GeowebTrotter

Avec l’été, c’est le temps des grandes migrations qui revient pour certains d’entre nous, avec un nouvel intérêt pour
la géographie. Plus prosaïquement, c’est le temps de l’organisation de voyages à l’aide des ressources phénoménales que mettent à la disposition du plus grand nombre les avancés conjuguées de la Néogéographie et
du Geoweb. Inauguré par le développement rapide des systèmes d’information géographique (SIG) au début des années 80, puis rapidement portées sur Internet, le Geoweb naquit véritablement en 2005, au moment du lancement de Google Maps. La recette de Marcel Gotlib, pour plier une carte en une seule fois, devint inutile. Et c’est le lancement la même année de Google Earth qui a illuminé nos écrans en ouvrant une fenêtre magique, non pas sur le monde, mais sur notre planète bleue : nous pouvions presque la tenir dans notre main, jouer avec, zoomer à s’en donner le vertige, aller en un clic de chez soi aux pyramides, de la cité interdite à la maison séculaire de nos grands-parents. Comment ne pas penser à l’émerveillement d’un Christophe Colomb qui aurait trouvé sa route des Indes en trois clics ? Nous étions tous changés en astronaute de chambre, en démiurge de salon jouant avec le monde ! Mais la puissance de ses applications géographiques d’un nouveau genre réside désormais dans le flot d’applications composites, ou mashups, qui surgissent sans cesse.

« Le Geoweb 3.0, en alliant les fonctionnalités de l’Internet mobile, du web sémantique, des réseaux sociaux, du “Web data”, de la 3D et de l’Internet des objets, a encore amplifié le phénomène ».

Comment « Le Monde Libre » veut sauver Le Monde

En fait. Le 28 juin, le conseil de surveillance du Monde SA (LMSA) et le conseil
du Monde et Partenaires associés (LMPA) ont voté (respectivement 13 pour/5 abstentions et 11 pour/9 abstentions) en faveur de l’offre Pigasse-Bergé-Niel, assortie d’un investissement dans le groupe Le Monde de 110 millions d’euros.

En clair. Le Monde ne déposera pas son bilan cet été, le trio formé par Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel ayant débloqué, début juillet, 10 millions d’euros pour éviter au quotidien d’être en cessation de paiement. D’ici fin septembre, leur nouvelle société « Le Monde Libre » (1) devrait détenir 64,6 % du Monde SA pour un investissement « initial » d’investissement de 110 millions d’euros (2). Et ce,
« hors valorisation de la participation de Lagardère dans Le Monde Interactive »,
filiale Internet du groupe. Alors que les négociations exclusives vont se poursuivent jusqu’à fin septembre, la grande question est de savoir comment sortir Le Monde de l’ornière du déficit où il est tombé depuis dix ans. En 2009, le groupe de presse a perdu
25 millions d’euros en 2009, pour un chiffre d’affaires de 390 millions et une diffusion en baisse à 318.805 exemplaires en moyenne sur l’année, sans parler de son endettement total de 94 millions d’euros.
Si la concurrence de l’Internet est une des causes de cette érosion du papier, l’ironie de l’histoire est que l’avenir du journal passe par le numérique. Or Lagardère possède 34% de la filiale Le Monde Interactive. Arnaud Lagardère ne serait plus vendeur de sa participation. Du côté du trio repreneur, Xavier Niel – milliardaire fondateur du fournisseur d’accès à Internet Free – reste discret sur ses intentions vis à vis des 37 % de Lagardère dans Le Monde Interactive, que l’extrio concurrent Perdriel-Orange-Prisa étaient prêt à racheter 33 millions d’euros. Dans leur courrier du 2 juin adressé au président du directoire du Monde, Louis Schweitzer, le trio avait effleuré le sujet en se contentant de parler de « conquête de nouveaux territoires, physiques ou virtuels »,
« d’information en ligne » et de « nouveaux supports ». Le document « strictement confidentiel » du 21 juin détaillant le « Projet World » est plus disert sur la question.
« Le développement accéléré du Net et des supports numériques offre une immense opportunité aux médias qui savent produire des contenus de qualité. Le groupe Le Monde doit se repenser dans cet univers où ces nouveaux médias deviennent progressivement la première source d’information de ses lecteurs », expliquent Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Quant au papier, à leurs yeux, il « restera un élément central du paysage de l’information ». @

Orange va investir aussi dans le livre numérique

En fait. Le 5 juillet, Stéphane Richard, directeur général de France Télécom,
a présenté son plan « Conquêtes 2015 » et clarifié ses ambitions dans les contenus, dont Orange ne sera plus producteur. Des partenariats « avec prises de participation minoritaire » sont envisagés, jusque dans le livre numérique.

En clair. S’il y a bien un domaine qui reste à investir pour France Télécom, c’est bien
le marché de l’e-book et des liseuses. Interrogé en marge de la présentation de son
plan à cinq ans, Stéphane Richard a précisé à Edition Multimédi@ être intéressé à se développer dans le livre dématérialisé : « Nous allons aller dans le livre numérique,
nous regardons des opportunités de partenariat », a-t-il indiqué. Et la présence de l’ancienne ministre de la Culture et de la communication Christine Albanel, directrice de
la communication et du mécénat d’Orange depuis avril, en charge de la stratégie dans
les contenus (1) (*) (**), pourrait l’aider à trouver un partenaire dans le monde du livre. D’autant que cette dernière est l’auteur du rapport intitulé « Pour un livre numérique créateur de valeurs » et remis au Premier ministre en avril dernier.
Conformément à sa nouvelle stratégie de partenariat dans les contenus et si l’occasion
se présente, Orange pourrait prendre une participation minoritaire « à dimension technologique ». Le marché du livre numérique est un marché à fort potentiel, déjà occupé par Amazon (Kindle), Apple (iPad) et Sony (eReader). Stéphane Richard avait déjà indiqué que les boutiques Orange pourraient commencer à commercialiser à l’automne prochain la tablette multimédia de la marque à la pomme. C’est dire qu’un partenariat dans le livre numérique avant ce lancement serait le bienvenu. Deux forfaits bloqués 3G pour l’iPad sont déjà prêts. Mais France Télécom a aussi sa propre tablette qui, lancée fin 2009, est moins connue : le Tabbee. Celle-ci fait un peu pâle figure comparée à l’iPad, mais présente des fonctionnalités similaires (connexion, baladeur,
1 Go, …). Cependant, bien que Tabbee soit multi-usage (Internet, radio, télévision presse ou cadre-photo), force est de constater que le livre numérique y est absent. Pour l’heure, France Télécom est plus parrain du livre qu’investisseur dans l’e-book.
En juin dernier, a été remis le Prix Orange du Livre 2010 par Christine Albanel, dans
le cadre de la seconde édition annuelle de cette sélection (2). Par ailleurs, Orange a donné à Bourg-en-Bresse (Cap3B) un coup de pouce à une « première bande dessinée multimédia interactive », conçue par Zanimôme. Des flashcodes peuvent y être scannés par les smartphones pour accéder à des vidéos touristiques. L’hyperlivre a aussi son mot à dire avec Orange. @

Contrefaçon : le cinéma veut se passer de l’Hadopi

En fait. Le 28 juin, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) a expliqué lors d’un « point d’étape » qu’elle sera opérationnelle « dans les prochains jours ». Les ayants droits de la musique peuvent la saisir de cas de piratage. Quant au cinéma…

En clair. Selon nos informations, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa) – qui a eu fin juin l’aval de la CNIL (1) pour utiliser les radars de la société TMG
(2) – envisage directement des actions judiciaires au pénal ou au civil, sans forcément passer par l’Hadopi. Les ayants droits de l’audiovisuel et du cinéma veulent saisir eux-mêmes la justice sur le terrain de la contrefaçon, laquelle est passible de trois ans de prison et de 300.000 euros d’amendes pour violation de la propriété intellectuelle. Alors que l’Hadopi a une action limitée au manquement à l’obligation – stipulée dans la loi
« Création & Internet » – de surveillance de son accès à Internet. L’abonné incriminé risque, si la Commission de protection des droits (CPD) de l’Hadopi transmet son dossier au juge, une contravention de 1.000 euros ou 3.000 en cas de récidive (montants multipliés par cinq pour les personnes morales) et une coupure d’accès au réseau d’un mois maximum. L’Alpa entend pouvoir envoyer directement devant le juge d’importants contrefacteurs ou des organisations professionnelles. Contactée par Edition Multimédi@, l’Alpa n’a pas répondu. L’association présidée par Nicolas Seydoux (patron de Gaumont) a prévu de « flasher » quotidiennement 25.000 adresses IP sur les réseaux peer-to-peer au regard d’un catalogue de 100 films, séries et documentaires, renouvelé régulièrement. De leur côté, les quatre sociétés de droits d’auteur de la musique – SCPP, SPPF, Sacem et SDRM – vont aussi collecter jusqu’à 25.000 adresses IP mais par rapport à un catalogue de 10.000 titres. Même si les ayants droits de la musique peuvent aussi saisir directement la justice, et indépendamment du fait que la Sacem et sa SDRM sont aussi membres de l’Alpa (3), la filière musicale est plus disposée à passer par les fourches caudines de l’Hadopi.
« La voie de la procédure directe au pénal ou au civil peut être intéressante pour les gros contrefacteurs ou ceux qui diffusent la première fois des œuvres non encore publiées officiellement. Ou pour des entreprises ou autres personnes morales, pour lesquelles l’Hadopi n’est pas bien adaptée. Toutefois, un juge saisi d’une plainte directe des ayants droits, pourrait interroger l’Hadopi pour savoir si l’abonné concerné a déjà reçu une mise en garde », nous explique Marc Guez, directeur général de la SCPP. Les procédures judiciaires pour contrefaçon sont en tout cas plus longues (jusqu’à trois ans) et plus coûteuses. @

Le CFC fédère la presse autour d’une e-plateforme

En fait. Le 17 juin, le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC)
a présenté aux éditeurs de presse son bilan 2009 dans la perception des
droits numérique d’articles (7,6 millions d’euros, soit + 38 %) et son projet de
plateforme en ligne adossée à celle de son homologue britannique, la NLA.

En clair. Le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) en a rêvé ; le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) va le faire ! Une plateforme numérique pour les éditeurs de la presse va être testée en France à partir de septembre prochain. Objectif pour le CFC, unique société de gestion collective de la presse et du livre agréée par le ministère de la Culture et de la Communication : standardiser et distribuer les contenus numérisés des journaux (1) aux différents prestataires de services de panorama de presse, de coupures et de reproductions d’articles de presse dites press clippings (Argus de la presse, Kantar Média/TNS, Press Index, Médiacompil, …).
D’ici le début de l’année prochaine, le CFC proposera en ligne à ces intermédiaires professionnels, qui eux-mêmes diffuseront auprès de leurs entreprises ou administrations clientes, les articles numériques autorisés par les 260 éditeurs (pour 1.500 publications françaises). A condition que ces derniers aient signé – avant le 1er octobre 2010 – un avant à leur contrat mandatant le CFC. Cet avenant, qui leur sera envoyés fin juin, prévoit aussi une nouvelle grille tarifaire. « Nous avons finalement décidé de nous adosser à la technologie au britannique NLA Newspaper Licensing Agency) qui a déjà développé sa plateforme numérique [eClips, ndlr]. Ce qui nous permettra de mutualiser nos coûts et de faire des économies d’échelle. Un pilote sera testé à l’automne prochain et, si nous sommes satisfait du test, la plateforme sera ouverte à partir du 1er janvier 2011 », a expliqué Philippe Masseron, directeur général adjoint du CFC, lors d’une rencontre avec les éditeurs. En marge de son intervention,
il a indiqué à Edition Multimédi@ que le CFC était par ailleurs « en discussion avec
le Geste » qui souhaite également fédérer ses membres de la presse en ligne
(Le Figaro, Le Monde Interactive, Libération, etc) autour d’une plateforme commune.
Le Geste souhaite leur permettrait de distribuer non seulement leurs articles directement aux clients mais aussi « via le CFC (2), via des opérateurs mobiles ou Internet, et surtout via leurs propres sites [web] » (3) (*) (**). Pour Philippe Masseron,
« rien n’est arrêté avec le Geste, dont le président Philippe Jannet est aussi membre
du comité du CFC et nous en discutons ». Il n’exclut rien comme « adossement ou partenariat », la plateforme du CFC pouvant instaurer une relation de « back office »
vis à vis du projet de plateforme du Geste. @