Les industries culturelles font appel aux internautes pour cofinancer leurs oeuvres

La musique, le cinéma, le livre ou encore la presse auraient-ils trouvé, à travers
les internautes, un nouveau filon pour cofinancer leurs productions ? MyMajorCompany, EditionduPublic, WeareProducteurs, Jaimelinfo, …
Les sites web participatifs se multiplient.

Chaque industrie culturelle a sa propre logique de financement, dans un univers économique et réglementaire qui lui est propre, son mode de production, d’investissement et de subventions : la musique avec sa licence légale et ses minimums garantis, le cinéma avec sa chronologie des médias et ses taxes « Cosip », le livre avec sa loi dédiée et son prix unique, ou encore la presse avec ses aides
d’Etat et sa publicité. C’est dans ce contexte bien établi qu’émerge un nouvel investisseur : l’internaute, celui-là même que les ayants droits soupçonnent d’être
pirate à ses heures ! Si faire appel aux dons du public – financement appelée crowdfunding – reste encore marginal, ce recours est prometteur.

Pourquoi Akamai Technologies intéresserait Apple

En fait. Le 27 octobre, la société américaine Akamai Technologies – leader mondial des réseaux de distribution de contenus sur Internet – publie des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Apple, qui fait partie de ses
gros clients, serait tenté de le racheter. Rumeur non démentie à ce jour…

En clair. « Nous ne commentons pas les rumeurs », a répondu le porte-parole d’Akamai, Jeff Young, à EM@. Ce n’est pas la première fois que Akamai fait l’objet
de rumeurs de rachat. Il y a presque un an jour pour jour, Google était cité comme repreneur potentiel, jusqu’à ce que le PDG d’Akamai, Paul Sagan, démente. Cette
fois, Appel serait intéressé. Son patron, Steve Jobs, n’a pas caché le 18 octobre – lors de la présentation des résultats de son quatrième trimestre – « qu’une ou plusieurs opportunités très stratégiques pourraient se présenter prochainement ». Or, dès le lendemain, un analyste financier américain, Brian Marshall a indiqué à l’agence Bloomberg que la société Akamai pourrait être une cible « importante » pour Apple en quête d’acquisitions. A la différence de Google, Apple est l’un des grands clients d’Akamai. Et ce, depuis 1999. Cette société du Massachusetts créée en 1998 et cotée au Nasdaq est ce que l’on appelle un Content Delivery Network (CDN), autrement dit un réseau de distribution de contenus sur Internet. Son métier : apporter au plus près des internautes ou des mobinautes les contenus qu’ils demandent pour les rendre disponibles plus rapidement. Pour ce faire, Akamai stocke localement – sur ses 73.000 serveurs dans 70 pays et connectés à ses 1.000 réseaux – les sites web, les vidéos et les applications mobiles les plus demandés. Autant dire que les CDN (1) ont le vent en poupe, au point de susciter des inquiétudes chez les opérateurs télécoms craignant cette concurrence sur le Net. Parmi les clients d’Akamai : Apple, mais aussi Microsoft, MTV Networks, MySpace, Nintendo, TF1, Dailymotion ou encore Allociné. Son chiffre d’affaires devrait franchir cette année la barre du milliard de dollars, contre 859,8 millions de dollars en 2009 pour 2.000 salariés. Le partenariat entre Apple et Akamai s’est même renforcé en 2003, lors du lancement de iTunes Music Store. Depuis, avec l’iPhone et l’iPad, iTunes est devenu depuis non seulement la première plateforme mondiale de téléchargement de musique (2) mais aussi de plus en plus présent dans la vidéo en ligne (20.000 épisodes de télévision et plus de 2.000 films de cinéma). Akamai se fait le champion de la « gestion optimisé des flux » et délivre jusqu’à 20 % du trafic quotidien du Web. L’activité est très lucrative : 145,9 millions de dollars de bénéfice net en 2009. Cela pourrait coûter cher à Steve Jobs. Qu’à cela ne tienne : Apple dispose d’une trésorerie de plus de 50 milliards de dollars ! @

TV sur mobile : TDF « regarde » MediaFLO et DVB-SH

En fait. Entre le 25 octobre et le 15 novembre, opérateurs mobiles, éditeurs de chaînes télévisées, producteurs de contenus, fabricants de téléphones mobiles, industriels de l’électronique et institutionnels contribuent à l’appel lancé par TDF sur la future norme de télévision mobile personnelle (TMP).

En clair. Télédiffusion de France (TDF) préparerait le terrain à la révision – voire à l’abrogation – de l’arrêté du 24 septembre 2007 (paru au J.O. du 30 septembre) qu’il ne
s’y prendrait pas autrement avec sa consultation TMP 360°. Décidé à lancer au second semestre 2011 le réseau broadcast de Virgin Mobile, l’ancien monopole public de radiotélédiffusion va – selon nos informations – préconiser une technologie pour la TMP
« fin 2010 ». Il en a été question le 26 octobre lors de l’entretien de Olivier Huart (patron
de TDF) et Pascal Rialland (Omer Telecom) avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Dans ce fameux arrêté, cosigné par les actuels ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, et Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Commerce et aux PME (1),
la norme DVB-H (Digital Video Broadcasting Handheld) est rendue obligatoire pour la TMP en France sous son numéro de norme délivré par l’institut européen ETSI (2) :
« EN 302 304 ». Soutenue par le finlandais Nokia avec Motorola, Philips ou encore Sagem, cette norme semble mort-née (arrêt en Suisse et limitée ou déclinante en Italie, Autriche, Finlande et Pays-Bas). Or, le Conseil des ministres européen des télécoms
du 29 novembre 2007 avait décidé que le DVB-H ne serait pas obligatoire pour la TMP. C’est ce qui pourrait arriver en France, à l’issue de la consultation de TDF. Surtout que d’autres technologies broadcast pour mobile sont apparues et s’avèrent moins coûteuses. Exemple : MediaFlo de l’américain Qualcomm, lequel avait écrit le 15 mars 2007 au gouvernement français pour qu’il respecte – en vain – la neutralité technologie. Il a lancé, il y a un an, le service FLO TV aux Etats-Unis.
Alors que Qualcomm annonçait début octobre la mise en vente sa filiale FLO TV, d’autres technologies pour la TMP sont soumises à commentaires par TDF : DVB-SH (3), DVB-T2, DVBNGH, CMMB, ISDB-Tmm. « Concernant la norme, nous discutons actuellement avec Qualcomm au sujet de sa technologie MediaFLO et nous regardons aussi la norme chinoise CMMB [équivalent du DVB-SH, ndlr] », avait indiqué Olivier Huart, dans une interview (4) à Edition Multimédi@. De son côté, Emmanuel Gabla, membre du CSA, a rencontré en juillet Sprint Nextel, Fox et NBC qui testent ensemble depuis mars le standard américain ATSC-H. Mais TDF l’écarte d’emblée, tout comme le DVB-H : « Ces technologies ont un intérêt limité, en raison de leur limite en réseau et flexibilité de service ou de performance ». @

Ephéméride

30 octobre
• France Loisirs et Chapitre (DirectGroup France) lancent leur lecteur de livres numériques, Oyo.

28 octobre
• La carte musique pour les 12-25 ans (à 50 euros financée pour moitié par l’Etat) est lancée par le ministère de la Culture, avec 14 plateformes en ligne.
• L’Autorité de la concurrence indique que Google s’engage à rendre « plus transparente et plus prévisibles » ses règles de publicité en ligne AdWords.
• Médiamétrie publie pour la première fois les audiences mobiles des sites web, portail et applications.
• Orange annonce qu’il lancera fin novembre l’application de téléchargement de livres numériques « Read&Go ».
• TF1 annonce que son site de vidéo Wat.tv atteint 6,5 millions d’internautes en septembre.

Futur décret SMAd : désaccord entre cinéma et vidéo

En fait. Le 26 octobre, NPA Conseil a organisé la 12e édition de son colloque
« Quelles stratégies industrielles pour les médias numériques ? », sur fond de multiplication des écrans (télé, PC, mobile, TV connectée…). Il a été beaucoup question de l’avis surprise du CSA contre le projet de décret SMAd.

En clair. L’avis défavorable que le CSA a rendu au gouvernement le 27 septembre sur
le projet de décret fixant les obligations d’investissement des SMAd (1) – vidéo à la demande et télévision de rattrapage – dans les films de cinéma français et européens, n’en finit pas de faire des vagues. La filière cinématographique (UPF, APC, SPI, ARP, …) a exprimé sa surprise et son désaccord avec le CSA. Lors du colloque «NPA Conseil-Le Figaro », Marc Tessier – président de Video Futur et président du Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande (SEVD) – s’est félicité de cet avis. « Le CSA a eu la sagesse d’adopter un taux progressif avec une clause de réexamen dans 18 ou 24 mois. Cela aurait été une anomalie que d’appliquer aux SMAd un taux [de contribution financière calculée sur le chiffre d’affaires] identique à celui de la télévision. Nous n’avons pas les mêmes marges ! », a-t-il souligné. Le président du CSA, Michel Boyon, a profité du colloque pour rappeler le caractère « nouveau » de ces services audiovisuels à la demande, lesquels affichent encore une « rentabilité fragile » et sont confrontés à une « concurrence frontale de services transnationaux », avec la crainte de voir débarquer en Europe les Google TV, Apple TV et autres Hulu. Si l’on y ajoute les « difficultés d’accès aux droits de diffusion », le régulateur a préféré conseiller au gouvernement de ne pas prendre le risque de voir les SMAd nationaux se délocaliser hors de France pour échapper à des « obligations excessives ». Et comme l’a relevé Laurence Franceschini, directrice générale de la DGMIC (2), « c’est la première fois que le CSA communique
sur l’aspect “défavorable” d’un avis ». Si les plateformes de VOD se sont dite rassurées, notamment par la voix de la Fédération française des télécoms demandant une progressivité des obligations sur sept ans, les chaînes de télévision – TF1, M6, Canal+, … –, qui misent aussi sur la délinéarisation, le sont aussi. Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, a profité du débat pour ironiser :
« Je soutiens l’avis du CSA car (…) lorsque la Mafia raquette une pizerria, elle attend qu’il y ait de l’argent. Alors qu’en France, on raquette la pizerria avant même de savoir si elle a de l’argent ! ». Ce qui n’a pas manqué d’agacer Hervé Rony et Pascal Rogard, directeurs généraux respectivement de la Scam (3) et de la SACD (4), soucieux de
« préserver la diversité culturelle ». @