Le marché mondial des contenus audiovisuels mise plus que jamais sur la Chine pour croître

Le Mipcom a tenu sa 39e édition à Cannes du 16 au 19 octobre, avec cette année comme « pays d’honneur » : la Chine. Le marché international des contenus audiovisuels et de la coproduction lui a ainsi déroulé le tapis rouge sur la Croisette pour y trouver des relais de croissance.

Organisé par le groupe britannique RelX (dont les origines remontent à l’éditeur scientifique néerlandais Elsevier, transformé en groupe anglo-néerlandoaméricain Reed Elsevier il y a 30 ans, puis rebaptisé RelX en 2015), le Mipcom va sur ses quarante ans. Le Mipcom de l’automne est aux « pilotes » (nouveautés) ce que le MipTV au printemps est aux « formats » (déclinables dans différents pays). Le Marché international des contenus audiovisuels tend ainsi à refléter les prises de risque des différents diffuseurs de contenus audiovisuels venus du monde entier.

La Chine, deuxième marché au monde de la télévision
LEt les risques sont de plus en plus grands. La conquête du marché audiovisuel chinois en fait partie, alors que le Mipcom a fait de l’Empire du Milieu son « pays d’honneur » pour sa 39e édition (16-19 octobre 2023). Le pays des BATX (les « GAFAM » chinois que sont Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) constitue l’un des marchés des contenus audiovisuels et de leur diffusion (TV, SVOD, salles de cinéma) les plus vastes au monde. Les opportunités de la Chine en termes de coproduction, d’acquisition et de distribution sont énormes, avec un potentiel de consommateurs audiovisuels – enfant et adultes – de 1,41 milliard d’habitants. Même si la population chinoise a baissé en 2022 pour la première fois depuis les années 1960.
Ce n’est d’ailleurs par la première fois que le pays-continent de Xi Jinping (photo) a les honneurs du groupe anglo-néerlando-américain RelX (coté en Bourse à Londres, Amsterdam et New York) : en octobre 2018, pour sa 34e édition, le Mipcom avait déjà accueilli sur la Croisette la République populaire de Chine. C’était il y a cinq, au moment où le marché chinois de la télévision est devenu – selon le cabinet d’étude IHS Markit (intégré par la suite dans Omdia) – le deuxième plus grand au monde, derrière les EtatsUnis mais juste devant le Royaume-Uni.
Parmi les 11.000 visiteurs qui viennent de plus de 100 pays pour se rendent au Palais des Festivals de Cannes, qu’ils soient acheteurs, commissaires, créatifs et producteurs, plus de 300 délégués chinois et près de 40 entreprises chinoises sont attendus au Mipcom cette année. Parmi eux, Zhonghuai Sun, vice-président du géant du numérique et du multimédia chinois Tencent et PDG de la filiale Tencent Online Video, éditrice de la plus grande plateforme de streaming vidéo en Chine. Selon le cabinet d’étude Idate qui a publié en septembre « Marché mondial des services vidéo OTT » (voir p. 10), Tencent Video est la sixième plateforme vidéo au monde avec 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (contre 4,1 milliards l’année précédente). Le chinois s’arroge ainsi maintenant 3,9 % de parts de marché des revenus vidéo OTT mondiaux, derrières Netflix, Google (YouTube), Disney(+), Amazon (Prive Video) et Warner Bros. Discovery (Max). Tencent est suivi par son compatriote Baidu avec sa plateforme vidéo iQiyi, laquelle a généré 4 milliards d’euros de recettes en 2022 (3 % de part de marché mondiale).
« Les leaders chinois développent le premium et avec des services plus haut de gamme, en augmentant la proportion de programmes audiovisuels professionnels », indique le rapport de l’Idate. Zhonghuai Sun est venu à Cannes pour donner son point de vue sur « les rôles que jouent l’art et la technologie dans l’élaboration de la stratégie de Tencent Video au sein de l’écosystème de l’une des plus grandes entreprises multimédias au monde, et sur les opportunités de partenariats internationaux au sein du contenu et du streaming ». Au Mipcom, la créativité et les contenus de la télévision et du divertissement chinois sont plus que jamais en quête de partenariat à l’échelle mondiale par l’adaptation de formats. Le Pavillon de la Chine y est allé de son « Fresh Content China », un événement présentant à la fois les dernières productions du pays et des créatifs distingués de l’industrie télévisuelle chinoise, aux ambitions nationale et internationale. D’autres sessions incluent des master class axées sur les adaptations de formats à succès et les derniers contenus d’animation, scénarisés et non scénarisés émergeant du pays, et d’autres sur les utilisations de nouvelles technologies au sein de la production (comme l’incontournable 4K). Et juste avant que ne commence le Mipcom, s’était déroulé à Cannes le MipJunior (13- 15 octobre), où la Chine était aussi présente.

Du soft power chinois au line-up occidental
Les accords contractuels, les partenariats dans la production, les accords de distribution ou encore les adaptations internationales se feront sous l’œil du panda géant – symbolique à plus d’un titre en Chine : paix, amitié, harmonie du Yin et du Yang, trésor national. Cela peut toujours aider pour faire affaire avec les Chinois. L’Empire du Milieu sait que le soft power passe aussi par le line-up des chaînes de télévision occidentales. @

Charles de Laubier

Pub : le mobile atteint 10 % des dépenses digitales

En fait. Le 8 juillet, le Syndicat des régies Internet (SRI) a publié la 12e édition
de son Observatoire de l’e-pub en France, sur la base d’une étude réalisée par PriceWaterhouseCoopers (PwC), avec l’Udecam (agences médias) : 1,440 milliard d’euros au 1er semestre 2014 (+ 3 % sur un an), dont 10 % mobile.

En clair. La monétisation publicitaire de l’Internet mobile accélère enfin sérieusement en France pour s’approcher du taux de 10 % des dépenses e-pub au premier semestre 2014, soit 136 millions d’euros sur le total de 1,440 milliard d’euros que pèse le marché français de la publicité digitale sur la même période. Les dépenses publicitaires mobiles, en croissance de 61 % sur un an, se répartissent entre le search mobile pour 80 millions d’euros et le display pour 56 millions. Ce sont deux boosters pour le mobile, avec de forts taux de croissance, à savoir respectivement de 58 % et 69 %. Si l’on isole ce dernier segment, le display sur smartphones domine encore largement (44 millions d’euros) par rapport au display sur tablettes (12 millions d’euros).
Mais le marché de la publicité sur mobile (smartphones et tablettes) reste toujours
« sous investi » par rapport à la Grande-Bretagne (1). « Les dépenses sur mobile sont en hausse [+ 4 points à 10 %, ndlr] mais les audiences mobiles progressent sur un rythme plus soutenu [+ 7 points à 36 %] », souligne l’étude de PwC pour le SRI. Selon Médiamétrie, 36 % de l’audience Internet s’est faite sur mobile et le temps passé sur smartphones et tablettes augmente, y compris en mode « mobile-to-store » (avec interactions « in-store » ou « click & collect », et conversion des ventes en magasins). La montée en puissance des emails en mode responsive design (c’est-à-dire des emailings utilisant des messages électroniques adaptatifs comme peuvent l’être de
plus en plus de sites web) devrait aussi contribuer à la croissance des usages mobiles.

C’est surtout grâce à la standardisation des formats de l’e-pub mobile que ce segment de marché devrait décoller. Le 17 février dernier, en concertation avec de nombreuses organisations professionnelles (dont le Geste (2), l’IAB, le SRI et l’Udecam), la Mobile Marketing Association France (MMAF) a établi une mise à jour des standards publicitaires pour smartphones et tablettes. Les bannières, les interstitiels et les recommandations ont ainsi des spécifications techniques normalisées (3). Quant à la pratique publicitaire du Ad Exchange mobile, déclinaison pour smartphones et tablettes de ces places de marché de vente aux enchères de publicités en ligne de type RTB (Real Time Bidding), elle est encore marginal mais, selon le SRI, « leur montée en puissance devrait se confirmer en 2014 ». @