Google devient opérateur télécoms le 10 septembre

En fait. Google Inc. a indiqué à EM@ que 76 des 202 zones de desserte en fibre optique (« fiberhoods »), définies par Google Access dans Kansas City, avaient atteint au 20 août dernier leurs objectifs de pré-enregistrements d’habitants. Premiers raccordements à 1 Gigabit/s, à partir du 10 septembre.

En clair. « Nous sommes en train de construire à la demande le réseau Google Fiber »,
a expliqué Jenna Wandres, porte-parole chez Google Inc., à Edition Multimédi@. Le calendrier de déploiement du premier réseau de fibre optique de Google devrait être connu dès le 10 septembre. Les villes jumelles Kansas City (Etat du Kansas) et Kansas City (Etat du Missouri) ont été divisées en 202 communautés que Google Fiber appelle « fiberhoods« . Mais, pour que chacune d’elles puissent bénéficier effectivement du déploiement et des services du réseau ultra haut débit – 1 Gigabit/s – du groupe de Mountain View, « cette zone de desserte doit atteindre un radio d’habitants pré-enregistrés qui varie de 5 % à 25 % des foyers du “fiberhood” selon les cas et les difficultés pour le raccordement », a-t-elle précisé lorsque nous l’avons contactée le 20 août dernier.
Les habitants des deux villes mitoyennes avaient jusqu’au dimanche 9 septembre pour
se préenregistrer, moyennant… 10 dollars de frais de dossier ! D’aucuns diront que cela semble un peu mesquin de la part du géant du Web, qui brasse des milliards de dollars
de bénéfices…

De l’ultra haut débit Google Fiber bientôt en Europe ?
Quoi qu’il en soit, près d’un mois après l’annonce, le 26 juillet, du lancement des pré-enregistrements, 76 des 202 zones de foyers avaient atteint le taux acceptable par Google pour être « éligibles au service ». Ceux qui n’auront pas atteint pas le ratio souhaité le 9 septembre, n’auront donc pas la giga-fibre. Pour convaincre les « Kansas Citians’ » et atteindre les objectifs, un « Fiber Space » a été ouvert 7 jours sur 7 pour expérimenter l’ultra haut débit et la TV HD « comme du crystal ». « Google Fiber aura un impact sur l’éducation, la santé et le bien-être, le divertissement, le jeu et les sports », promet le numéro un des moteurs de recherche et des sites de partage vidéo.
Mais pour s’offrir le triple play ultrarapide avec flux TV HD, l’abonné devra débourser
120 dollars par mois (1). Sinon, il lui en coûtera 70 dollars par mois pour l’Internet ultra haut débit seul ou pour… 0 dollar pour un simple haut débit Internet (5 Mbits/s), mais 300 dollars d’installation. Google Access sera aussi « opérateur d’opérateurs », en permettant à des entreprises tierces d’offrir leurs services ultra haut débit. Et après ? Comme en mars dernier, Jenna Wandres nous a redit que « Google Fiber est concentré sur son déploiement à Kansas City et n’a pas pour l’instant de projet de fibre en Europe » (2). Pour l’instant… @

Google Fibre n’exclut pas d’investir aussi en Europe

En fait. Le 1er mars – soit le lendemain de l’annonce par Google Access du déploiement effectif de la fibre optique à travers les villes jumelles Kansas City
(Etat du Kansas) et Kansas City (Etat du Missouri) –, Edition Multimédi@ a demandé à Google Inc., s’il investirait aussi dans la fibre en Europe.

En clair. « Nous n’avons rien à annoncer pour l’instant sur de futurs déploiements de fibre en Europe », nous a répondu Jenna Wandres, porte-parole du géant de Mountain View. Même réponse après avoir insisté pour savoir si nous devions comprendre que l’Europe n’était donc pas exclue par Google, pour un futur projet de construction de réseau ultra-haut débit comme à Kansas City. « A l’avenir, nous devrons considérer la possibilité d’amener l’ultra haut débit à d’autres collectivités », a-t-elle ajouté. Pour l’heure, le déploiement dans Kansas City a enfin débuté. « Nous sommes prêts à mettre la fibre », a lancé Kevin Lo, le
6 février dernier, sur le blog du projet Google Fiber qu’il dirige. Déjà en retard, il n’a pas précisé le calendrier de déploiement. Le 25 juillet dernier, le géant du Net prévoyait, en effet, de déployer fin 2011 pour ouvrir le service « au cours du premier trimestre 2012 ». Mais les investigations des ingénieurs de Google pour repérer les lieux, faire des relevés topographiques et de génie civil, tout en collectant des informations sur les résidents, ont pris plus de temps. Google va d’abord construire son backbone, pour ensuite raccorder les « Kansas Citians’ » en FTTH (1). Le déploiement va se faire sur « plusieurs milliers de kilomètres [miles] de câble », à travers les deux villes qui se jouxtent. Une fois raccordés, les habitants auront une connexion à Internet de 1 Gbit/s en téléchargement, soit un accès « 100 fois supérieur à ce dont dispose la plupart des Américains », a-t-il rappelé. Google s’était déjà fait les dents sur un réseau de fibre optique pilote dans un quartier résidentiel de l’Université de Stanford à Palo Alto, mais les débits ne dépassaient pas
les 150 Mbits/s (download). Selon Jenna Wandres (2), la fibre optique de Kansas City
est d’abord destinée aux particuliers (prix non encore fixé, mais « compétitif »). Les écoles et services publics des villes jumelles seront eux aussi prioritaires et, par la suite, des entreprises pourraient être raccordées. En outre, Google Access sera aussi « opérateur d’opérateurs » en permettant à des entreprises tierces d’offrir leurs services ultra-haut débit. Et après ? « Environ 1.100 collectivités locales à travers [les Etats-Unis] ont manifesté leur intérêt dans notre projet », avait indiqué Google, l’an dernier, lors du démarrage de son initiative. @

Pascal Rialland, Virgin Mobile : « L’inflation de taxes pour financer la création est inquiétante »

Le DG de Virgin Mobile, premier opérateur mobile virtuel (MVNO) en France, explique à Edition Multimédi@ ce que sera son offre quadruple play et media center prévue pour début 2012. Il se dit aussi plus préoccupé par les industries culturelles que par l’arrivée de Free Mobile.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Virgin Mobile est le premier MVNO en France, avec plus de 2 millions d’abonnés. Les MVNO, qui ont franchi les 10 % du total des mobiles, peuvent-ils encore croître face à Free Mobile ?
Pascal Rialland :
Les 67 millions de lignes mobiles sont encore majoritairement détenues par les opérateurs Orange et SFR. Pourtant, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à souscrire à des offres alternatives et notamment à celles des marques du groupe Omea Telecom (Virgin Mobile, Breizh Mobile, Tele2 et Casino Mobile). La croissance de notre activité se fait sur un marché certes stable, mais où les consommateurs de plus en plus experts sont sensibles à la concurrence et recherchent les meilleures offres au meilleur prix. Nos offres sont idéalement positionnées dans le contexte actuel. Quant à l’arrivée d’un quatrième opérateur, elle est un événement avant tout médiatique. Cette année a vu plusieurs lancements : La Poste Mobile, Sosh, B&You, Darty Mobile, offres innovantes sur le Web, … Je ne pense donc pas que l’arrivée d’un nouvel acteur puisse changer radicalement la dynamique du marché. Le succès de Virgin Mobile est en grande partie dû à notre capacité à offrir un service de grande qualité, en nous appuyant sur un coeur de réseau propre (Full-MVNO) et sur les antennes radio de nos partenaires (Orange et SFR).

EM@: Etre Full-MVNO et en dégroupage total ADSL avec SFR, vous permet-il de concurrencer pleinement SFR, y compris en 4G ?
P. R. :
Nous avons la conviction, que notre modèle de Full-MVNO est pertinent dans la durée et – avec bientôt quatre opérateurs ayant acquis des licences et déployant, souvent avec une difficulté croissante, leur réseau – a un bel avenir devant lui. Nous entendons bien rester le leader en ce domaine. SFR est certes un concurrent formidable mais également un partenaire de très grande qualité. Je pense d’ailleurs que nous sommes également vus par SFR et par Orange comme un partenaire qui apporte de belles opportunités de croissance. Le marché des télécoms devient mature et la vision manichéenne des relations entre les acteurs est dépassée. Le temps de la “coopétition”est maintenant là.

« Le sujet de fond, face au développement croissant de ce type d’usage, porte sur la question de l’obtention des droits de diffusion multicanaux. »

EM@ : Comptez-vous lancer avant Noël votre offre quadruple play pour profiter des fortes ventes de fin d’année ? Ne craignez-vous pas que le multi-play ne rigidifie le marché en incitant l’abonné à mettre tous ses oeufs dans le même panier ?
P. R. :
La fin de l’année 2011 restera très orientée « mobile » chez Virgin avec le lancement d’innovations tarifaires majeures, pour les petits utilisateurs ou les consommateurs à la recherche du meilleur rapport qualité-prix. Notre offre « 4P » sera disponible en début d’année prochaine. Elle est avant tout destinée à nos clients mobiles qui recherchent une solution simple et économique pour leurs besoins télécoms fixe, Internet et IPTV. En aucun cas elle ne représente un moyen de « bloquer le client » : cette offre sera sans engagement et pourra être couplée à des offres mobiles, elles aussi sans engagement. Nous voulons que nos clients restent chez Virgin Mobile parce qu’ils sont satisfaits et non pas parce qu’ils n’ont pas le choix !

EM@ : Début juin, Virgin Mobile a annoncé avoir signé avec Netgem la fourniture d’un décodeur IPTV dans le cadre son offre quadruple play. Quel regard portez-vous sur le marché IPTV français, l’évolution des usages, la concurrence entre FAI et TV connectée ?
P. R. :
Notre ambition est de proposer à nos clients la générosité de nos offres mobiles combinées à une offre triple play Virgin box, très riche. Ainsi, l’offre IPTV comportera dès le lancement plus de 250 chaînes TV. Un soin tout particulier est porté à la qualité des programmes et bouquets TV proposés pour satisfaire pleinement tous les membres de la famille. Le décodeur IPTV fourni par Netgem constitue également un « media center » permettant de fédérer et de profiter de l’ensemble des contenus audiovisuels du foyer. Même si les pratiques de consommation TV et vidéo sont en évolution rapide, l’usage des téléviseurs de plus en plus grands associé à une télécommande au fond de son canapé restent très prédominant. La Virgin box répondra pleinement à cette clientèle exigeante. L’arrivée de la TV connectée en Europe est annoncée mais reste embryonnaire pour le moment. Le sujet de fond, face au développement croissant de ce type d’usage, porte sur la question de l’obtention des droits de diffusion multicanaux. Car la qualité des contenus vidéo offerte au public est déterminante. Dans cette course à l’agrégation de contenus, la seule technologie est insuffisante pour convaincre un public exigeant. Nous sommes sûrs que le succès réside dans la relation de confiance entre l’utilisateur et l’opérateur de services.

EM@ : Le Sénat va examiner le projet de loi de finances 2012 dans lequel les députés ont adopté en octobre l’amendement « Taxe sur les services de télévision » (TST) qui augmente la contribution des FAI au Cosip. En tant que MVNO, le contestez-vous ?
P. R. :
Comme les autres opérateurs fixes et maintenant mobiles, nous serons effectivement soumis à la taxe dite TST. Et ce, sur l’ensemble de notre activité (MVNO traditionnel, Full-MVNO et bien sûr FAI). L’objectif affiché d’éviter le contournement fiscal est peut-être louable mais nous regrettons que la mesure se traduise par une taxe dont l’assiette n’est pas suffisamment précisée : le rendement prévisionnel de la taxe pour les opérateurs pourrait dépasser les 300 millions d’euros, ce qui va très au-delà des 190 millions attendus par le gouvernement et présentés au Parlement. Cette taxe vient frapper les opérateurs mobiles déjà soumis à la très forte pression fiscale pèsant sur le secteur. Dans ce contexte, comme membre de la Fédération française des télécoms (FFT), nous contestons l’idée d’une TST dont l’excédent, au-delà de la part nécessaire pour le financement des actions du CNC, servirait à abonder le budget de l’Etat, ce qui reviendrait à ajouter un nouveau prélèvement sur l’accès à Internet fixe et mobile. Et cette taxe impacte fortement les MVNO dont la solidité financière n’est pas celle des opérateurs historiques fixes et mobiles du fait de leur jeune âge et qui, par ailleurs, ne tirent que très marginalement profit de leur activité de distributeurs de services de télévision, nos clients étant très soucieux de maîtriser leur budget. Cette nouvelle mesure est de nature à affecter leur capacité à investir et à innover.

EM@ : Les industries culturelles veulent accroître la contribution des FAI au financement de la création : après le cinéma (CNC), la musique (CNM) et le livre (CNL), sans oublier la taxe copie privée sur les « box » et smartphones. Est-ce légitime ?
P. R. :
Nous constatons effectivement la multiplication des taxes visant les opérateurs télécoms afin de financer l’industrie culturelle. Cette inflation est inquiétante car elle fait largement reposer sur les opérateurs télécoms français le soutien à la création, alors que d’autres acteurs de la chaîne de valeur et fournisseurs de services, notamment internationaux, en sont totalement ou partiellement exonérés.

EM@ : Les industries culturelles veulent aussi que l’Hadopi bloque des sites
de piratage d’œuvres : acceptez-vous de coopérer au filtrage (Deep Packet Inspection) ?
P. R. :
En ce qui concerne la lutte contre le piratage, nous avons pour objectif d’y participer activement et de bonne foi. Pour ce faire, nous appliquerons dans la limite de nos possibilités techniques, le cas échéant via les fonctionnalités de DPI, les mesures qui auront été définies et agréées entre les différents intervenants et notamment la FFT. @

Les opérateurs télécoms prônent la TV sur fibre

En fait. Le 3 octobre, lors du colloque organisé par l’association des opérateurs télécoms historiques (Etno) et le Financial Times, la commissaire européenne Neelie Kroes a lancé l’idée de réduire les revenus des réseaux de cuivre d’un opérateur historique s’il n’investit pas dans la fibre optique.

 En clair. Les opérateurs historiques n’apprécient guère la menace de Neelie Kroes.
Par la voix de leur association de lobbying basés à Bruxelles, Etno (1), ils estiment
que baisser les prix de leur boucle locale freinerait leur investissement dans la fibre.
Les France Télécom, Deutsche Telekom et autres Telecom Italia en appellent plutôt à
la Commission européenne pour « encourager la demande » pour les réseaux très haut débit et notamment pour « encourager la migration de la télévision de plateformes [de diffusion] terrestres vers les réseaux haut débit dont la fibre, ou vers les réseaux mobile/satellites lorsque la fibre n’est pas disponible ».
Pour le président de l’Etno, Luigi Gambardella, « la TV-over-fiber sera la killer application pour encourager la demande pour les réseaux de fibre ». Basculer la télévision sur fibre permettrait en plus, selon les opérateurs historiques, de libérer des fréquences pour les réseaux mobile ou sans fil. Le problème est que la demande en fibre reste poussive :
4,1 millions d’abonnés dans les Vingt-sept, sur les 23,4 millions de raccordement déployés, selon une étude de l’Idate pour le FTTH Council Europe (EM@43, p. 5).

30 Mbits/s au moins par Européen d’ici 2020
L’objectif communautaire – que tous les Européens aient au moins 30 Mbits/s d’ici 2020, dont la moitié à 100 Mbits/s – semble hors d’atteinte. Mais la Commission européenne ne désarme pas. La commissaire européenne en charge du numérique propose donc de faire d’une pierre deux coups : baisser les prix « trop élevés » du dégroupage des opérateurs historiques, sauf « dérogation » faite aux opérateurs historiques qui investiraient suffisamment dans un réseau de fibre optique et dans
un temps raisonnable. Pour les opérateurs historiques récalcitrants, l’exécutif européen envisage de réduire le prix de location de la paire de cuivre.
Neelie Kroes, dont l’objectif est d’inciter à terme au remplacer (switch-off) le cuivre
par la fibre (2), constate en outre que les régulateurs nationaux divergent lorsqu’il s’agit de définir les « tarifs orientés vers les coûts » d’accès à la boucle locale de cuivre des opérateurs historiques. Le dégroupage du réseau téléphonique – c’est-à-dire sa location par les opérateurs concurrents ou fournisseurs d’accès à Internet (FAI) – varie en effet de 5,21 euros à 12,41 euros par mois, selon les Etats membres. Bruxelles lance une consultation publique jusqu’au 28 novembre. @