L’économie mobile fait exploser le trafic, pas l’ARPU

En fait. Le 28 février, s’est achevé à Barcelone le 18e congrès annuel mondial de
la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, organisé sur quatre jours par la GSMA. Les abonnés 4G devraient atteindre 920 millions en 2017, contre seulement 62 millions en 2012. L’explosion du trafic va poser problème.

En clair. Les opérateurs mobile vont devoir supporter l’explosion du trafic de vidéos et
de données sur leurs réseaux : selon un rapport de la GSMA, laquelle défend les intérêts de 230 opérateurs mobile dans le monde, et le cabinet d’étude AT Kearney, le trafic de données que les réseaux mobile devront acheminer chaque mois atteindra dans cinq
ans les 11,2 Exabits (1), contre 0,9 Exabit par mois en 2012. Imaginez : 11,2 milliards
de Gigabits par mois, c’est l’équivalent – chaque mois – de plus de 5 milliards d’heures
de vidéo en haute définition (fichier de 2 Gbits d’un film d’une heure). Cette explosion de
la data mobile se fera ainsi au rythme moyen de 66 % de croissance par an. Et l’année dernière a été un tournant puisqu’elle a cumulé un trafic sur mobile supérieur à celui de l’ensemble des précédentes années ! Les connexions mobile haut débit dans le monde ont été au nombre de 1,6 milliard en 2012 sur un total de 6,8 milliards de connexions mobile. Mais en 2017 ce haut débit mobile (3G + 4G) pèsera pour plus de la moitié des connexions : 5,6 milliards sur un total de 9,7 milliards. Actuellement, Facebook compte 680 millions de mobinautes actifs (2), Twitter 120 millions. Les utilisateurs de smartphones du monde entier passent en moyenne 25 minutes par jour sur Internet, 17 sur réseau social, 16 à écouter de la musique, 14 à jouer, 12 à passer des appels téléphoniques,
11 sur leurs e-mails, 10 sur leurs SMS, 9 à regarder des vidéos, 9 à lire des ebooks et
3 à photographier (et/ou filmer).
Bien que le chiffre d’affaires cumulé des opérateurs mobile dans le monde ait franchi la barre des 1.000 milliards de dollars en 2012 (à 1.002 milliards précisément), l’ARPU (3) des opérateurs mobile a baissé globalement de 8 % en moyenne de 19 dollars à 14 dollars par mois. « Les plus fortes réductions de l’ARPU ont été enregistrées en Afrique (- 10 %) et en Europe (- 7 %), ces baisses moyennes des tarifs mobile s’expliquant par la pression sur les prix, par la croissance des usages ‘’multi-SIM’’ (avec la seconde carte SIM à un prix moindre), et par le fait que les nouveaux utilisateurs bénéficient d’accès à moindre coût », explique le rapport GSMA/AT Kearney. Le bonheur des uns (les consommateurs) fait le « malheur » des autres (les opérateurs mobile). L’émergence du M2M (Machine-to-Machine) dans ces statistiques contribue aussi à tirer l’ARPU vers le bas. @

La croissance française de l’e-pub sauvée par la vidéo

En fait. Le 15 janvier, le Syndicat des régies Internet (SRI) – qui réunit 26 membres en France – a publié pour la septième année son Observatoire de la publicité sur Internet, sur la base d’une étude de Capgemini Consulting et de l’Udecam (agences médias) : les mobiles déçoivent, la vidéo enchante.

En clair. Malgré un sérieux ralentissement du marché français de la publicité en ligne en 2012, en raison de la crise économique et les élections présidentielles, la croissance est une nouvelle fois au rendez-vous. Si le chiffre d’affaires global net (1) progresse de 5 % sur un an à 2,7 milliards d’euros, il fait néanmoins pâle figure par rapport aux 11 % enregistrés l’année précédente. Si la publicité sur mobile a déçue, avec seulement 48 millions d’euros de dépenses publicitaires investis l’an dernier (soit à peine 1,8 % du total), la publicité sur vidéo en ligne (2), elle, affiche un dynamisme sans précédent avec un bond de 50 % à 90 millions d’euros de recettes publicitaires (près de deux fois plus que la publicité sur mobile). Le dynamisme de la télévision de rattrapage (catch up TV) y est pour beaucoup, tout comme l’engouement des sites web pour la vidéo. Les démarrages simultanés en 2013 de la 4G – promettant la TV sur mobile – et de la TV connectée promettent encore une belle progression de l’e-pub vidéo. @
Source : Capgemini Consulting/SRI/Udecam

La 4G pourra être substituable à la fibre optique

En fait. Le 29 novembre, SFR a été le premier opérateur mobile à lancer commercialement en France la 4G – à Lyon, après une avant-première au
DigiWorld Summit à Montpellier où le jour J est le 18 décembre. Marseille, Strasbourg, Lille et Toulouse suivront début 2013. La 4G est-elle substituable
à la fibre ?

En clair. Interrogé par Edition Multimédi@ à la fin de son intervention au DigiWorld
Summit de Montpellier le 15 novembre dernier, Jean-Ludovic Silicani, président de
l’Arcep, a répondu que « dans le très haut débit, la 4G et le FTTH ne sont pas substituables car, contrairement à la fibre optique, les réseaux mobiles ont des débits montants et descendants très dissymétriques ». Mais il nuance son propos en précisant que « dans les zones non denses, la 4G pourrait permettre d’accéder au très haut débit en attendant l’arrivée de la fibre ». Les pouvoirs publics ont en effet accordé à la fibre optique une priorité pour atteindre, selon la volonté de François Hollande, 100 % de
la population couverte en très haut débit d’ici 10 ans – quitte à envisager à terme l’extinction à de la paire de cuivre ADSL (1). Mais cela a un prix : 25 à 30 milliards d’euros pour du FTTB et/ou FTTB (2) dans toute la France, alors que la 4G s’avère
bien moins coûteuse.
De plus, les autorisations 4G prévoit une obligation de couverture que l’on ne retrouve pas dans la fibre optique, à savoir : l’obligation de couvrir une « zone prioritaire » peu dense (18 % de la population mais plus de 60 % de la surface du territoire) aussi vite que les zones urbaines rentables, avec la possibilité de mutualisation des infrastructures 4G. Bref, grâce à l’utilisation de ses fréquences 4G (2,6 Ghz attribuées à Orange, SFR, Bouygues et Free en octobre 2011 et 800 Mhz « en or » à Orange, SFR et Bouygues mais pas Free en décembre 2011), l’Etat a pu imposer des obligations de couverture.
Ce qui n’est pas le cas pour la fibre optique. Résultat : le mobile très haut débit pourrait
se retrouver rapidement avec bien plus d’abonnés que n’en a le très haut débit fixe (3) avec ses 1,49 million d’abonnés (à partir de 30 Mbits/s), dont seulement 270.000 en FTTH. D’autant que SEF à Lyon a vanté les services offerts par la 4G : « Vidéo HD, visionnage de la TV, jeux en ligne, appels vidéo, ou cloud ». Orange, qui a déjà ouvert à Marseille l’été dernier à ses salariés et entreprises clientes, prévoit un lancement grand public en février 2013. Bouygues Telecom, qui a saisi l’Arcep pour pouvoir exploiter la
4G sur ses fréquences 1.800 Mhz, a choisi Lyon cet été comme ville-pilote en vue d’un lancement commercial d’ici début 2013. Free Mobile, qui lorgne aussi sur les 1.800 Mhz, aimerait étendre à la 4G son accord d’itinérance 2G/3G avec Orange. @

Comment Bolloré cherche sa voie dans les médias

En fait. Le 22 mars, le conglomérat Bolloré (transport, logistique, énergie, …), diversifié médias (Direct Matin/Soir/Sport/Femme, Direct 8/Star, …), publicité (Intermédia, …) et télécoms (WiMax, Wifirst, …), a publié ses résultats 2011 :
8,5 milliards d’euros de revenus, 320 millions de bénéfice net.

En clair. Les activités médias et télécoms du groupe français dirigé par le milliardaire Vincent Bolloré sont toujours une goutte d’eau dans ce conglomérat mondialisé. Ce sont des activités si « petites » qu’elles ne sont jamais chiffrées séparément dans les résultats annuels, mais fondues dans une ligne comptable « Médias, télécoms, plantations, holdings » – laquelle affiche en 2011 un chiffre d’affaires total de 208 millions d’euros,
pour une perte opérationnelle de 50 millions. Tout juste apprend-on « la forte progression des recettes publicitaires des médias qui bénéficient de la hausse de leur audience ». Vincent Bolloré détient par ailleurs respectivement 32,9 % et 26,5 % des groupes publicitaires français Havas et britannique Aegis.
La presse gratuite constitue maintenant le principal actif média, le groupe ayant vendu en septembre dernier à Canal+ 60 % du capital (1) de ses chaînes gratuites de la TNT, Direct 8 et Direct Star (ex-Virgin 17). Le projet de chaîne locale, Direct Azur, serait aussi abandonné selon « La Tribune ». Vincent Bolloré, qui prévoit l’équilibre financier en 2017 pour son quotidien gratuit Direct Matin (2), n’a pas renoncé à lancer un quotidien peu cher à valeur ajoutée. Et lorsque Le Parisien était à vendre en 2010 (avant qu’il ne le soit plus), l’homme d’affaires s’était déclaré intéressé.
Quant au Web, il participe de « montée en puissance du groupe dans le digital et l’entertainment » (dixit le fils Yannick Bolloré, DG de Bolloré Média). La prise de contrôle (51 %) de Jeanmarcmorandini.com en décembre donne le ton : ce super-blog sera
assorti d’une « plate-forme TV dédiée » pour « produire des contenus propres ». D’autres acquisitions sont envisagées, notamment dans la vidéo en ligne. Par ailleurs, des films exclusifs pourraient être proposés par la filiale d’acquisition et de co-production Direct Cinéma (3) créée mi- 2010. Du côté des tuyaux, Bolloré Télécom est à pied d’oeuvre avec ses 22 licences régionales WiMax mais l’Arcep a menacé en novembre dernier de les
lui retirer faute de mise en service (4). La filiale – présidée par Dominique Roux, ancien membre de l’Arcep – teste des boucles locales radio (BLR), notamment à Brest et sur la Côte d’Azur, et compte bien garder ses autorisations de 2006 pour déployer la 4G (LTE) sur ses fréquences 3,5 Ghz. Avec Wifirst, Bolloré commercialise déjà un service d’Internet sans fil haut débit. @

Très haut débit : la 4G va coiffer au poteau le FTTH

En fait. Le 1er mars s’est achevé à Barcelone le 17e congrès annuel mondial de
la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, organisé sur quatre jours par la GSM Association. La téléphonie de quatrième génération – 4G – était à l’honneur. Les réseaux LTE seront-ils des concurrents pour le FTTH ?

En clair. Le très haut débit mobile (LTE) pourrait contrarier les projets de fibre optique
à domicile. Moins coûteux, car nécessitant moins de génie civil, les réseaux 4G sont
déjà au nombre d’une cinquantaine dans le monde, selon l’UMTS Forum et Wireless Intelligence. Et, selon le DigiWorld Institute (Idate), le nombre d’abonnés 4G va exploser à 830 millions d’ici à 2016 – contre plus de 5 millions aujourd’hui. Comparé au très haut débit optique (FTTH (1) en tête), il n’y a pas photo : le nombre d’abonnés FTTx dans le monde dépassera à peine les 200 millions d’ici à 2016 également (198 millions en 2015). Il y aura donc quatre fois plus d’abonnés FTTx que d’abonnés 4G ! Prenons l’opérateur américain Verizon, qui est à ce jour le numéro un mondial en termes d’abonnés LTE, loin devant le japonais NTT Docomo, le sud-coréen SK Telecom et les suédois TeliaSonera et Tele2. Or, Verizon est aussi un pionnier de l’investissement massif en FTTH et également le numéro un mondial dans ce très haut débit fixe. Que constate-t-on ? Que ses abonnés 4G sont en passe de rattraper et de dépasser le nombre d’abonnés FTTH. Il a fallu moins de deux ans au réseau très haut débit 4G de Verizon pour parvenir à constituer un parc de clients équivalent à celui de son réseau FTTH déployé il y a huit ans ! En effet, Verizon compte, au 31 décembre 2011, quelque 4,8 millions d’abonnés Internet très haut débit (2) (service fois) via la fibre optique à domicile déployé à partir de 2004. Par ailleurs, Verizon a lancé, en décembre 2010, son réseau mobile 4G – ou LTE (3) – avec le franco-américain Alcatel-Lucent comme principal fournisseur d’infrastructure (4). Un an après son lancement, la 4G de Verizon Wireless atteint déjà 4,4 millions d’abonnés à fin 2011,
si l’on en croit le « Wall Street Journal ». Autrement dit, 5% des 87,382 millions d’abonnés mobile de l’opérateur américain ont basculé vers la 4G en douze mois.
Le Mobile World Congress, où plus de 200 terminaux compatibles 4G ont été présentés cette année (smartphones, tablettes, combinés mobile-tablette (5), appareils M2M, …), promet un engouement pour la 4G et une explosion du trafic mobile mondial – lequel devrait être, selon l’Idate, multiplié par 33 à 127 Exabits en 2020, contre moins de 5 Exabits aujourd’hui ! Plus que sur la fibre, la monétisation des données devrait déboucher sur une « différenciation des tarifs » en fonction du débit 4G. @