Ovi est-il soluble dans l’alliance Nokia-Microsoft ?

En fait. Le 13 février, à la veille de l’ouverture du Mobile World Congress qui s’est déroulé sur quatre jours à Barcelone, le numéro un mondial des fabricants de mobiles, Nokia, a précisé les termes de son accord avec le numéro un mondial
des logiciels, Microsoft. Mais l’avenir d’Ovi semble en suspend.

En clair. Au-delà du fait que Nokia – détenteur encore 28,9 % de parts de marché en nombre de téléphones portables vendus en 2010 dans le monde (1) – va adopter Windows Phone comme «sa principale plateforme pour sa stratégie smartphone »,
la question de l’avenir d’Ovi lancé en 2006 et de sa version Store ouverte en mai 2009
se pose. « Nokia et Microsoft sont en train de finaliser les termes de leur accord.
En combinant nos actifs complémentaires dans le “search“, la cartographie, la géolocalisation, le e-commerce, les réseaux sociaux, le divertissemrent ou encore la publicité, nous espérons créer une nouvelle offre pour les consommateurs », répond Henna Pelkola, porte-parole de Nokia, à Edition Multimédi@. Les deux numéros un
ont annoncé le 11 février un « partenariat stratégique pour construire un nouvel éco-système global ». Les PDG de Nokia et Microsoft, respectivement Stephen Elop (2)
et Steve Ballmer, ont expliqué que « la boutique de contenus et d’applications de Nokia sera intégrée au Marketplace de Micosoft. Aujourd’hui, les développeurs, les opérateurs et les consommateurs sont plus exigeants sur les terminaux mobiles, qui doivent inclure
non seulement le portable, mais aussi le logiciel, les services, les applications et l’assistance ». Est-ce la fin programmée d’Ovi Store qui avait comme objectif de générer 2 milliards d’euros de revenus din 2011 ? « Nokia n’a pas retiré le nom d’Ovi Store », a tenu à préciser Kai Oeistaemoe, vice-président du groupe finlandais, à Bloomberg. Riche en applications, musiques, vidéos et jeux, Ovi concentre les efforts de Nokia dans les contenus face à Apple et Google.
Malgré le lancement à l’automne dernier de son smarphone N8, qui offre avec Ovi de
la TV à la demande (CNN, Paramount, National Geographic, …), les usages peinent
à décoller avec moins de 100 millions d’utilisateurs recensés sur Ovi Store (3). L’arrêt d’Ovi Music Unlimited (ex-Comes with Music) – lancé deux ans plus tôt – a été annoncé en début d’année, faute de succès face à iTunes malgré 6 millions de titres. En 2009, Nokia avait déjà dû fermer son service de jeux vidéo N-Gage. Néanmoins, Ovi Store s’enrichit grâce notamment à un partenariat annoncé en mai 2010 entre Nokia et Yahoo. Le fabricant apporte cartographies et géolocalisation (Ovi Maps), le concurrent de Google sa messagerie. En septembre dernier, un autre accord a été conclu avec Orange. Ce dernier aura son espace sur Ovi où les mobinautes pourront payer des contenus directement via leur facture France Télécom. @

Numérique : 10 % du divertissement cette année

En fait. Le 14 janvier, l’institut d’études GfK a publié son bilan 2010 du marché français de l’« Entertainment » à travers les ventes physiques et dématérialisées
du livre (50 % du chiffre d’affaires), des loisirs interactifs (22 %), de la vidéo
(18 %) et de la musique (10 %). Le numérique tire la croissance.

En clair. C’est durant cette année que les ventes numériques sur le marché français
du divertissement (Entertainment) va franchir pour la première fois les 10 % du chiffre d’affaires total. « Grâce à cette dynamique inéluctable des marchés dématérialisés, l’ensemble du marché de l’Entertainment – physique et dématérialisé – a de fortes chances de s’inscrire dans un schéma de croissance en 2011, pour dépasser les
8,5 milliards d’euros, dont près de 1 milliard d’euros pour le seul marché dématérialisé », affirme François Klipfel, directeur général adjoint chez GfK Retail and Technology France. L’an dernier, les ventes dématérialisées ont déjà représentées 686 millions d’euros, soit 8,2 % des 8,3 milliards d’euros réalisés de façon cumulée (physique + numérique). Grâce au numérique, qui compense plus que jamais avec ses 30 % de croissance sur un an, le marché du divertissement en France (livres, loisirs interactifs/ jeux, vidéos et musiques) a évité à nouveau en 2010 l’érosion due à l’affaissement des ventes physiques. D’après les chiffres de GfK, ces dernières ne cessent de décroître inéluctablement : -2,1 % entre 2009 et 2010, à 7,69 milliards d’euros. Le marché physique de la musique, par exemple, accuse une baisse de 11,7 % à 719 millions d’euros. Pour le marché de gros, le Snep (1) avait indiqué au Midem que le recul en 2010 a été de 8,9 % (lire EM@28, p. 4). « L’année 2010 marque un tournant dans l’histoire du marché de la musique puisque l’équilibre entre les actes d’achat physique et numérique a été quasiment atteint avec 54 millions de CD vendus et 52 millions d’actes de téléchargement web et mobile [en augmentation de 23,9 % à 93 millions d’euros, ndlr]», constate GfK. La vidéo, elle, représente en 2010 un marché dynamique grâce à l’essor de la VOD qui augmente de 52 % en volume (39,4 millions de téléchargements) et 40 % en valeur (135 millions d’euros). « Force est de constater que le raccourcissement de la fenêtre d’exploitation à 4 mois a tenu ses promesses et a prolongé sur 2010 l’effet positif constaté en 2009 », commente Gaël Babarit, chez GfK. Concernant les loisirs interactifs, jeux vidéos en tête, les jeux en ligne ont généré l’an dernier 400 millions d’euros de chiffre d’affaires – ce qui représente 13 % de ce segment de marché. Quant au marché du livre, il reste encore largement dominé par
le papier mais le livre numérique devrait, selon GfK (2), « commencer à générer des ventes additionnelles en 2011 ». @

L’accord ACTA entre dans sa dernière ligne droite

En fait. Le 18 février, le porte-parole du commissaire européen Karel De Gucht
– en charge du Commerce – a précisé à Edition Multimédi@ le calendrier prévu pour que l’accord « anti-contrefaçon » soit adopté par la Commission européenne et le Conseil de l’Union, puis finalement voté par le Parlement européen.

En clair. Les négociations internationales démarrées en juin 2008 autour d’un accord commercial anti-contrefaçon – Anti- Counterfeiting Trade Agreement (ACTA) – ont abouti le 15 novembre dernier à un texte finalisé par onze pays, lesquels l’ont rendu public le 6 décembre (1). Il s’agit de protéger, dans le cadre d’un coopération internationale, la propriété intellectuelle de toute violation, « y compris les infractions commises dans l’environnement numérique ». Selon nos informations recueillies auprès de la direction Commerce à Bruxelles, le texte final doit encore être approuvé par les instances européennes. «La Commission devrait adopter l’ACTA dans la première quizaine de mars. Le Conseil de l’Union pourrait signer l’accord fin mai ou à la fin juin. Quant au Parlement européen, il est prévu qu’il vote son “consentement“ au plus tôt
en juillet ou au plus tard en septembre ou octobre », nous explique John Clancy, porte-parole du commissaire Karel De Gucht. Une fois adopté par l’Europe et les dix autres pays, dont les Etats-Unis et le Japon (2), l’ACTA pourra passer à l’acte. Il consacre notamment un chapitre «Renforcement de la propriété intellectuelle dans l’environnement numérique », où il est prévu des « remèdes expéditifs pour prévenir l’infraction ». Il s’agit de « renforcer les procédures civiles et pénales » au niveau mondial. Cela passe par une « coopération entre les acteurs professionnels », ainsi que par la collaboration des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) auxquels « les autorités compétentes pourront ordonner de divulguer promptement les informations pour identifier un abonné dont l’accès a été utilisé pour l’infraction ». Le texte ouvre la voie internationale à protection légale contre la violation des mesures techniques de protection utilisées par les « auteurs, interprètes et producteurs » pour gérer leurs œuvres (musiques, films, vidéos, …). Est également visée « l’utilisation illégale de moyens de distribution très large » (widespread distribution) sur les réseaux électroniques (web, peer-to-peer, streaming, …). L’ACTA prévoit en outre que les injonctions adressées par une autorité judiciaire, à un FAI par exemple, devront être exécutoires. Les ayants droits pourront prétendre au niveau international à des dommages et intérêts pour cause de piratage et de « perte de profits » en fonction de
la valeur du marché. La fin du texte prévoir la création d’un « comité ACTA » pour veiller à l’application de l’accord international et à sa mise à jour. @

…mais Google leur offre une plateforme alternative

En fait. Le 16 février, soit le lendemain de l’introduction de l’abonnement sur l’App Store d’Apple, Google annonce le lancement de « One Pass » à destination des éditeurs de journaux qui pourront vendre leurs articles à l’acte ou à l’abonnement. Le géant du Net reversera, lui, 90 % environ du prix de vente.

En clair. Google est le mieux à même de concurrencer Apple sur le marché mondial des kiosques numériques. Face aux interrogations que suscite le monde fermé et contraignant de l’écosystème iTunes/App Store (voir ci-dessus), le numéro un mondial des moteurs de recherche joue la carte de la plateforme ouverte et contrôlable par les éditeurs. L’annonce a été faite à Berlin par le PDG de Google, Eric Schmidt (1). Au-delà du fait que le géant de Moutain View percevra seulement 10 % environ du prix de vente à l’acte ou à l’abonnement (au lieu des 30 % ponctionnés par Apple), One Pass se veut plus attractif. Les éditeurs gardent la maîtrise de leurs ventes et de l’identité de leurs lecteurs, qu’ils soient sur le web, les mobiles ou les tablettes. Autrement dit, Google veut être l’antithèse d’Apple. Les éditeurs déjà séduits par One Pass, tels que Le Nouvel Observateur en France (où le service s’appelle « Pass Média »), Axel Springer en Allemagne ou encore Prisa en Espagne, peuvent établir leurs propres tarifs et conditions commerciales (unité, abonnement, « freemium », packs, etc). Les contenus peuvent être aussi bien vendus à l’intérieur de l’application mobile ou sur le site web de l’éditeur. Cependant, les utilisateurs doivent passer par le mode de paiement Checkout de Google pour faire leurs achats.
« Les utilisateurs déjà abonnés peuvent bénéficier d’un accès complet en ligne en toute simplicité, via un système de coupons. L’éditeur peut choisir de proposer un article en consultation pendant une semaine ou 30 jours », indique par exemple Google. Avec
« Google Pass Média », la presse en oublierait presque les griefs envers « Google
News », accusé de ne partager les fruits de la e-pub. En Italie, ce service agrégeant
les articles des sites web d’information était soupçonné d’abus de position dominante (2) – jusqu’à ce que l’autorité de la concurrence obtienne des garanties en janvier dernier : un éditeur peut désormais décider de ne plus apparaître dans Google News sans disparaître du moteur de recherche Google. En France, l’Autorité de la concurrence a indiqué le 14 décembre dernier qu’elle veillera à ce qu’il en soit de même pour Google Actualités. Reste une pierre d’achoppement : le Syndicat national de la presse quotidienne (SPQN) n’a pas réussi à obtenir une rémunération des articles repris sur Google Actualités (3). Le géant du Net estime qu’il n’a rien à payer aux journaux qui bénéficient déjà en retour d’un afflux de trafic sur leurs sites web. @

Les médias sont de plus en plus attirés par Apple…

En fait. Le 15 février, Apple donne la possibilité aux les éditeurs présents sur iTunes Store – accessible via App Store pour les iPhone, iPod Touch et iPad –
de proposer désormais des abonnements. Comme pour les ventes à l’acte, seules proposées jusqu’alors, ils percevront 70 % du prix de vente.

En clair. Les relations ambiguës entre la presse et la marque à la pomme vont s’intensifier. Les éditeurs de journaux admirent et craignent à la fois le géant Apple et
son iTunes Store. Cette boutique en ligne, lancée en 2003 sur le marché de la musique
en ligne où elle est aujourd’hui en position dominante, est accessible non seulement à partir d’un ordinateur (PC et Mac) mais surtout – depuis juillet 2008 – via l’App Store par 160 millions de terminaux portables à ce jour dans monde dotés du système d’exploitation fermé iOS (1). En proposant ce qu’Amazon a déjà pour son Kindle Store, à savoir l’abonnement payant, Apple veut rendre encore plus attractif son écosystème pour les éditeurs (presse, musique, vidéo, jeux, gadgets, …). Par exemple, en France, Le Point est parmi les premiers à adopter l’abonnement iPad. Le partage de la valeur reste inchangé : 30 % du prix de vente pour Apple et 70 % reversé à l’éditeur. Mais comme Apple Europe basé au Luxembourg paie 9 % de TVA réduite non récupérable, l’éditeur ne touche en fin de compte que 61 %… A moins que l’éditeur ne recrute l’abonné à la même « appli » directement sur site web où il peut proposer l’abonnement « au même prix ou moins » et avec le mode de paiement de son choix. Auquel cas, Apple ne touche rien. Sinon sur App Store, payer par iTunes est obligatoire. En janvier, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) s’était inquiété du « danger » de voir Apple imposer son système de paiement iTunes et une grille tarifaire d’abonnements. Finalement, l’éditeur aura le choix du prix et de la durée de souscription. Tandis que l’abonné recruté sur App Store aura l’option de donner ses coordonnées à l’éditeur, ce qui n’est pas le cas à l’acte où Apple garde la mainmise sur le client. « Notre philosophie est simple », a affirmé le 15 février Steve Jobs le PDG de la firme de Cupertino (2), en proposant ce compromis que l’autorité de la concurrence aux Etats- Unis – la FTC – étudie néanmois (3). Pour autant, les transactions dans l’appli (« In-App Purchases ») restent facturées par Apple. Et pour les ventes à l’unité, la grille tarifaire et le paiement par iTunes demeurent imposés. App Store compte déjà 350.000 « apps », dont 60.000 dédiées à la tablette multifonction. Presque tous les journaux sont sur l’iPad, perçu comme une « planche de salut » pour faire payer leurs articles que les internautes et les mobinautes trouvent souvent gratuitement sur le Web. Mais qui trop embrasse, mal étreint. @