mois.

10 juin
• Apple annonce le lancement cet automne de iTunes Radio.