Pourquoi Google France recrute son patron chez SFR

En fait. Le 16 juillet, un porte-parole de Google France a confirmé à Edition Multimédi@ que Jean- Marc Tassetto – ancien dirigeant de SFR – aura le titre de directeur général de la filiale française du géant du Net. Son arrivée, d’ici octobre, intervient à la veille de l’attribution des fréquences 4G…

En clair. Un homme du mobile plutôt qu’un publicitaire. Depuis la démission de Mats Carduner en octobre 2009, il aura fallu un an à la filiale française du numéro un mondial des moteurs de recherche pour accueillir son remplaçant attendu « entre septembre et octobre ». Comme l’a révélé L’Express, ce n’est donc pas Mathias Emmerich, secrétaire général de Publicis (1), mais Jean-Marc Tassetto, ex-directeur général marketing grand public de SFR, qui secondera Carlo d’Asaro Biondo, le vice-président Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique du groupe Google. En passant de l’autre côté de la barrière, celui qui est entré chez SFR (alors groupe Cegetel) en 1997 apporte un savoir-faire “réseau mobile” dont va tirer parti son nouvel employeur du web.
La filiale française, qui a réalisé l’an dernier quelque 800 millions d’euros de chiffre d’affaires (2), va donner ainsi un coup d’accélérateur dans l’Internet mobile et se préparer à la 4G. Le début des procédures d’attribution des fréquences 4G (800 Mhz et 2,6 Ghz) est justement attendu au second semestre (3). Google France pourrait-il y participer ?
« Nous nous intéressons aux fréquences dans leur ensemble, en Europe comme dans le monde », a indiqué un porte-parole de Google France à Edition Multimédi@. En 2008, aux Etats-Unis, le géant du Net avait tenté en vain d’obtenir des fréquences pour l’Internet mobile (4). En France, sa filiale pourrait avoir aussi son mot à dire et plaider en faveur d’une plus grande ouverture du marché mobile et pour le respect de la neutralité des réseaux 3G et 4G.
Les opérateurs mobiles ne sont pas des adeptes de la neutralité du Net, loin s’en faut
(lire EM@7 p. 6), invoquant pour leur défense des contraintes différentes de celles des réseaux fixes (rareté de la ressource radio, boucle cellulaire partagée par les abonnés, qualité de services, etc). D’ailleurs, SFR n’a pas rendu publique sa position sur la neutralité des réseaux lors de la consultation de l’Arcep sur les fréquences 4G. Il n’est pas si loin le temps où SFR interdisait l’utilisation de la téléphonie GoogleTalk sur son réseau 3G… Certes, les relations entre SFR et Google se sont sérieusement réchauffées. Depuis le 18 mai dernier, SFR est le premier opérateur mobile en France à vendre Nexus One, le mobile de Google sous Android, il se veut l’antithèse d’un iPhone plutôt fermé. L’an dernier, SFR avait adopté le Google Phone conçu par Google et HTC. @

Le quotidien Les Echos accroît le payant en ligne

En fait. Le 9 septembre, le quotidien économique et financier Les Echos paraît
sous sa « nouvelle formule » papier mais aussi renforce son offre payante sur Internet, les tablettes et les mobiles. Le journal et son site web ne font plus
qu’un pour « produire de l’information en continu ».

En clair. Nicolas Beytout, PDG du groupe Les Echos (filiale du géant du luxe LVMH depuis 2007), est condamné à réussir la fusion web-papier s’il ne veut pas que son quotidien décline au rythme de l’érosion de la diffusion et de la chute des recettes publicitaires. La situation inquiétante de La Tribune, son concurrent en quête de 15 millions d’euros pour ne pas être en cessation de paiement l’été prochain, est révélatrice de la crise historique de la presse. Les Echos n’y échappent pas : baisse de la diffusion au premier semestre et pertes en 2009 non publiées mais pouvant atteindre 10 millions d’euros. Cette année n’augure rien de bon. « La hausse de la diffusion numérique devrait compenser à terme le recul du papier », espère-t-il (1). Objectif d’ici fin 2010 : 50.000 abonnés numériques. Mais la concurrent de l’information en contenu fait rage : « Nous subissons aussi la montée en puissance des médias numériques » (2). Cela fait neuf mois que la direction et les syndicats de journalistes ont signé un accord – le premier du genre depuis le promulgation en 2009 de la loi Hadopi – sur les droits d’auteurs et sur l’organisation web-papier des rédactions (Les Echos, Enjeux, Lesechos.fr, …). En février, la quasi-totalité des 200 journalistes du groupe ont signé individuellement un avenant à leur contrat de travail pour entériner cet accord. « [Les Echos sont] pionniers et pour l’instant les seuls en France à avoir rassemblé en une seule rédaction les journalistes qui travaillent sur le quotidien et sur le Web », affirment Nicolas Beytout et Henri Gibier dans leur édito du 9 septembre. Des postes d’« éditeurs web » ont été créés au sein des services « papier » pour amener les journalistes à produire cinq éditions par jour (7h à 22h) sur Internet et les mobiles (3). Le modèle fermé et monétisable de l’iPad, adopté par Les Echos (4) dès la sortie dans l’Hexagone en mai de la tablette d’Apple, illustre bien la volonté du groupe de faire payer de plus en plus de contenus en ligne. « L’information produite pour un journal par une rédaction professionnelle doit être payante », déclarait Nicolas Beytout dans Les Echos du 28 mai. Le PDG espère aussi un regain de la publicité grâce aux nouveaux supports online, même s’il constate que les recettes publicitaires ne sont pas « [pas] suffisantes pour financer les journaux sur le Web ».
Il témoignera de cette « mutation des médias » à Issy-les- Moulineaux le 29 septembre
à l’Hôtel de Ville… @

Future loi « Loppsi 2 » : les FAI en première ligne

En fait. Le 9 septembre, les sénateurs ont rétabli l’intervention d’un juge avant
toute obligation de filtrer les sites web pédopornographiques prévue dans le
projet de « loi d’orientation et de programmation de la performance de la sécurité intérieure » (Loppsi 2). Mais les réticences des FAI demeurent.

En clair. Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) s’étaient déjà inquiétés de leur obligation de filtrage des sites web de jeux d’argent en ligne, après que le TGI de Paris leur ait ordonné de bloquer le site Stanjames.com. Ils vont être confrontés à une autre obligation de filtrage. Après avoir été modifié le 2 juin par la commission des lois du
Sénat, le projet de loi « Loppsi 2 » – attendu depuis près de trois ans – a été adopté le
10 septembre au Sénat et sera examiné le 29 septembre par l’Assemblée nationale (1).
Il prévoit notamment la création d’un délit d’usurpation d’identité sur Internet, l’aggravation des peines encourues pour certains délits de contrefaçon via Internet ou encore un système de captation des données informatiques à distance. Mais c’est l’article 4 sur le filtrage de sites web incriminés qui fait débat au point que sa suppression a été demandée. En vain. Cet article prévoit pour les FAI une obligation d’empêcher l’accès aux sites web qui diffusent des images pédopornographiques.
« Cette obligation entraîne la mise en place de dispositifs techniques très coûteux et des indemnisations qui seront liées à des phénomènes de surblocage inévitables (aux fournisseurs d’accès, aux hébergeurs et diffuseurs, voire aux internautes) », prévient la sénatrice Virginie Klès dans son amendement demandant la suppression de l’article 4. De plus, le filtrage peut être contourné. Les opérateurs du Net ne veulent pas non plus scanner les contenus du Web comme le leur demande le TGI de Paris. « Nous sommes comme La Poste, nous n’ouvrons pas le courrier », a déclaré mi-août Yves Le Mouël, le directeur général de la Fédération française des télécoms (FFT). Avec la Loppsi 2, les FAI se retrouvent en première ligne. La loi « Confiance en l’économie numérique » (LCEN) prévoit une « responsabilité en cascade » (2), selon un principe de subsidiarité (éditeur, herbergeur ou, à défaut, les FAI) que l’on retrouve dans la loi sur les jeux d’argent en ligne. La Loppsi 2, elle, fait appel directement au FAI une fois que l’autorité judiciaire a qualifié le contenu de pédopornographique. Reste que le feu vert d’un juge reste indispensable pour avoir recours aux mesures de filtrage sur Internet – maintenant que les sénateurs ont rétabli cette disposition… L’avis que le Conseil constitutionnel avait formulé le 10 juin 2009 dans le cadre de la loi Hadopi a ainsi été respectée. @

Inquiétudes sur la 2e version du décret « SMAd »

En fait. Le 13 septembre, l’Association des services Internet communautaires (Asic) s’est inquiétée de la deuxième mouture du projet de décret sur les services de médias audiovisuels à la demande (SMAd). Le Bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc) a lui aussi fait part de ses griefs.

En clair. Après les multiples critiques sur la première mouture du projet de décret SMAd (lire EM@13 p. 3), qui prévoit les obligations de financement des films français et européens par les éditeurs de services de vidéo à la demande (VOD) ou de télévision de rattrapage (catch up TV), une nouvelle série de griefs portent cette fois
sur la seconde version du texte. Les professionnels de l’Internet et du cinéma avaient jusqu’à la semaine dernière pour rendre leurs commentaires détaillés au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Ce dernier va rendre son avis ces prochains jours, avant l’envoi du texte au Conseil d’Etat. Selon nos informations, le Bloc s’est opposé à l’instauration d’un seuil de chiffre d’affaires (1) pour le déclenchement des obligations des SMAd en matière de dépenses dans les films et d’exposition sur leur site en ligne. Explication : « Créer un seuil revient à provoquer une distorsion entre les SMAd et donc une déstabilisation du marché, les petites plateformes ayant tout intérêt à se différencier par le non-respect des obligations des plates-formes de VOD plus importantes. Ce qui inciterait en outre les SMAd situés à l’étranger à ne pas appliquer
la réglementation française dans la mesure où nombre de SMAd situés en France ne la respecterait pas ». De plus, le Bloc demande que le décret établisse une contribution spécifique à la création cinématographique, distincte de la contribution à la production audiovisuelle, sur la base de l’ensemble du chiffre d’affaires des SMAd. Le Bloc a en outre fait valoir que la chronologie des médias ne peut être modifiée par ce décret dans la mesure où la loi prévoit qu’elle doit relever d’un accord interprofessionnel. En l’occurrence, celui signé le 6 juillet 2009 qui fixe le délai applicable à la VOD sur abonnement à 36 mois (2). Quant à la proportion d’œuvres européennes et d’œuvres d’expression originales françaises sur le site (respectivement 60 % et 40 %) et aux obligations d’exposition sur la page d’accueil des œuvres européennes et françaises, elles satisfont le Bloc. Cette dernière disposition n’est pas du goût de l’Association des services Internet communautaires (Asic) : « Impossible à réaliser », affirme-t-elle. Et
de se déclarer  « inquiète quant à l’adoption d’un texte qui tend au final à affirmer que l’Internet est de la télévision ». Autrement dit : il faut séparer la catch up TV/VOD des sites de contenus générés par les utilisateurs. @

Denis Ladegaillerie et David El Sayegh, Snep : « Les revenus de la musique en ligne deviennent enfin significatifs »

Le président et le directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) se félicitent de l’évolution du marché de la musique
sur Internet après des années d’inquiétude. La richesse de l’offre et l’installation
de l’Hadopi y participent.

Edition Multimédi@ : Vous avez publié ce mois-ci les chiffres semestriels du marché français de la musique enregistrée, lequel a progressé de 4,1 % sur un an.
La filière musicale est-elle sauvée par le numérique ?
Denis Ladegaillerie (photo) et David El Sayegh :
Le marché de la musique enregistrée en France, en progression sur le premier semestre de 4,1 % sur un an à 239,3 millions d’euros, est en train de passer un cap, encourageant pour la suite. Nous entrons dans un cercle vertueux après des années de déclin. Les revenus provenant du numérique deviennent significatifs. En effet, la progression du marché des ventes de musiques dématérialisées reste forte avec 12 % de croissance – à 42,9 millions d’euros – sur
les six premiers mois par rapport à la même période de l’an dernier. Globalement, le marché s’est stabilisé sur les six premiers mois et nous espérons que cela reste le cas sur le restant de l’année. Maintenant, la décroissance des ventes physiques (CD, DVD, Blu-Ray) est compensée par le numérique, la vente d’albums en téléchargement ayant augmenté de 47,2 % au cours du dernier semestre. Nous sommes à un point d’inflexion. Il y a un changement de comportement des internautes, dans un cadre régulé, et les catalogues sont là avec aujourd’hui 8 millions de titres disponibles en ligne.