Google TV et YouTube : vers un “GooTube” audiovisuel

En fait. Le 3 novembre, le Wall Street Journal a indiqué que Google pourrait proposer des services payants de télévision sur Google TV lancé il y a un an aux Etats-Unis. Son lancement en 2012 se fera sur une version simplifiée dévoilée fin octobre, elle intégre les chaînes de YouTube.

En clair. La firme de Mountain View avance sur deux fronts sur le marché mondial de la télévision avec ce que Edition Multimédi@ propose d’appeler « GooTube » ! D’un côté, Google TV – lancé il y a un an aux Etats-Unis sur les téléviseurs Sony et les décodeurs numériques Logitech – cherche à nouer des partenariats avec de grandes chaînes de télévision, comme celles de Walt Disney ou de Time Warner pour les diffuser et les proposer en catch up TV, ainsi qu’avec des distributeurs de VOD comme Netflix ou Amazon. De l’autre, YouTube – racheté par Google en 2006 pour 1,65 milliard de dollars – multiplie les chaînes de télévision thématiques à travers des accords de partenariats comme avec Disney, qui mettra en ligne début 2012 des vidéos à caractère familial, ou encore avec Madonna, sans parler des retransmissions en direct d’événements (ouverture du Bolchoï, pèlerinage de La Mecque, mariage de Kate et William, concert de U2, …). Si la première version de Google TV n’a pas rencontré outre-Atlantique (1) le succès escompté, en raison du prix trop élevé et de la complexité de la plate-forme, YouTube Channels – des dizaines de chaînes déjà proposées – draîne déjà plusieurs millions de téléspectateurs (2). « GooTube » espère ainsi séduire les chaînes sur Google TV et les fournisseurs de vidéos en ligne sur YouTube en leur offrant une opportunité d’éviter l’érosion de leur audience pour les uns (comme Disney Interactive) ou l’accroître pour les autres. Google reverse jusqu’à 55 % des revenus publicitaires à ses partenaires, après s’être remboursé les avances comme lors de co-productions (3).
« GooTube » ambitionne de réussir là où Steve Jobs a échoué avec Apple TV. Le numéro un mondial des moteurs de recherche sur Web veut en fait devenir à terme incontournable dans la recherche de programmes de télévision et de vidéos à la demande. Et ce, que cela soit sur le poste de TV connecté mais également sur tablettes, ordinateurs, mobiles et consoles de jeux. En voulant racheter Motorola Mobility 12,5 milliards de dollars (EM@41, p. 3), Google entend se donner les moyens d’introduire « GooTube » dans ses propres mobiles et ses propres décodeurs qui fonctionnement sous son système d’exploitation Android. « GooTube » pourrait remporter la guerre de la télécommande s’il parvient à s’imposer comme le point d’entrée dans l’audiovisuel. @

Le gouvernement veut débloquer la TV connectée

En fait. Le 8 novembre, lors du colloque NPA-Le Figaro, le ministre en charge de l’Economie numérique, Eric Besson, a émis « le voeu qu’une plate-forme d’inter-opérabilité pour la télévision connectée soit rapidement lancée » avec, si besoin est, l’aide financière de l’Etat via le « Grand emprunt ».

En clair. La « plate-forme d’interopérabilité pour la télévision connectée » qu’appelle
de ses vœux Eric Besson pourrait bénéficier du soutien financier des « Investissements d’avenir » (ex-Grand emprunt) à hauteur de 3 millions d’euros. C’est en tout cas la somme dont a bénéficiée une autre plateforme d’inter-opérabilité baptisée ImaginLab – dédiée celle-ci à la 4G attendue pour 2012 et lancée au début du mois d’octobre par
le même ministre de l’Economique numérique dans le cadre du pôle de compétitivité
« Image & Réseaux ». Le gouvernement, qui lance courant novembre un second appel à projets de R&D pour la numérisation de contenus (financés par le Grand emprunt), espère que les chaînes et les fabricants de terminaux (téléviseurs mais aussi tablettes et smartphones) travailleront ensemble autour de standards ouverts. L’idée d’une nouvelle plateforme d’interopérabilité pour la télévision découle en fait directement du rapport TV connectée remis mi-novembre à Eric Besson et Frédéric Mitterrand par Marc Tessier (Vidéo Futur), Philippe Levrier (CNC), Takis Candilis (Lagardère Active), Martin Rogard (Dailymotion) et Jérémie Manigne (SFR). Ils mettent en garde contre les freins et les obstacles que constituerait le cloisonnement vertical de la TV connectée par ses systèmes propriétaires incompatibles entre eux. Bref, comme le craint aussi
le Geste dans sa contribution (1), le spectre d’un marché fragmenté par des modèles fermés ou walled garden. Implicitement, le gouvernement veut éviter à la télévision connectée d’être verrouillée verticalement par un industriel – comme peut le faire par exemple Apple avec ses terminaux et ses plates-formes propriétaires (2) (*) (**) (***) (****) (*****). Au-delà d’Apple TV, la marque pourrait lancer en 2012 une gamme de téléviseur « iTV » selon les rumeurs persistantes. Pour l’heure, il y a bien la norme HbbTV mais pour Eric Besson « c’est un premier pas vers une rencontre maîtrisée des univers de la télévision et d’Internet ». Bref, HbbTV n’est pas suffisant car ce standard se limite à enrichir les flux vidéo des chaînes de télévision qui ont tendance à se considérer comme propriétaires du téléviseur. Qui des autres services venant d’autres fabricants de terminaux interactifs et éditeurs du Web ? Quoi qu’il en soit, tout comme Neelie Kroes qui en a fait son cheval de bataille en Europe, la France veut aussi favoriser l’interopérabilité. @

 

Le PAF dénonce de plus en plus un “Internet non régulé”

En fait. Le 8 novembre, le cabinet d’études NPA Conseil a organisé la 14e édition
de son colloque annuel, avec Le Figaro (EM@ était partenaire presse), sur le thème de « Univers tout numérique : année 0 ». Le PAF régulé s’inquiète face à la concurrence d’un Internet « non régulé » venu d’ailleurs.

En clair. Le paysage audiovisuel français (PAF) se rebiffe de plus en plus : les chaînes
de télévision et les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) dénoncent la « concurrence déloyale » que représentent le Web « non régulé » et ses acteurs du Net « venus de l’étranger ». Ils en appellent aux pouvoirs publics pour imposer aux nouveaux venus de la TV connectée et de la VOD, implantés hors de France, les mêmes obligations et taxes qui pèsent sur eux. Le temps presse : Jean-Marc Tassetto, DG de Google France, a précisé que Google TV sera lancé sur l’Hexagone « en 2012-2013 ». Fin octobre, aux Etats-Unis, a été présentée une nouvelle version qui ressemble plus à ce que Edition Multimédi@ appelle « GooTube » (lire ci-dessus). D’autres géants du Web comme Apple et Netflix représentent une « menace » à venir pour les grandes chaînes du PAF, dont le leadership est déjà disputé par 29 chaînes nationales sur la TNT – réparties entre 19 gratuites et
10 payantes (parmi lesquelles 5 en haute définition). Et ce n’est pas fini puisque le gouvernement a demandé au CSA de lancer mi-octobre un appel à candidatures – jusqu’au 10 janvier 2012 – pour 6 chaînes supplémentaires en haute définition. Ce qui portera à 35 le nombre de chaînes sur la TNT, au lieu de 6 dans l’ancien PAF analogique (1). S’il ne fait aucune doute que ces nouvelles venues sur la TNT seront soumises à la réglementation française (contribution au Cosip, quotas de diffusion, fiscalité, …), il n’en va pas de même pour les nouveaux venus de l’Internet. Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, a mis en garde lors du colloque NPA-Le Figaro contre ces « acteurs mondiaux qui ont une puissance extrême et qui se développent dans un monde totalement dérégulé leur donnant des moyens considérables ».
Et de lancer : « Le mythe des nouveaux entrants est mort. (…) Les nouveaux qui ont
des idées fantastiques et les anciens qui sont des dinosaures, c’est un fantasme. Les historiques ont une carte à jouer face à Google et autre Netflix ». Quant à Nicolas de Tavernost, PDG de M6, il affirme que « il est totalement illusoire de penser que sept ou huit groupes audiovisuels peuvent opérer en France » et que « dans tous les pays qui nous entourent, il y deux ou trois groupes privés et un groupe public ». Pour Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions, «on ne s’en sortira que si nous avons des
marques fortes ». @

Après le GIE E-Presse, un “GIE E-Edition” avec Orange

En fait. Le 8 novembre, lors des 3e Assises professionnelles du livre, Antoine Gallimard – PDG des Editions Gallimard et président du Syndicat national
de l’édition (SNE) – nous a indiqué qu’une plateforme de « bibliothèques personnalisées » verra le jour avec Orange courant 2012.

En clair. Après le GIE E-Presse Premium constitué l’an dernier avec des journaux (1), c’est au tour de s’organiser autour d’une plate-forme commune. « Le projet consiste à créer une plateforme de gestion de bibliothèques personnalisée, ouvert au grand public, qui fédèrera des maisons d’éditions, des libraires, des distributeurs et des opérateurs [télécoms] comme Orange et d’autres. Les expérimentations pourraient commencer
dès le premier semestre 2012 avec un prototype », explique Antoine Gallimard. La filière française du livre cherche ainsi à lancer une alternative aux environnements fermés des Kindle d’Amazon et des iPad d’Apple. Les lecteurs pourront ainsi gérer leur bibliothèque personnelle stockée à distance et consultable quel que soit leur terminal (tablette, ordinateur, smartphone), grâce au cloud computing. Gallimard est partie prenante au travers de la plate-forme Eden Livres dédiée aux libraires, créée il y a deux ans par les éditions Gallimard, La Martinière et Flammarion. Comme pour le GIE E-Presse Premium,
il s’agit de regrouper les différents partenaires dans un consortium qui pourrait être là aussi un groupement d’intérêt économique (GIE). Et comme pour le kiosque numérique
de la presse, Orange est appelé à jouer un rôle central (2) en assurant la plate-forme technique qui s’appuie notamment sur la solution Read & Go de la société miLibris.
« D’autres opérateurs comme ePagine [librairie numérique lancée par la société Tite-Live en 2008, utilisée notamment les éditions Eyrolles, ndlr]. », nous indique le patron des Editions Gallimard. Il n’exclut pas en outre le ralliement de SFR. Le Syndicat de la
Librairie Française (SLF), qui soutient le site 1001Libraires.com, s’associerait au projet.
Reste à savoir si de grands éditeurs comme Hachette (avec sa plate-forme Numilog), Editis (avec E-Plateforme) et l’Harmattan avec l’Harmathèque rejoindront le groupement. France Télécom reste le moteur du projet. Le financement se fait en deux temps :
« Un premier dossier vient d’être déposé auprès du fonds Oseo et du pôle de compétitivité Cap Digital. Un second est soumis à la commission du Grand emprunt », précise
Alban Cerisier, secrétaire général des Editions Gallimard et président de la commission numérique du SNE. Selon Le Monde du 6 novembre, Orange demanderait 3 à 5 millions d’euros au Grand emprunt pour financer le prototype de la plateforme. @

Newsroom

18 novembre
• Le Forum d’Avignon publie une étude : « Vif intérêt de 60 % des sondés pour les “expériences et services culturels connectés” ».

17 novembre
• Motorola Mobility annonce que ses actionnaires approuvent son rachat par Google pour 12,5 milliards de dollars.
• L’Arcep réévalue à 21 milliards d’euros la couverture complète de la France en fibre sur 15 ans, dont près de 2 ont déjà été investis.
• Le Parlement européen veut que l’on veille à la neutralité du Net.
• Amazon pourrait sortir un smartphone fin 2012, selon « Citi ».
• Paypal lance une appli d’échange d’argent sur Facebook.
• Le Parlement européen pour une TVA réduite pour les ebooks.
• Google dévoile Google Music, accessible aux Etats-Unis.
• Le Forum d’Avignon, 4e édition, ouvre sur trois jours sur le thème « Investir la Culture », avec le « Sommet culturel G8/G20 ».

16 novembre
• Vivendi, Iliad, Orange et Bouygues Télécom dans « Le Monde » : France, « lchampion incontesté de la fiscalité numérique ! ».
• L’Idate, qui lance le DigiWorld Institute, organise sur deux jours (16 et 17 novembre) la 33e édition du DigiWorldSummit.
• Netflix et Miramax passent un accord de diffusion de films en ligne au Royaume-Uni et en Irelande.

15 novembre
• France Télécom et SFR annoncent une alliance dans le déploiement de la fibre optique dans les zones peu denses.
• Iliad, qui compte 4,790 millions d’abonnés, indique que l’ARPU de la Freebox Révolution est « supérieur à 38 euros » par mois.
• Canal+ lance son offre de SVOD, CanalPlay Infinity (lire EM@44).
• SFR organise jusqu’au 2 décembre la 3e édition de « SFR Player ».
• France Télévisions met en ligne « Francetvinfo ».
• L’UPFI estime que le rachat de EMI Music par Universal Music (Vivendi) présente un risque de position dominante.

14 novembre
• Disney acquiert Babble Media, éditeur de blogs familiaux.
• Spotify dépasse les 2 millions d’abonnés en Europe et Etats-Unis, et pourrait atteindre 2,5 millions fin 2011, selon Enders Analysis.

11 novembre
• Universal Music (Vivendi) acquiert son concurrent EMI Music 1,4 milliard d’euros.
• Le SNE (Syndicat national de l’édition) se félicite de la parution au J.O. du décret sur le prix unique sur les ebooks.
• Impala espère que les autorités de la concurrence bloqueront le rachat de EMI Music par Vivendi.

10 novembre
• Le Sénat état sunien rejette un projet de loi des Républicains estimant « abusive » la neutralité du Net.
• Disney : bénéfice net annuel « record » de 4,81 milliards de dollars (+ 21 %) avec 40,893 milliards de revenus (+ 7 %).
• Viacom affiche un bénéfice net de 2,14 milliards de dollars (+ 38 %) pour l’année close le 30 sept. avec 14,9 milliards de revenus (+ 12 %).
• GfK et NPA Conseil publient une étude : la catch up TV progresse de 20 % à 25 % par trimestre, et la SVOD va se développer.
• François Barrault est nommé président de l’Idate.

9 novembre
• La loi du 9 novembre 1981, qui abroge le monopole d’Etat de radiodiffusion, est promulguée il y a 30 ans.
• Le GIE E-Presse et Google signent deux accords.
• Adobe abandonne Flash Player pour les mobiles, au profit de HTML5.

8 novembre
• Frédéric Mitterrand, au colloque NPA Conseil : « la TV connectée peut constituer un accélérateur du visionnage illégal de contenus ».
• Eric Besson, au colloque NPA Conseil, souhaite « une plateforme d’interopérabilité pour la TV connectée » (lire p. 4).
• Stéphane Richard, PDG de France Télécom au colloque NPA Conseil : « On demande toujours plus aux fournisseurs d’accès, il y a un matraquage continuel de la fiscalité ».
• Le CSA (Patrice Gélinet) considère la RNT comme la solution à la saturation de la bande FM qui fête les 30 ans des « radios libres ».
• Le Sirti, syndicat des radios et télévisions indépendantes, demande au CSA d’autoriser la (RNT), déjà expérimentée à Lyon.
• Virgin commercialise en exclusivité en France la liseuse Kindle d’Amazon, ainsi que son propre modèle Booken.
• Gartner chiffre à 6,3 milliards de dollars en 2011 (+ 7 %) les ventes de musiques en ligne dans le monde.
• Yahoo, Microsoft et AOL s’allient dans la pub en ligne.
• Technicolor lance MediaEcho, application de contenu additionnel sur tablette en même temps que la TV, la VOD et le Blu-ray.
• Metta (Lagardère) et Onde Numérique (bouquet de radios) développent des radios numériques par abonnement (sans pub).
• Vice Media, partenaire notamment de Rue89, lesinrocks.com et Terra, s’associe à YouTube qui diffusera deux nouvelles chaînes.

7 novembre
• Frédéric Mitterrand confie à Didier Selles « une mission de préfiguration » du CNM qui sera mis en place en mars 2012.
• Denis Olivennes est nommé président du directoire de Lagardère Active, succédant à Didier Quillot.
• Philippe Bailly (NPA Conseil) publie aux éditions Atlande « Pour en finir avec l’exception culturelle » à l’heure du numérique.

4 novembre
• Le Monde va racheter fin 2011 la participation de 34 % de Lagardère dans sa filiale Le Monde Interactif.
• France Télécom prend 34,15 % du capital de la nouvelle société Cascadia qui regoupe les activités web de Skyrock (Dailymotion et Deezer en feront la promotion).

3 novembre
• Dailymotion enrichit « Dailymotion Cloud », son offre B2B.

2 novembre
• TV-Replay constate que 15 % des « replayers » (consommateurs de catch up TV) sont intéressés par la SVOD.

1er novembre
• Yahoo rachète Interclick, spécialiste de la pub en ligne ciblée.