Amazon réussit à démocratiser le livre numérique

En fait. Le 19 janvier 2010, les premières livraisons du Kindle DX – la version grand format du « e-reader » d’Amazon – débutent au-delà des Etats-Unis. Le géant mondial américain a vendu à Noël plus de livres numériques que de livre papiers.

En clair. Amazon aurait pu être aussi la vedette du salon mondial de l’électronique,
le Consumer Electronics Show (CES), s’il avait été présent début janvier à Las Vegas, dans le vaste espace alloué au livre numérique par les organisations. Qu’à cela ne tienne. Noël 2009 a donné le vrai coup d’envoi de ce nouveau média prometteur.
« Le Kindle est devenu l’article le plus offert de l’histoire d’Amazon. Le jour de Noël, pour la première fois, les clients américains ont acheté plus de livres pour le Kindle
que de livres papier » a expliqué Jeff Bezos, le PDG d’Amazon. C’est une première historique et un signe que le marché du livre numérique prend bel et bien son envol. Selon le cabinet d’études américain Forrester Research, les ventes de liseuses électroniques devraient doubler en 2010 pour s’élever à 6 millions d’unités (1). Le Kindle Store propose en téléchargement plus de 390.000 références, ouvrages ou journaux, vendues en général au prix de 9,99 dollars – voire 7,99 dollars. Soit plus
de deux fois moins cher que leurs équivalents imprimés. Mais la concurrence va être rude cette année : eReader de Sony, Nook de Barnes & Noble, Cool-er d’Interead, Vooks de Simon & Schuster, Que de Plastic Logic, Alex de Sprint Design ou encore Cybook du français Bookeen. Les constructeurs informatiques Apple, Hewlett-Packard et Dell entrent eux aussi dans l’arène avec des “tablettes” ou des “ardoises” qui entendent rivaliser avec les “e-readers”. La firme à la pomme, par exemple, devrait présenter l’iSlate à la fin du mois et commercialiser cette tablette au printemps prochain. Mais Amazon ne va pas se laisser faire. Plus de trois mois après le lancement à l’international du premier Kindle, le groupe américain a annoncé
(à la veille du CES) le lancement à l’international de la version grand format de son terminal : le Kindle DX. Sorti aux Etats-Unis en mai 2009, il permet de stocker jusqu’à 3.500 livres (contre 1.500 pour le modèle actuel). Avec ce modèle haut de gamme offrant un grand confort de lecture, le géant du e-commerce vise notamment les dirigeants d’entreprises, les milieux artistiques et le monde de l’éducation. Par ailleurs, quatre éditeurs outre-Atlantique (Hachette, Simon & Schuster, Harpers Collin’s, MacMillan) ont annoncé la mise en place d’une sorte de « chronologie des médias » appliquée à leurs livres qui seront numériques deux ou trois mois après la diffusion de l’imprimé… @

Le livre numérique cherche sa plateforme unique

En fait. Le 30 septembre, le ministre de la Culture et de la communication, Frédéric Mitterrand, s’est prononcé – au Centre national du livre – en faveur de la création d’une « plateforme unique d’accès à l’offre numérique en matière de livre » qui « devra réunir les éditeurs français ».

En clair. Le gouvernement fait de cette future « plateforme unique » de téléchargement de livres numériques un « projet stratégique » qui permettra la création d’une offre alternative à Google. « Je veillerai particulièrement à l’accompagnement que mes services pourront apporter pour faire aboutir ce projet », avait insisté le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, auprès des professionnels réunis au Centre national du livre. Mais le géant américain du Net dispose d’une longueur d’avance dans la numérisation des livres : 500.000 titres disponibles dès le « premier semestre 2010 », au moment où sa bibliothèque en ligne Google Editions sera lancée en Europe (1). Autre géant du Net, l’américain Amazon est le seul rival sérieux avec son Kindle Store offrant déjà plus de 200.000 titres numériques. Si la France ne veut pas qu’un duopole ne s’installe durablement, les éditeurs français sont appelés à faire bloc en proposant au grand public une alternative crédible. Il ne s’agit pas de répéter les mêmes erreurs que l’industrie du disque, laquelle n’avait pas proposé rapidement d’offre légale. Car le gouvernement veut aussi « éviter la dérive vers le piratage ». Mais pour l’heure, plusieurs grandes maisons d’édition sont déjà parties en ordre dispersé. Le numéro 1 français de l’édition, Hachette Livre, a racheté en 2008 la société Numilog à l’origine de la première plateforme de ce type en France avec environ 60.000 titres téléchargeables aujourd’hui. Hachette Livre chercherait à fédérer autour de lui les autres maisons – quitte à leur proposer d’entrer dans son capital –, mais sans succès jusque-là. Le deuxième éditeur français, Editis, entend lui aussi rassembler autour de sa E-Plateforme lancée le 9 octobre dernier avec déjà une centaine de maisons ou groupes d’édition : Michelin, Michel Lafon, Média-Participations ou encore le canadien Quebecor Média, sans oublier l’espagnol Planeta (la maison mère d’Editis). Quant au groupe La Martinière, qui attend pour le 18 décembre le jugement dans son procès pour contrefaçon contre Google, il a formé un triumvirat avec les éditions Gallimard et Flammarion autour de sa plateforme baptisée Eden-Livre (2). Mais pour mettre d’accord tout son monde, Frédéric Mitterrand va réformer la loi « Lang » sur le livre pour que l’ebook bénéficie aussi du prix unique et d’une TVA à 5,5 %. @