Préachats de films : Canal+ baisse, Orange monte

En fait. Le 17 mai, au Festival de Cannes, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a dressé le bilan de l’année 2009. Si la fréquentation des salles est un record (201 millions d’entrées), les investissements dans 230 films français ont été en recul de 26,3 % à 1,1 milliard d’euros.

En clair. Bien que le cinéma français « demeure relativement dynamique tant en volume, au-dessus des 200 films, qu’en investissement, au-dessous du milliard
d’euros », comme l’a constaté Véronique Cayla, présidente du CNC, sur la Croisette,
« la diminution des investissements est bien réelle ». Et de mettre en garde : « Dans
ce contexte de tension économique, (…) nous devons donc être prudents, et accorder dans les mois à venir une attention redoublée à l’évolution de la production cinématographique française ». Si les sociétés de production et les chaînes de télévision demeurent les principaux financiers des films « d’initiative française », le premier pourvoyeur de fonds du cinéma en France – Canal+, filiale du groupe Vivendi – a diminué l’an dernier son enveloppe de 5,3 % à 164,79 millions d’euros répartis entre 134 films (dont 121 français). De son côté, le bouquet de chaînes thématiques CinéCinéma (1), qui appartient aussi au groupe Canal+, a vu sa participation augmenter de 18,8 % à près de 20 millions d’euros pour 112 films (dont 103 français). Quant aux préachats de films par TPS Cinéma, également contrôlé par le groupe Canal+, ils sont aussi en baisse, de 46,6 % à 11,90 millions d’euros répartis entre 34 films (dont 33 français). La chaîne cryptée, dont l’accord de décembre 2009 avec le Bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc) vient d’être signé par le Blic (2), contribue encore pour environ 20% de l’ensemble des investissements dans les films
« agrées » en 2009. Mais il faut désormais compter sur un nouvel entrant : Orange Cinéma Séries. La filiale de France Télécom tend à compenser la baisse en 2009 de l’investissement de la seule chaîne cryptée dans le cinéma. Orange Cinéma Séries a en effet augmenté ses préachats de 46,5 % sur un an à 7,22 millions d’euros pour 13 films, dont 6,49 millions dans 12 films français (dont 6 avec les droits de première fenêtre payante). Mais le Septième Art français peut aussi compter sur d’autres sources de financement : les aides publiques du CNC, dont le Compte de soutien à l’industrie des programmes (Cosip) de plus en plus alimenté par les fournisseurs d’accès à Internet (lire EM@ 8 p. 6), les conventions triennales avec les collectivités locales ou encore le crédit d’impôt. En attendant que la vidéo à la demande et la télévision de rattrapage soient mises à leur tour à contribution. @

L’année 2010 sera l’an I du livre numérique

En fait. Le 4 mai, l’Observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France (Le Motif)
a rendu publique une étude sans précédent sur le coût réel et le prix de revient
du livre numérique, réalisée par Aldus Conseils. Le marché à venir du livre dématérialisé promet d’être porteur pour un seuil de rentabilité bas.

En clair. Alors que Google va commercialiser ses livres numériques dès l’été prochain, l’étude du Motif veut écarter les « fantasmes » sur les modèles économiques de l’e-book. « Les coûts des livres numériques sont relativement faibles (1) : coûts amortis entre 50 et 100 exemplaires pour des nouveautés, 200 à 800 exemplaires pour des livres à numériser, sans contenu multimédia », conclut le consultant Hervé Bienvault. Pour un roman vendu 12,99 euros TTC, le point mort moyen est atteint au-dessus de
200 exemplaires numériques vendus sans contenu multimédia, et au-dessus de
430 avec. Pour un beau livre vendu 14,99 euros, ce point mort est atteint au-dessus
de 845 exemplaires sans contenu multimédia, et au-dessus de 2.170 avec.
Ces contenus multimédias vont constituer la grande innovation du livre grâce au numérique : bonus sous forme d’interview de l’auteur, critiques littéraires, photographies hors texte, biographie, vidéos contextuelles ou, pourquoi pas, mises à jour téléchargeables.
L’e-book n’attend plus que sa TVA réduire à 5,5 %. La question du prix unique et
des rabais demeure (2). @