Skyrock : cible publicitaire antenne-web en question

En fait. Le 30 avril, devait se tenir le concert « gratuit » organisé par le PDG-fondateur de Skyrock, Pierre Bellanger, pour mobiliser les auditeurs de la radio contre son éviction de la direction par l’actionnaire majoritaire, Axa Private Equity. Mais l’événement « Skyrock Liberté » est reporté au 28 mai.

En clair. Pour les 25 ans de Skyrock, qui a démarré ses émissions le 21 mars 1986 précisément, l’anniversaire ressemble plutôt à une guerre de tranchée. Le fonds d’investissement qui détient 70 % du capital de la société Nakama, la holding contrôlant
le groupe Skyrock depuis 2006, ne trouve pas la radio libre suffisamment rentable. Pourtant, l’audience de la station leader des moins de 25 ans caracole : selon Médiamétrie pour la période de janvier à mars 2011, Skyrock se maintient en 6e position avec 7,9 % d’audience cumulée (1) chaque semaine – correspondant à plus de 4,1 millions d’auditeurs. Skyrock a en outre cofondé en 2009 l’association Les Réseaux des Indépendants pour faire face aux groupes de radio privés réunis, eux, au sein du Bureau de la Radio (2). Quant au site web Skyrock.com, créé en 1998 et suivi en 2002 par le lancement de Skyblog.com, il affiche plus de 72,9 millions de visites durant le mois de mars 2011. La radio sur IP (3) profite de la fréquentation générée par plus de 33,6 millions de blogs (en témoigne les 4,5 milliards de commentaires accumulés !)
et par 24,8 millions de profils. Sans parler de plus de 1 million d’applications Skyrock téléchargées. Malgré cette aura, le chiffre d’affaires du groupe n’a pas dépassé les
32,7 millions d’euros en 2010 – soit une chute de 24 % sur un an – pour une perte nette qui s’élèverait à 5,6 millions (contre un léger bénéfice en 2009). C’est insatisfaisant pour un fonds d’investissement qui espère depuis cinq ans réaliser une confortable plus-value. Axa Private Equity, qui a nommé Marc Laufer (ex-NextRadioTV et ex-NRJ) nouveau directeur général, a donc mis en vente le groupe depuis le 13 avril. Mais il entend en tirer un bon prix en le rendant plus « présentable ». « L’actionnaire veut que Skyrock soit plus rentable. Donc avec moins de rap, plus de R’n’B [rhythm and blues], et un public moins jeune, de 25 à 49 ans. Une cible plus commerciale pour attirer les annonceurs », s’est inquiété Pierre Bellanger dans une interview au « Parisien » le
19 avril (4). Le lendemain, le Crédit Agricole annonçait le rachat de 30 % du capital de Skyrock à Axa Private Equity pour les apporter dans une nouvelle holding créée avec
le fondateur, déjà actionnaire de 30 % de «sa» radio. Axa est poussé vers la sortie. Et selon « La Tribune » du 26 avril, le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et France Télécom prendraient une participation dans l’activité Skyblog. @

Pourquoi la Commission européenne reste attentiste

En fait. Le 19 avril, la Commission européenne a publié une communication de sur la neutralité de l’Internet, mais sans décider quoi que ce soit. Pour l’heure, elle interroge jusqu’à l’été les patrons des télécoms et du Web – réunis en trois groupes de travail – sur le financement du très haut débit.

En clair. La commissaire européenne Neelie Kroes, en charge de la stratégie numérique, renvoie à plus tard toute mesure qui garantirait le principe de neutralité
de l’Internet, sans remettant pour l’instant à la transposition du Paquet télécom d’ici
au 25 mai (transparence, qualité de service, arbitrage, …) et au jeu de la concurrence qui devrait en découler (changement d’opérateur en un jour, …). Elle suggère aux opérateurs télécoms ou les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) d’informer – avant
la signature d’un contrat – les internautes « de la nature exacte du service auquel ils s’abonnent, y compris des techniques de gestion du trafic et de leur incidence sur la qualité du service ainsi que de toute autre restriction (par exemple, capacités maximales de bande passante ou vitesse de connexion disponible) ». Pour Neelie Kroes, qui anime trois groupes de travail de «CEO» (investissement très haut débit, interopérabilité et financement du Net) dont une ce 2 mai (1), il est donc urgent d’attendre – que les nouvelles directives « Cadre » et « Accès » soient appliquées. L’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE) est chargé d’effectuer « un examen approfondi des questions à prendre en compte en vue de garantir un Internet ouvert et neutre, et notamment les entraves au changement d’opérateur, le blocage ou la limitation du trafic Internet ». Mais les résultats ne seront rendus qu’à la fin de l’année. Pourtant l’ORECE a déjà identifié des problèmes tels que « la limitation de vitesse (“throttling“) du peer-to-peer (P2P) pour le partage de fichiers ou le streaming vidéo » – observée notamment en France (2). Lorsque ce n’est pas des blocages ou des surtaxes (voix sur Internet, …). Bien que la Commission européenne assure qu’elle « veillera » au grain, sa position et son rapport a minima déçoit. Catherine Trautmann, l’eurodéputé française qui fut rapporteur du Paquet télécom
en 2009 (3), a accueilli « avec une grande circonspection » cette communication
qui « marque un renoncement de Mme Neelie Kroes » par rapport à son audition du
14 janvier 2010 par le Parlement européen. L’ancienne commissaire à la Concurrence avait en effet déclaré : « [Les FAI] ne devraient pas être autorisés à limiter l’accès au service ou le contenu pour des motivations commerciales, mais seulement en cas de problèmes de sécurité et de spam » (lire EM@6, p. 6). Faute de lignes directrices claires (lire EM@23, p. 8), les règles nationales autour de la neutralité du Net risquent de constituer un patchwork européen. @

Eric Garandeau, président du CNC : « Les plateformes de VàD doivent s’enrichir et les FAI les référencer »

A la tête du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) depuis le 1er janvier, Eric Garandeau considère qu’« Internet est devenu un média audiovisuel ». Il explique à Edition Multimédi@ ce que cela implique pour les diffuseurs et les créateurs en termes de contributions et de soutiens financiers.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Une mission interministérielle
sur la contribution des opérateurs télécoms au Cosip (150 millions d’euros en 2010) devrait rendre ses conclusions fin avril : pourquoi cette mission ?
Eric Garandeau :
Suite à la modification du taux de TVA sur les offres composites, en loi de Finances 2011, il est apparu nécessaire de revoir la contribution des FAI au fonds de soutien du CNC. En particulier, un opérateur [Free, ndlr] a tenté de réduire sa contribution au fonds de soutien cinéma audiovisuel et multimédia en isolant et en réduisant la valeur de l’audiovisuel, alors même qu’il occupe une part croissante des offres triple et quadruple play. Internet est devenu un média audiovisuel. Il est donc légitime que tous ceux qui font directement ou indirectement commerce de la diffusion d’images contribuent à leur financement. La mission conjointe de l’Inspection générale des Finances et de l’Inspection générale des Affaires culturelles va formuler des propositions en ce sens qui permettront d’éclairer les futures décisions des pouvoirs publics. Il est certain que les opérateurs télécoms, comme toutes les entreprises qui distribuent des services de télévision, contribueront à juste proportion de leur chiffre d’affaires : si leur chiffre d’affaires est en croissance, nul ne s’en plaindra, a fortiori si cela permet de mieux financer des œuvres de qualité (1).

Opérateurs : l’ère des géants

Assis à mon bureau, j’ouvre comme chaque matin le courrier de la nuit d’un ordre vocal bref. Le premier message de la liste, déjà triée par genre, est ma facture mensuelle de communication. L’entête du courriel, au nom de Google Network, me surprend… Aurais-je changé mon abonnement pour choisir un opérateur d’un genre nouveau ? La sonnerie de réveil de mon téléphone, en déchirant les derniers lambeaux de mon rêve, m’apporte une réponse définitive à cette question. Cet épisode singulier me ramène pensif, dix ans en arrière, à une époque où des débats houleux animaient les conférences internationales des acteurs-clés de la filière des télécoms, d’où émergeaient des termes souvent ésotériques pour le commun des utilisateurs : réseaux hybrides, spectre, capex, neutralité, services managés, over-the-top, … De manière plus prosaïque, cela revient à dire que les opérateurs télécoms devaient faire face à des enjeux colossaux : mettre en place parallèlement les réseaux fixes de fibre optique et les réseaux mobiles de 4e génération, assurer la diffusion d’un ensemble de services et de terminaux de plus en plus nombreux et complexes, tout en déployant
des stratégies internationales ambitieuses. Comment s’étonner dès lors que les plus puissants d’entre eux ont rassemblé leurs forces, poursuivant une course à une taille critique sans cesse croissante. Comme s’ils s’abandonnaient à une force centrifuge les poussant sans cesse à la concentration.

« Je viens de souscrire auprès de ma banque habituelle, chef de file d’une de ces nouvelles alliances, la dernière offre septuple-play »

Comment Facebook se lance sur le marché de la VOD

En fait. Le 27 mars, la filiale de distribution numérique de Time Warner, Warner Bros. Digital Distribution, a annoncé qu’elle portait à cinq le nombre des films disponible en VOD payante sur le réseau social Facebook. Et ce, après un test
qui a démarré le 8 mars avec « The Dark Knight ».

En clair. Facebook s’apprête à bousculer le monde de la vidéo à la demande (VOD)
en proposant depuis le mois de mars – aux Etats-Unis pour l’instant pour des questions de droits – des films issus du catalogue de Warner Bros. « A ce stade, il n’y a pas de projets internationaux », indique à EM@ une porte-parole américaine de Warner Bros., Deborah Lincoln. Après un premier test commencé le 8 mars avec une nouvelle aventure de Batman, « The Dark Knight » (1), cinq autres films sont à leur tour mis en ligne (2) depuis le 27 mars. Toujours en phase de test, ce service de VOD permet aux millions d’internautes américainss de visionner un film durant 48 heures après l’acquisition en ligne, moyennant 30 à 40 « Facebook Credits ». Il s’agit de la monnaie virtuelle utilisée par les « amis » du réseau social, notamment pour les jeux en ligne, sachant que l’on peut acheter 15 Credits pour 1,50 dollars. Il suffit ensuite de cliquer sur «Watch Now » pour voir le film choisi. « Rendre disponible nos films à travers Facebook offre aux consommateurs un moyen simple et pratique d’y accéder et de les appré-
cier », s’est félicité Thomas Gewecke, président de Warner Bros. Digital Distribution.
Le studio hollywoodien compte aussi sur les boutons de recommandation « J’aime » de Facebook pour faire jouer le bouche à oreille en ligne. De quoi inquiéter les spécialistes outre-Atlantique de la VOD tels que Netflix ou Hulu. Ce dernier, créé par News Corp, NBC Universal et Disney, était justement en négociation avec la maison mère Time Warner depuis l’été dernier. Facebook pourrait aussi faire de l’ombre à l’iTunes Store, bien qu’Apple soit dans ce domaine en avance avec un catalogue en ligne de 10.000 films, et devancer YouTube et Dailymotion tentés eux aussi par les longs métrages (EM@32, p. 4). Pour l’heure, le réseau social de Mark Zuckerberg est déjà crédité
par la société de mesure d’audience ComScore de plus de 46,6 millions de visiteurs uniques sur des contenus vidéos sur le mois de février 2011 aux Etats-Unis. Ce qui le place en cinquième position derrière Google, Vevo, Microsoft et Yahoo, mais devant Viacom Digital (MTV), AOL, Turner Digital, Hulu et NBC Universal. A noter qu’en France, Arte a annoncé le lancement – prévu pour le 18 avril prochain – d’une
« webfiction » destinée à être diffusée exclusivement sur Facebook et coproduite
avec la société française Zadig Production. @