Contenus en ligne : à chacun sa plateforme unique

En fait. Le 27 janvier, dans son courrier adressé au ministre de la Culture et de
la Communication, l’Association des producteurs de cinéma (APC) évoque l’idée d’une « plateforme technique commune » à l’ensemble des producteurs de films.
Le livre, la musique et la presse y travaillent aussi.

En clair. Les projets de plateformes numérique communes se multiplient. Chaque industrie culturelles veut offrir un guichet unique, que cela soit vis-à-vis des professionnels de sa filière (maisons de livres et librairies, par exemple) ou des consommateurs. Après le livre, la musique et la presse, c’est au tour du cinéma d’y songer. « Envisagé pour le secteur du livre, le financement d’une plateforme technique commune à l’ensemble des producteurs cinématographiques pour le stockage et de livraison des films aux plateformes de vidéo à la demande, ainsi que pour l’information sur les œuvres et les usages, serait également très utile pour le secteur du cinéma », écrit le président de l’Association des producteurs de cinéma (APC), Eric Altmayer, au ministre Frédéric Mitterrand. A noter que le CNC (1) a annoncé, le 13 janvier, soutenir trois projets de sites de référencement des offres légales de films présentés par Allociné, VodKaster et Voirunfilm. Pour le livre, le rapport de la mission Zelnik estime
« indispensable que les éditeurs s’organisent pour constituer une plateforme unique, sur laquelle chaque éditeur puisse déposer son offre à l’attention des libraires ». Il s’agirait d’un groupement d’intérêt économique (GIE). Le livre numérique est en effet le plus avancé dans la réflexion de plateforme B to B, depuis que le 30 septembre dernier, au Centre national du livre (lire EM@1 p. 4), le ministre de la Culture et de la Communication a demandé aux maisons d’édition françaises de se mettre ensemble sur une plateforme unique. Pour l’heure, les maisons d’édition partent en ordre
dispersé : Hachette gère sa plateforme Numilog, Editis a son E-Plateforme avec Média Participations, l’Harmattan a lancé L’Harmathèque, et le trio Flammarion-Gallimard-La Martinière ont leur Eden Livres (2). De son côté, la musique est invitée par le rapport Zelnik à créer un portail de référencement des œuvres musicales disponibles en ligne que les pouvoirs publics subventionneraient. Les éditeurs de services en lignes
– notamment la presse – ne sont pas en reste : au sein du Groupement des éditeurs
de services en ligne (Geste), ils mènent une réflexion pour créer leur propre plateforme commune (lire EM@3 p. 4) afin de « distribuer » leurs contenus « directement » à leurs clients « sur divers terminaux, via le CFC, via des opérateurs mobiles ou Internet ». @

Les producteurs de cinéma en appellent à Sarkozy

En fait. Le 1er février, l’Association des producteurs de cinéma (APC) a
adressé un courrier au chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, pour lui faire part
de ses observations à la suite du rapport Zelnik et de ses préoccupations
sur le financement ou l’exposition des films français.

En clair. Après avoir déjà écrit le 27 janvier au ministre de la Culture et de la Communication pour lui faire des observations sur le rapport Zelnik, et après avoir
– avec le SPI (1) – alerté le 18 janvier les pouvoirs public « sur la situation particulièrement préoccupante de la production cinématographique française (…)
pour l’année 2009 » et sur « des perspectives qui se dégradent pour l’année 2010 », l’Association des producteurs de cinéma (APC) s’adresse cette fois directement au président de la République. Selon nos informations, l’organisation professionnelle
a adressé à Nicolas Sarkozy un courrier – daté du 1er février – pour exprimer ses inquiétudes et demander une réflexion sur les obligations de financement des films français. Et ce, au moment où le ministère de la Culture finalise les décrets sur les services de médias audiovisuels à la demande (SMAd) qui prévoient notamment d’élargir aux services « non linéaires » les contributions pour le Compte de soutien
à l’industrie des programmes (Cosip). Par la voix de son président, Eric Altmayer,
les 120 sociétés de production membres de l’APC ont déjà réitéré auprès de Frédéric Mitterrand (2) leur demande à ce que les fabricants de « terminaux interactifs de réception » contribuent eux-aussi à la « promotion de la diversité des contenus
et (…) des œuvres européennes ». Autrement dit : que les fabricants (ou leurs importateurs) de téléviseurs connectés aient une obligation d’investir dans le cinéma. Motif : les écrans de télévision permettent – à partir de widgets – d’accéder à des offres de vidéo à la demande (VOD). L’APC veut en outre que les SMAd soient tenus à « des obligations d’exposition des films européens et d’expression originale française ». Sont concernés : les plateformes de VOD, la TV de rattrapage, et leurs distributeurs que sont les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), sans oublier les guides électroniques de programmes. Sur la chronologie des médias, l’APC n’est pas hostile à ce que la VOD par abonnement soit ramenée à 22 mois, voire à 10 mois, pour peu que ces services soient soumis à des obligations de financement. « Nous demandons (…) que soit entamée avec votre ministère et le CNC (3) la nécessaire réflexion quant aux modalités de perception et de redistribution de ces obligations », écrit Eric Altmayer. @

Nouvelle chronologie des médias : premiers effets

En fait. Le 18 janvier, le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN) s’est félicité que les ventes en France de DVD et de disque optique haute définition Blu-ray ont – pour la première fois depuis quatre ans – enregistré en 2009 une croissance de 0,5 % en valeur, à 1,38 milliard d’euros.

En clair. La nouvelle chronologie des médias issue de l’accord du 6 juillet dernier et officialisée par l’arrêté du 9 juillet (1) vient de produire ses premiers effets. Elle avait ramené à quatre mois le délai de diffusion d’un film entre sa sortie en salle de cinéma et
sa distribution en vidéo physique (DVD, Blu-ray) ou sa diffusion en vidéo à la demande (VOD). Cette dernière ne bénéficiait pas auparavant d’un alignement sur la « fenêtre »
du DVD, lequel était alors encore à six mois après la sortie du film en salle. Résultat :
les ventes de disques optiques cinématographiques ont repris des couleurs, notamment des fêtes de fin d’année, où les succès de l’été dernier, comme « L’Age de Glace 3 », ont pu parvenir à temps dans les bacs.
Selon les premiers chiffres de l’institut d’études GfK – commentés par le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), qui n’avait pourtant pas été signataire de l’accord
du 6 juillet –, les ventes en France de DVD et Blu-ray ont progressé de 0,5% en valeur, à 1,38 milliard d’euros l’an dernier (contre -8 % en 2008), et de 12 % en volume, à 94 millions d’unités écoulées (dont 4,5 millions de Blu-ray). Toujours en 2009, il s’est vendu 280.000 lecteurs de Blu-ray (2). On est loin des 2 milliards d’euros frôlés il y a cinq ans, mais il s’agit tout de même de la première croissance après quatre ans de déclin. Toujours grâce à la chronologie des médias raccourcie, la VOD est elle aussi en progression – bien que partant de plus bas – avec un chiffre d’affaires dépassant, en 2009, les 80 millions d’euros (soit un bond sur un an de 51 %). Au passage, se profile une bataille entre les films en ligne et les films optiques.
Si le SEVN parle de « coup d’arrêt à la baisse du marché », il prévient néanmoins que
« cette stabilisation du marché ne pourra néanmoins être maintenue en 2010 que si les actions promises dans la lutte contre le téléchargement illégal [Hadopi, ndlr] sont effectivement mises en place ». La réduction des fenêtres de diffusion des films après leur sortie en salle a-t-elle limité la tentation au piratage sur Internet des internautes cinéphiles impatients ? Selon le syndicat, cela y contribue. Mais des voix s’élèvent pour dire que les quatre mois paraissent encore trop long. Faut-il aller plus loin et, comme le suggérait le producteur de films Luc Besson, pousser jusqu’à une simultanéité entre salle et Internet (voir EM@ n°4, p. 8 et 9), voire DVD/Blu-ray ? Poser la question, c’est déjà envisager la faisabilité… @

Accord Canal+ : le Blic ne fait pas bloc avec le Bloc

En fait. Le 21 décembre 2009, le Bureau de liaison des industries cinématographiques (Blic) a fait part de sa colère après la signature, sans lui,
d’un accord entre les producteurs ou réalisateurs indépendants de films (Bloc, UPF, ARP) et Canal+, le premier pourvoyeur de fonds du Septième Art français.

En clair. L’accord du 18 décembre 2009 entre la chaîne cryptée et une partie du cinéma français va laisser des traces entre les « gros » du Blic (Bureau de liaison
des industries cinématographiques) et les « petits » du Bloc (Bureau de liaison des organisations du cinéma). La filiale TV du groupe Vivendi, premier pourvoyeur de fonds du Septième art français avec plus de 150 millions d’euros investis chaque année, a semé la zizanie entre les différentes organisations de cette industrie culturelle. Si les producteurs de films français (notamment indépendants) réunis au sein du Bloc, de l’UPF et de l’ARP s’en tirent à bon compte – relèvement de la contribution de Canal+
de 9 % à 10% en y intégrant les droits de « catch up TV » sur sept jours et la prime au succès (1) –, il n’en va pas de même du côté du Blic. En effet, ses membres, que sont les salles de cinéma (FNCF), les distributeurs de films (FNDF), des producteurs de cinéma (API), parmi lesquels Pathé, Gaumont, UGC ou encore MK2, ainsi que les industries techniques (FICAM) et les éditeurs de vidéo (SEVN), n’ont pas signé l’accord. Car Canal+ ne financera plus la distribution des films (6,5 millions d’euros) et les exploitants de salles (13,5 millions d’euros). En revanche, la chaîne cryptée crée une fondation d’entreprise « dont l’objet sera notamment d’apporter une aide à l’exploitation et à la distribution indépendantes ».
Le PDG de Canal+, Bertrand Méheut, explique que les exploitants et les distributeurs ont « moins besoin » de son financement (2) et qu’il investira 7 millions d’euros la première année en ciblant sur « les plus fragiles » (notamment en zone rurale). Selon Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), la chaîne du cinéma « met [ainsi] fin à une politique qui avait,
au bénéfice des plus forts, vidé de son sens et de sa pertinence la généreuse idée d’André Rousselet [fondateur de Canal+] de soutien aux maillons les plus faibles du cinéma français, la petite et la moyenne exploitation et la distribution indépendante ». Ce recadrage n’est pas du goût du Blic qui a fait part de sa « stupéfaction » et de son
« immense déception », dénonçant « la démarche de Canal+ visant à mettre fin au partenariat historique qui liait la chaîne cryptée à l’ensemble des métiers de la filière cinématographique ». Et d’ « appeler les responsables de Canal+ à reprendre au plus vite les discussions en vue du renouvellement de l’accord global ». @

Vidéo : Hulu s’apprête à débarquer en Europe

En fait. Le 22 décembre 2009, Warner Music Group (WMG) – deuxième maison de disques américaine – a signé un accord avec le site américain Hulu de vidéo sur Internet, lequel avait noué un mois plus tôt un partenariat avec EMI Music.
Au programme : clips, concerts et interviews.

En clair. Il ne reste plus à Hulu qu’à se déployer au-delà des Etats-Unis pour en faire profiter tous les internautes de la planète ! Ce que ce site de vidéo en ligne s’apprête
à faire cette année, moins de deux ans après sa création – en mars 2007 – par Fox (News corp), ABC (Walt Disney), NBC Universal (General Electric/Comcast) et Providence Equity Partners. « Nous avons l’intention de rendre, à l’avenir, Hulu accessible partout dans le monde. Pour cela, nous travaillons à acquérir des droits et licences dans chaque zone géographique. Ce qui prend du temps. Mais de plus en plus de fournisseurs sont décidés à donner à leurs programmes une plus large audience », indique à EM@ Brandon Boone, porte-parole de la société basée à Los Angeles. La Grande-Bretagne serait le premier pays de conquête : le groupe audiovisuel britannique ITV pourrait en effet rejoindre la plateforme de catch up TV américaine. En France, TF1, M6 et Canal+ (1) réfléchissent depuis l’an dernier aux « dangers » de l’arrivée
de Hulu et à lancer une plateforme commune de télévision de rattrapage. Pour l’heure, seuls les internautes connectés des Etats-Unis peuvent y avoir accès (2). Au-delà des films et séries issus des grandes chaînes américaines, proposés gratuitement en
« catch up TV », Hulu élargit ainsi aux vidéoclips, aux concerts enregistrés et aux interviews d’artistes sa plateforme. En l’espace d’un mois, les majors du disques EMI Music et Warner Music Group (WMG) ont signé un accord aux Etats- Unis avec ce concurrent de Youtube, la filiale de partage vidéo de Google. « Nous développons notre stratégie de vidéos financées par la publicité pour fournir aux artistes une approche plus souple afin de promouvoir et vendre leur musique », a indiqué le vice-président de WMG, Michael Nash. Contrairement à Youtude ou Dailymotion, Hulu est uniquement alimenté par les détenteurs des droits sur les œuvres qu’ils diffusent. Hulu revendique 1.700 œuvres audiovisuelles à son catalogue et prévoyait d’atteindre les 100 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2009. Des revenus équivalents à son concurrent Youtube, lequel affiche néanmoins une part de marché de vidéo vues de 37,7 % (aux Etats-Unis à octobre 2009, selon Comscore) contre seulement 3,1% pour Hulu. Le partage de la valeur se fait sur la base des recettes publicitaires générées par la télévision en ligne. Le marché du « premium video » est en forte croissance. Les vidéos de Hulu sont aussi sur AOL, MSN, MSN ou encore Yahoo. @