Les opérateurs mobiles français ont mal à leur ARPU

En fait. Le 18 septembre, le cabinet d’audit et de conseil Deloitte a dévoilé une partie des résultats de son enquête – menée en ligne auprès de 2.000 internautes
et mobinautes en France – sur leur multi-équipement avéré en mobiles et tablettes. Mais les dépenses en contenus et services ne suivent pas…

En clair. « La valeur de la base clients des opérateurs mobile s’effondre. Le revenu moyen mensuel par abonné – l’ARPU (1) – baisse et la tendance n’est pas prête de s’inverser », prévient Alexandre Buselli, associé chez Deloitte Conseil, en marge de
la présentation de la seconde édition de l’enquête annuelle sur l’équipement mobile des Français. En effet, 62 % des détenteurs d’un mobile et 58 % d’une tablette disent ne
rien dépenser en applications : 0 euro par mois ! Les autres n’y accordent que de faibles montants par mois : 9 % des mobinautes leur consacrent mensuellement entre 0,01 et 4,99 euros, tandis que 7 % des « tablonautes » vont jusqu’à payer 10 à 19,99 euros
par mois.
« Les consommateurs ont du mal à dépenser pour les applications. Le marché est encore immature mais il progresse », constate Ariane Bucaille, associée chez Deloitte, en charge des industries TMT (2). « Je ne veux pas dépenser de l’argent pour des applications », est la raison première de l’absence de téléchargement d’applis (43 % des mobinautes et 31 % des « tablonautes »). Il en va de même pour les abonnements : 77 % des sondés déclarent ne pas être abonnés à des services de média en ligne, seuls 17 % le sont sur mobile et 4 % sur tablette. Les jeux en ligne arrivent en tête des abonnements (23 %), suivis de la musique en streaming (22 %), des journaux en ligne (22 %), des magazines en ligne (18 %), ou encore de la vidéo en streaming (3) (17 %).
Ce que n’a pas rendu public Deloitte est réservé aux opérateurs mobiles et aux fabricants de terminaux. « L’un des trois opérateurs mobiles en place [Orange, SFR et Bouygues Telecom, ndlr] a le plus souffert de l’arrivée de Free Mobile en début de l’année [en l’occurrence SFR, ndlr] car il n’a pas su anticiper l’impact du quatrième opérateur mobile », a expliqué Alexandre Buselli. Free Mobile leur a fait perdre des centaines de milliers de clients. Quant aux MVNO (4), ils ne sont pas pris en compte dans l’étude Deloitte. « Les MVNO se positionnent sur des marchés de niche – mis à part les semi généralistes tels que Virgin Mobile et NRJ Mobile – et représentent encore une faible part du marché mobile en France mais ils sont parmi les plus impactés par Free Mobile ». Il faut dire que Deloitte veut éviter les conflits d’intérêt puisque l’autre activité du groupe audite les comptes de Virgin Mobile et de NRJ Mobile… @

NRJ peine à monétiser le numérique, hormis Google

En fait. Le 3 septembre, le groupe NRJ a annoncé le renforcement de son
« partenariat stratégique » avec Google dans la publicité en ligne géolocalisée.
Cet accord a été initialement conclu entre NRJ Global Régions et le géant du
Web en mai 2009 : une première à l’époque pour le programme Google Adwords.

En clair. Alors qu’il peine encore à monétiser pleinement ses propres nouveaux médias, le groupe NRJ roule plus que jamais pour le géant du Web et son Google Adwords.
En effet, de l’aveu même de Jean-Paul Baudecroux, PDG du groupe audiovisuel, « le numérique ne représente que 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais nous allons progressivement mieux le monétiser » (1). C’est très peu au regard des 377,5 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2011. Ce n’est pas faute d’investir dans les webradios et les applications sur smartphones et tablettes. Le lancement de la première application mobile de NRJ remonte à décembre 2008. « Nous avons maintenant plus
de 150 webradios sur les quatre marques que sont NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire
& Chansons. Elles se développent bien. Cependant, la “radio premium” – c’est-à-dire
le simulcast de la FM (2) – reste évidemment archi-dominant », nous a expliqué Jean-Paul Baudecroux dans une interview à Edition Multimédi@ en avril (3). Mais le slogan
« NRJ on air, on line, on demand [« on mobile ! », dit même son PDG]» a ses limites. En effet, la première radio de France qu’est devenue NRJ en juillet ne propose pas de catch up radio (via des podcasts) comme le font les radios généralistes. Et ce, en raison de problèmes de droits d’auteur sur les œuvres musicales. Cela ne l’empêche pas d’être la 1re marque radio sur mobile, selon l’OJD. En revanche, la chaîne NRJ 12 sur la TNT a son offre de TV de rattrapage (NRJ Replay) – y compris chez tous les fabricants de téléviseurs connectés. Et depuis janvier, le groupe est présent sur le réseau social Facebook avec des applications. « Tous ces nouveaux médias (…), pour l’instant, sont à perte. On est encore loin d’être à l’équilibre pour les webradios qui coûtent très cher (…). On vise quand même un équilibre financier à un horizon de trois ou quatre ans », nous avait-il indiqué.
Le renouvellement de l’accord « stratégique » avec Google, conclu il y a plus de trois ans (en mai 2009), arrive à point. NRJ Global Régions, la régie publicitaire des radios locales du groupe, est chargée de commercialiser « une offre de gestion complète de campagnes Google Adwords auprès de ses 10.000 annonceurs locaux ». Il s’agit notamment des liens commerciaux affichés dans les pages de résultats de recherche de Google et sur les sites partenaires de Google. @

Vers un risque d’éclatement de la « bulle » Apple

En fait. Le 20 août, la firme de Cupertino a battu le record historique (celui de Microsoft en 1999) en atteignant 623 milliards de dollars en Bourse ! Un niveau jamais atteint de toute l’histoire du capitalisme financier. Mais Apple joue gros
avec le lancement, le 12 septembre, d’un nouvel iPhone « Note ».

En clair. Plus dure sera la chute ? Car l’iPhone, lancé il y a cinq ans maintenant (juin 2007), génère pour la première fois plus de la moitié du chiffre d’affaires total d’Apple – 63,3 milliards de dollars sur les 120,5 milliards générés sur les neuf premiers mois de l’exercice en cours. Cette dépendance de la firme cofondée par Steve Jobs à un seul produit la fragilise de plus en plus. Or, Samsung lui a ravi il y a un an la place de numéro un mondial des ventes de smartphones (1), tout en détrônant Nokia de sa place de numéro un mondial des mobiles toutes catégories. L’iPhone 4S arrive en fin vie et le rythme de renouvellement des smartphones de la marque à la pomme ralentit fortement, en attendant le lancement le 12 septembre de l’iPhone 5, qui pourrait être un iPhone « Note » (à grand écran) pour concurrencer le Galaxy Note de Samsung, qui lance un nouveau modèle (à moins qu’il ne s’agisse d’un mini iPad…). Si Apple jouit encore d’une suprématie dans les tablettes, avec 65 % de parts de marché mondial pour l’iPad (suivi du Galaxy Tab de Samsung à 6 %) selon ABI Research, il n’en va plus de même dans les smartphones. Selon les chiffres publiés par Gartner le 14 août, la croissance Apple sur le marché mondial des mobiles est en stagnation au second trimestre 2012 : « La demande des consommateurs pour des iPhone faiblit », constate Gartner. Et ce, au profit de Samsung qui profite du succès de son Galaxy S3.
Est-ce le commencement de la fin ? Alors que le géant de Cupertino va clôturer à la fin du mois de septembre son année fiscale, les résultats du troisième rendus publics le 24 juillet dernier ont déçu : les ventes de l’iPhone entre avril et juin ont été « inférieures aux attentes » et ont même chuté de plus de 25 % par rapport au trimestre précédent. Attentisme des « iFicionados » ou désamour des « Applemaniacs » ? Le monde verrouillé de l’iOS d’Apple (2), qui détient seulement 18,8 % de parts du marché mondial des systèmes d’exploitation, est de plus en plus abandonné par les mobinautes au profit du monde ouvert Android de Google – lequel s’arroge à lui seul 64,1 % de parts de marché, toujours selon Gartner.
Apple espère retrouver un second souffre dans la télévision, où Steve Jobs n’avait pas réussi à faire décoller son Apple TV. Son successeur, Tim Cook, compte transformer
cet « hobby » (dixit) en une vraie stratégie industrielle avec la future iTV. @

Le dernier des Minitels

Accéder à des services en ligne à partir de tous mes terminaux, fixes ou mobiles, c’est bien la moindre des choses aujourd’hui. Ce service extraordinaire, dont nous
ne pourrions plus nous passer, est apparu en France en 1982, sous une marque qui est devenu aujourd’hui un nom commun : le Minitel. L’innovation de l’opérateur historique France Télécom a rapidement conquis 25 millions d’utilisateurs en 1982 et permis la mise en place d’un écosystème de développeurs et de prestataires de services, autour de ce qu’on appelait alors la télématique. Ce succès planétaire, qui nous surprend encore, tient à une série de conjonctions favorables que nul n’aurait pu prédire. Car dans la foulée, d’autres opérateurs européens ont adopté ce qui est devenu un standard pour toute la communauté. D’autres pays ont été conquis comme le Japon et, plus récemment, les Etats-Unis qui n’ont jamais réussi à développer hors de leur frontière le réseau Arpanet… L’accélération s’est produite à l’occasion de la transposition réussie du modèle Minitel aux mobiles en bénéficiant de la domination internationale de la norme GSM… L’Europe des télécoms, puissante à la fin du XXe siècle, a ainsi non seulement maintenu ses positions mais les a aussi renforcées en entrant dans le XXIe…

« L’écosystème d’Apple est très proche de cet ancêtre
par son modèle fermé, sa maîtrise complète de la chaîne,
du développement jusqu’à la facturation. »

Comment le gouvernement pourrait aider la RNT

En fait. Le 12 juin, le Syndicat interprofessionnel des télévisions et radios indépendantes (Sirti) s’est félicité que le CSA ait reçu 178 candidatures pour
la radio numérique terrestre (RNT) à Paris, Marseille et Nice, malgré le boycott
des grandes radios privées. Aux pouvoirs publics d’agir.

En clair. « Nous avons pris rendez-vous avec le gouvernement pour demander aux pouvoirs publics d’apporter clairement leur soutien au lancement de la RNT. Il faut maintenant un coup de pouce du gouvernement, de la part des ministères de la Culture
et Communication, de l’Economie numérique et du Redressement productif », a indiqué
le président du Sirti, Philippe Gault, qui attend beaucoup du projet de loi audiovisuelle
qui sera débattu avant le printemps 2013. Le syndicat des radios indépendantes a
aussi évoqué plusieurs aides financières possibles qui viendraient consolider le modèle économique de la RNT basé sur la gratuité financée par de la publicité. « L’une des pistes serait de faire basculer vers la RNT tout ou partie des 150 millions d’euros du fonds d’aide au passage au tout numérique de la TNT, somme non utilisée par le GIP France Télé Numérique [sur un total de 326 millions d’euros inscrit au plan initial de juin 2009, ndlr] », explique Mathieu Quétel, vice-président du Sirti. D’autant que ce fonds d’aide n’est plus utilisé depuis le 30 mai 2012. Autre piste : « Le CNM, dont le Sirti est un des signataires, pourrait contribuer à la RNT qui, comme s’en est félicité le Snep (1), va contribuer à la diversité musicale », indique Philippe Gault. Le Sirti souhaite en outre l’instauration d’un crédit d’impôt en faveur des PME que sont souvent les radios indépendantes. Et comme pour la TNT, il souhaite que le gouvernement incite les équipementiers (2) à prévoir des composants « RNT » dans les nouveaux récepteurs radio.
En attendant, le CSA (3) se retrouve entre deux feux. D’un côté, le Bureau de la Radio est opposé à la RNT et défend les intérêts des groupes privés de radios nationales Lagardère (Europe 1, Virgin Radio, RFM), NextRadioTV (BFM, RMC), NRJ (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Riche & Chansons) et RTL (RTL, RTL2, Fun Radio). De l’autre, le Sirti est pour la RNT et représente 153 membres, essentiellement des radios (une quinzaine de télévisions), parmi lesquels des porteurs de nouveaux projets en RNT (Trace Radio, Lounge Radio, Oui FM Collector, Ma Génération, Météo Life, …). Le Bureau de la Radio ne croit pas en l’avenir de la RNT mais à la radio sur IP, notamment sur les réseaux très haut débit (4G et fibre). Le Sirti, lui, considère la radio sur IP comme une simple « vitrine », pas plus, les “webradios” dépourvues de modèle économique viable. @