Facebook, un iTunes et un YouTube en puissance

En fait. Le 22 août, Mike Lang, le directeur général du studio de cinéma Miramax,
a annoncé sur son blog la mise à disposition immédiate de certains films sur Facebook. Ils sont disponibles en streaming sur le réseau social à partir du service expérimental « eXperience » de Miramax. Internationalisation en cours.

En clair. Facebook est en passe de devenir un super-Netflix. Reed Hastings, le DG
du loueur américain de vidéo sur DVD et en ligne, n’est-il pas entré en juin au conseil d’administration de Facebook. Ce dernier pourrait rivaliser avec iTunes Store (1) et YouTube (2). Miramax est le deuxième studio de cinéma américain à rallier le réseau social. Warner Bros fut le premier, dès le mois de mars, à proposer des films sur Facebook (3). Dans les deux cas, les longs métrages sont loués en streaming. « Notre objectif est d’atteindre 150 millions d’amis sur Facebook dans les 18 prochains moins »,
a indiqué Mike Lang, le patron de Miramax (ancienne filiale de Disney). « Nous commençons par louer nos films, mais nous proposerons à terme l’achat des vidéos et le stockage sur notre propre “cloud” pour que les utilisateurs puissent y accéder de partout quel que soit le terminal », a-t-il poursuivi. Pour Miramax comme pour Warner, les films sont loués 3 dollars pour 48 heures ou contre des « Facebook Credits ». Les studios hollywoodiens tablent aussi sur les boutons de recommandation « J’aime » pour le bouche à oreille. Mais les quelque 750 millions d’amis de Facebook n’auront pas tous accès à ces contenus vidéo pour des questions de droits d’auteur : les films de Warner sont encore limités aux seuls Etats-Unis, tandis que ceux de Miramax y ajoute la Grande- Bretagne et la Turquie. Comme pour Netflix ou Hulu, la France reste l’un les pays les plus difficile à approcher. Pour l’heure, malgré plus de 20 millions d’utilisateurs français sur le réseau social, seuls Arte et TF1 ont signé avec le réseau social pour lancer respectivement en avril une « web-fiction » et en juin un service de « VOD sociale ». D’autres groupes de médias discutent avec Facebook qui entend se diversifier dans les contenus comme il l’a fait dans les jeux en ligne (social gaming) grâce à des éditeurs comme Zynga ou Kobojo. Le réseau social de Mark Zuckerberg se rémunère par la publicité en ligne et par des prélèvements de 30 % sur les transactions Facebook Credits. A l’instar de Google, Facebook apporte de plus en plus de trafic à la presse en ligne où des partenariats pourraient émerger. A noter que le conseil d’administration du réseau social compte aussi Donald Graham, PDG du groupe Washington Post. Facebook s’apprête aussi, selon « Mashable » et « Reuters », à lancer le 22 septembre aux Etats-Unis un service de musique en ligne avec Spotify, Rdio, Mog, Rhapsody et Slacker. @

Jeux d’argent : pourquoi les médias ont mal misé

En fait. Le 9 mars, « La Tribune » révèle que France Pari et France Poker sont intéressés par EurosportBet (SPS), filiale de paris sportifs et de poker en ligne
du groupe TF1. Bien que ce dernier soit en négociation exclusive pour vendre
au fondateur de Chilipoker (Chiligaming), Alexandre Dreyfus.

En clair. Les médias ont-ils misé trop vite sur le marché naissant des jeux d’argent et
de hasard en ligne, ouvert il y a maintenant neuf mois à la concurrence (1) ? « Tous les opérateurs ont perdu de l’argent en 2010 », a indiqué Jean-François Vilotte, président
de l’Arjel (2), le 2 mars au Sénat. Le groupe TF1 déclare forfait car ce « nouvel eldorado » médiatique n’en était pas un.«Le marché des paris et jeux sportifs en ligne ne correspond pas à toutes les études qui avaient été faites par les consultants, à toutes les attentes qu’on avait pu mettre en lui », avait regretté le 17 février Nonce Paolini, le PDG du groupe TF1, lors de la présentation de ses résultats annuels. EurosportBet, qui accuse 23,6 millions d’euros de pertes en 2010, va changer de mains. Quant au groupe Canal+, qui a créé une joint venture – Canalwin SAS – avec
le britannique Ladbrokes, il a été le premier opérateur à qui l’Arjel a retiré le 28 janvier l’agrément : la société n’a jamais lancé son site et est en liquidation ! Mauvais présages pour les autres médias. Le groupe Amaury, éditeur de L’Equipe et du Parisien, détient avec Bwin la coentreprise Sajoo (Sajoo.fr, Poker.sajoo.fr). Le groupe Turf Editions, qui publie des quotidiens hippiques (Tiercé Magazine, Bilto, Paris Courses, Paris-Turf), édite via sa filiale Beturf le site de paris en ligne Leturf.fr. D’autres ont joué la prudence en s’en tenant à des partenariats : M6-Mangas Gaming (BetClic et Everest), AB-Partygaming, RMC-Unibet, RTL-PMU ou encore Yahoo-FDJ. Selon l’Arjel, les Français ont misé 5,1 milliards d’euros sur Internet au 31 décembre 2010. Mais la dépense réelle des joueurs est en fait dix fois moindre, en raison du « taux de recyclage des gains en mises ». Les nouveaux entrants déchantent, d’autant que les budgets de publicité respectifs se chiffres en plusieurs millions d’euros. Ce que corrobore une étude de Francis Merlin, délégué général du Monaco iGaming Exchanges (3) : «Le marché des jeux en ligne en France est en dessous des prévisions de 20 %, [voire] 25 %. Ce sont les dispositions législatives qui sont majoritairement responsables ». Tablant sur la notoriété de ses chaînes sportives payantes Eurosport en Europe, TF1 avait lancé le
11 juin 2010 EurosportBet.fr – le jour même du coup d’envoi de la Coupe du monde de football. « Les deux piliers éditoriaux de TF1 sont l’information et le divertissement », avaient alors affirmé les dirigeants, comptant bien attirer une partie des 17 millions de visiteurs uniques par mois de ses différents sites web de la chaîne. Désenchantement. @

Vivendi : groupe diversifié en manque de synergies

En fait. Le 1er mars, le groupe « diversifié » dans la télévision, les télécoms,
la musique et les jeux vidéo a présenté ses résultats 2010 – bénéfice net de
2,7 milliards d’euros (+ 4,4 %) et chiffre d’affaires de 28,9 milliards (+ 6,4 %) .
Son président, Jean-Bernard Lévy, veut décloisonner ses « métiers ».

En clair. Vivendi ne rime pas vraiment avec synergies. A l’heure de la convergence numérique entre audiovisuel et télécoms, le groupe Vivendi fait aujourd’hui plus figure de conglomérat – où chaque filiale travaille dans son coin – que de véritable groupe intégré et cohérent. Qui a-t-il de commun entre les 21 millions d’abonnés mobile de SFR (12,5 milliards d’euros de revenus), les 12,7 millions d’abonnés à Canal+ (4,7 milliards), les 12 millions d’abonnés dans le monde au jeu en ligne World of Warcraft d’Activision Blizzard (3,3 milliards d’euros) ou encore les ventes de musique d’Universal Music (4,5 milliards) ? Si toutes ces activités sont en hausse sur un an (1), la croissance reste à un chiffre (de 2% pour Universal Music à 9,6 % pour Activision Blizzard) et cela n’en fait pas de réels relais de croissance interne pour le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy. Pourtant la convergence est désormais une réalité mais les différentes filiales du groupe semblent l’ignorer. Est-ce le syndrome AOL-Time Warner qui empêche Vivendi de faire jouer les synergies internes ? « Plus que jamais, le consommateur de services et de contenus numériques est au cœur de nos priorités. Nos investissements dans les réseaux, les plateformes et les contenus s’accompagnent d’efforts soutenus pour développer les partages d’expertises et les projets communs entre nos métiers et pour stimuler l’innovation, afin d’accélérer notre croissance organique », a pourtant expliqué le président du directoire de Vivendi lors de la présentation de ses résultats annuels.
Mais il s’agit plus à ce stade d’un objectif que d’un constat. Dans une interview publiée
le 14 décembre dernier par Wall Street Journal, Jean-Bernard Lévy a clairement exprimé sa volonté de faire bouger les lignes : « Le monde des réseaux de télécommunications et du contenu sont en train de fusionner. Et nous sommes au milieu. (…) Je pense que nous pouvons désormais pousser l’efficacité et l’innovation en nous disant : “pourquoi ne pas travailler ensemble ?“ », a-t-il dit. Plus récemment dans Les Echos datés du 1er mars, cet X-Telecom (qui fête ses 56 ans le 18 mars ses 9 ans à la tête du groupe) a fixé sa priorité pour cette année : « Recentré, Vivendi doit trouver dans chacun de ses six métiers des relais de croissance, quitte à déplacer les frontières de ses activités, pour accroître la valeur ajoutée ». Reste que cette convergence ne pourra pleinement se faire que lorsque Vivendi aura racheté les 20 % de Lagardère dans Canal+ et les 44 % de Vodafone dans SFR. @

Numérique : 10 % du divertissement cette année

En fait. Le 14 janvier, l’institut d’études GfK a publié son bilan 2010 du marché français de l’« Entertainment » à travers les ventes physiques et dématérialisées
du livre (50 % du chiffre d’affaires), des loisirs interactifs (22 %), de la vidéo
(18 %) et de la musique (10 %). Le numérique tire la croissance.

En clair. C’est durant cette année que les ventes numériques sur le marché français
du divertissement (Entertainment) va franchir pour la première fois les 10 % du chiffre d’affaires total. « Grâce à cette dynamique inéluctable des marchés dématérialisés, l’ensemble du marché de l’Entertainment – physique et dématérialisé – a de fortes chances de s’inscrire dans un schéma de croissance en 2011, pour dépasser les
8,5 milliards d’euros, dont près de 1 milliard d’euros pour le seul marché dématérialisé », affirme François Klipfel, directeur général adjoint chez GfK Retail and Technology France. L’an dernier, les ventes dématérialisées ont déjà représentées 686 millions d’euros, soit 8,2 % des 8,3 milliards d’euros réalisés de façon cumulée (physique + numérique). Grâce au numérique, qui compense plus que jamais avec ses 30 % de croissance sur un an, le marché du divertissement en France (livres, loisirs interactifs/ jeux, vidéos et musiques) a évité à nouveau en 2010 l’érosion due à l’affaissement des ventes physiques. D’après les chiffres de GfK, ces dernières ne cessent de décroître inéluctablement : -2,1 % entre 2009 et 2010, à 7,69 milliards d’euros. Le marché physique de la musique, par exemple, accuse une baisse de 11,7 % à 719 millions d’euros. Pour le marché de gros, le Snep (1) avait indiqué au Midem que le recul en 2010 a été de 8,9 % (lire EM@28, p. 4). « L’année 2010 marque un tournant dans l’histoire du marché de la musique puisque l’équilibre entre les actes d’achat physique et numérique a été quasiment atteint avec 54 millions de CD vendus et 52 millions d’actes de téléchargement web et mobile [en augmentation de 23,9 % à 93 millions d’euros, ndlr]», constate GfK. La vidéo, elle, représente en 2010 un marché dynamique grâce à l’essor de la VOD qui augmente de 52 % en volume (39,4 millions de téléchargements) et 40 % en valeur (135 millions d’euros). « Force est de constater que le raccourcissement de la fenêtre d’exploitation à 4 mois a tenu ses promesses et a prolongé sur 2010 l’effet positif constaté en 2009 », commente Gaël Babarit, chez GfK. Concernant les loisirs interactifs, jeux vidéos en tête, les jeux en ligne ont généré l’an dernier 400 millions d’euros de chiffre d’affaires – ce qui représente 13 % de ce segment de marché. Quant au marché du livre, il reste encore largement dominé par
le papier mais le livre numérique devrait, selon GfK (2), « commencer à générer des ventes additionnelles en 2011 ». @

Le Salon du livre de Francfort se met au cross-media

En fait. Le 14 juillet, l’association allemande des éditeurs et des libraires, organisatrice du Frankfurt Book Fair du 6 au 10 octobre, a annoncé élargir son
« Film & Media Forum », lancé en 2003, à d’autres industries de contenus comme les jeux vidéo, la musique ou le Web.

En clair. Le plus grand salon mondial du livre (1) ne fait plus seulement dans l’édition.
Il s’ouvre de plus en plus aux autres médias et contenus de divertissement. Sous le slogan StoryDrive, les organisateurs misent sur le cross-media. « Le “Films & Media Forum” existe depuis 2003 avec les industries du cinéma et de l’édition. Cette année, nous l’élargissons à d’autres industries créatives comme le jeu et la musique », explique Britta Friedrich, directrice du Films & Media Forum, à Edition Multimédi@.
Cela revient à créer une place de marché crossindustry pour les professionnels des contenus, du livre aux loisirs (entertainment). Des conférences sur deux jours y seront organisées sur le thème du « copyright 2.0 » et des nouveaux modèles économiques.
« Les mondes des médias et des loisirs sont constitués de professionnels très hétérogènes. Or ce que veulent faire les éditeurs de livres, producteurs de films, musiciens ou les développeurs de jeux, c’est de raconter de belles histoires. La numérisation et la fusion des différents médias ont complètement changé la façon de raconter des histoires (storytelling).
Les nouvelles technologies facilitent les nouveaux contenus », explique Britta Friedrich.
Le Salon du livre de Francfort entend ainsi « casser » les inhibitions et favoriser les partenariats, ainsi que les opportunités de coopérations « multi et cross-media ».
Un centre « Film & Media Rights » sera dédié aux accords de droits et aux réseaux.
« Un livre peut-être subitement et simultanément un film, un jeu ou une musique.
Celui qui avait encore un rôle mineur dans un films aujourd’hui peut déjà devenir le personnage principal dans un jeu sur ordinateur. Les scénarios sont de plus en plus transmis et racontés dans des formats cross-media », expliquait-elle dans une récente interview (2). Du script au film, en passant par le livre ou le jeu, toutes les idées sont les bienvenues pour contribuer à des « contenus hybrids » ou des « contenus fluides » (hybrids or liquid content). Le Forum Films & Media permettra aux habituels représentants de l’industrie de rencontrer des auteurs et des utilisateurs. « Avec des solutions de self-publication sur Internet (comme epubli en Allemagne) ou des portails comme MySpace, les auteurs entrent en contact directement avec leur public, voire financent leurs projets via des sites web comme Kickstarter », remarque Britta Friedrich. Les auteurs et les créateurs commencent à s’émanciper… @