TV sur mobile : TDF « regarde » MediaFLO et DVB-SH

En fait. Entre le 25 octobre et le 15 novembre, opérateurs mobiles, éditeurs de chaînes télévisées, producteurs de contenus, fabricants de téléphones mobiles, industriels de l’électronique et institutionnels contribuent à l’appel lancé par TDF sur la future norme de télévision mobile personnelle (TMP).

En clair. Télédiffusion de France (TDF) préparerait le terrain à la révision – voire à l’abrogation – de l’arrêté du 24 septembre 2007 (paru au J.O. du 30 septembre) qu’il ne
s’y prendrait pas autrement avec sa consultation TMP 360°. Décidé à lancer au second semestre 2011 le réseau broadcast de Virgin Mobile, l’ancien monopole public de radiotélédiffusion va – selon nos informations – préconiser une technologie pour la TMP
« fin 2010 ». Il en a été question le 26 octobre lors de l’entretien de Olivier Huart (patron
de TDF) et Pascal Rialland (Omer Telecom) avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Dans ce fameux arrêté, cosigné par les actuels ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, et Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Commerce et aux PME (1),
la norme DVB-H (Digital Video Broadcasting Handheld) est rendue obligatoire pour la TMP en France sous son numéro de norme délivré par l’institut européen ETSI (2) :
« EN 302 304 ». Soutenue par le finlandais Nokia avec Motorola, Philips ou encore Sagem, cette norme semble mort-née (arrêt en Suisse et limitée ou déclinante en Italie, Autriche, Finlande et Pays-Bas). Or, le Conseil des ministres européen des télécoms
du 29 novembre 2007 avait décidé que le DVB-H ne serait pas obligatoire pour la TMP. C’est ce qui pourrait arriver en France, à l’issue de la consultation de TDF. Surtout que d’autres technologies broadcast pour mobile sont apparues et s’avèrent moins coûteuses. Exemple : MediaFlo de l’américain Qualcomm, lequel avait écrit le 15 mars 2007 au gouvernement français pour qu’il respecte – en vain – la neutralité technologie. Il a lancé, il y a un an, le service FLO TV aux Etats-Unis.
Alors que Qualcomm annonçait début octobre la mise en vente sa filiale FLO TV, d’autres technologies pour la TMP sont soumises à commentaires par TDF : DVB-SH (3), DVB-T2, DVBNGH, CMMB, ISDB-Tmm. « Concernant la norme, nous discutons actuellement avec Qualcomm au sujet de sa technologie MediaFLO et nous regardons aussi la norme chinoise CMMB [équivalent du DVB-SH, ndlr] », avait indiqué Olivier Huart, dans une interview (4) à Edition Multimédi@. De son côté, Emmanuel Gabla, membre du CSA, a rencontré en juillet Sprint Nextel, Fox et NBC qui testent ensemble depuis mars le standard américain ATSC-H. Mais TDF l’écarte d’emblée, tout comme le DVB-H : « Ces technologies ont un intérêt limité, en raison de leur limite en réseau et flexibilité de service ou de performance ». @

Futur décret SMAd : désaccord entre cinéma et vidéo

En fait. Le 26 octobre, NPA Conseil a organisé la 12e édition de son colloque
« Quelles stratégies industrielles pour les médias numériques ? », sur fond de multiplication des écrans (télé, PC, mobile, TV connectée…). Il a été beaucoup question de l’avis surprise du CSA contre le projet de décret SMAd.

En clair. L’avis défavorable que le CSA a rendu au gouvernement le 27 septembre sur
le projet de décret fixant les obligations d’investissement des SMAd (1) – vidéo à la demande et télévision de rattrapage – dans les films de cinéma français et européens, n’en finit pas de faire des vagues. La filière cinématographique (UPF, APC, SPI, ARP, …) a exprimé sa surprise et son désaccord avec le CSA. Lors du colloque «NPA Conseil-Le Figaro », Marc Tessier – président de Video Futur et président du Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande (SEVD) – s’est félicité de cet avis. « Le CSA a eu la sagesse d’adopter un taux progressif avec une clause de réexamen dans 18 ou 24 mois. Cela aurait été une anomalie que d’appliquer aux SMAd un taux [de contribution financière calculée sur le chiffre d’affaires] identique à celui de la télévision. Nous n’avons pas les mêmes marges ! », a-t-il souligné. Le président du CSA, Michel Boyon, a profité du colloque pour rappeler le caractère « nouveau » de ces services audiovisuels à la demande, lesquels affichent encore une « rentabilité fragile » et sont confrontés à une « concurrence frontale de services transnationaux », avec la crainte de voir débarquer en Europe les Google TV, Apple TV et autres Hulu. Si l’on y ajoute les « difficultés d’accès aux droits de diffusion », le régulateur a préféré conseiller au gouvernement de ne pas prendre le risque de voir les SMAd nationaux se délocaliser hors de France pour échapper à des « obligations excessives ». Et comme l’a relevé Laurence Franceschini, directrice générale de la DGMIC (2), « c’est la première fois que le CSA communique
sur l’aspect “défavorable” d’un avis ». Si les plateformes de VOD se sont dite rassurées, notamment par la voix de la Fédération française des télécoms demandant une progressivité des obligations sur sept ans, les chaînes de télévision – TF1, M6, Canal+, … –, qui misent aussi sur la délinéarisation, le sont aussi. Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, a profité du débat pour ironiser :
« Je soutiens l’avis du CSA car (…) lorsque la Mafia raquette une pizerria, elle attend qu’il y ait de l’argent. Alors qu’en France, on raquette la pizerria avant même de savoir si elle a de l’argent ! ». Ce qui n’a pas manqué d’agacer Hervé Rony et Pascal Rogard, directeurs généraux respectivement de la Scam (3) et de la SACD (4), soucieux de
« préserver la diversité culturelle ». @

Musique en ligne : l’Adami prône l’obligation de gestion collective des droits

La mission de médiation sur la gestion collective des droits pour la musique
sur Internet s’est réunie pour la seconde fois le 14 octobre. La Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes (Adami) plaide
pour le caractère obligatoire .

« Nous disons non à la gestion collective sur la base du volontariat », a insisté Bruno Boutleux, directeur général de l’Adami, lors d’une séance de travail le 8 octobre. Il réaffirme ainsi le caractère « obligatoire » de la gestion collective des droits musicaux pour le Net. Ce dispositif, qui doit permettre de faciliter l’accès des plateformes de téléchargement de musique en ligne aux catalogues des producteurs, doit faire l’objet d’ici à la fin de l’année d’un accord. « Faute de le faire, la négociation des droits relèverait par la loi de la gestion collective obligatoire », avait prévenu Nicolas Sarkozy, le 7 janvier. Est-ce à dire que l’Adami aurait tout intérêt à voir la concertation s’enliser
à l’issue de la troisième et dernière réunion prévue le 28 octobre prochain ? « Cela n’a jamais été notre attitude que de faire échec à la mission Hoog. Nous faisons des propositions raisonnables et constructives, tout en essayant de briser des tabous », explique Bruno Boutleux. L’Adami n’est pas seule, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). ou UFCQue Choisir étant aussi favorable à la gestion collective.

Même vague multimédia aux Mipcom et MipTV

En fait. Le 8 octobre, le 26e marché international des programmes audiovisuels
– Mipcom – a fermé ses portes à Cannes après une petite semaine d’immersion dans le futur de la TV connectée mais aussi dans l’émergence d’un marché mondial des contenus multimédia via tous les autres écrans, mobiles compris.

En clair. Le Mipcom de cette année préfigure le MipTV de l’an prochain. Ces deux
salons mondiaux jumeaux – qui se tiennent chaque année à Cannes – sont organisés
à six mois d’intervalle par le groupe anglo-néerlando-américain Reed Elsevier. Ces deux foires aux programmes audiovisuels attirent chacun plus de 12.000 visiteurs et plus de 1.500 exposants sur plus de 20.000 mètres carrés. Jusqu’alors très centrées sur le commerce de programmes pour le seul écran de télévision, ces deux grand-messes ont pris le tournant de la convergence. A tel point que les autres écrans – ordinateurs, mobiles, tablettes, etc – y ont pris une place grandissante et que les deux manifestations se ressemblent plus que jamais. Les séries et leurs « saisons » se déclinent sur tous les écrans interactifs. La télévision interactive dans toutes ses dimensions s’invite aux deux manifestations. Internet et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, …) sont de plus en plus pris en compte dans les stratégies multi-plateformes des chaînes et des diffuseurs audiovisuels. Faut-il fusionner pour autant le Mipcom et le MipTV ? «Non», répond Mike Williams, porte-parole de Reed Midem, à Edition Multimédi@ : « Le Mipcom en automne et le MipTV au printemps sont tous les deux les plus grand marchés mondiaux de la télévision, où les chaînes achètent leurs programmes. En raison du calendrier de la production aux Etats-Unis, il y a plus de nouveaux ‘pilotes’ [nouveautés audiovisuelles, ndlr] de séries américaines au Mipcom. Tandis qu’au MipTV, les “formats” [programmes de télévision déclinables dans différents pays, ndlr] sont très en vue et de plus en plus de sociétés travaillent avec les applications mobiles, Internet et la TV connectée », explique-t-il. Le PDG du Reed Midem, Paul Zilk, a annoncé le 7 octobre un partenariat avec le GSMA – qui représente 800 opérateurs mobile dans le monde – pour lancement d’un « Connected Creativity Forum » lors du prochain MipTV justement (1).
« A l’ère du multitasking où l’on regarde la télé tout en partageant son avis sur les divers réseaux sociaux, les chaînes déploient de nouveaux contenus transmédias pour développer leur audience auprès des jeunes téléspectateurs », a constaté Eurodata TV Worldwide, organisme international créé par Médiamétrie (2). « Twittersodes » (épisodes via Twitter), web reportage ou encore blog sont appelés en renfort pour maintenir, voire accroître l’audience, laquelle a tendance à s’éroder à l’antenne. @

Yves Gassot, Idate : « Les ventes mondiales sur Internet ne dépassent pas encore les 20 milliards d’euros »

A un mois du 32e DigiWorld Summit qui se tiendra les 17 et 18 novembre
à Montpellier, le directeur général de l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate) qui l’organise répond aux questions
de Edition Multimédi@ sur les enjeux futurs d’Internet.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Le thème des prochaines journées de l’Idate est « Qui finance l’Internet du futur ? ». A question simple, problématiques multiples…
Yves Gassot (photo) :
Naturellement tous les acteurs contribuent, par leurs innovations et leurs investissements, à l’Internet. Mais
il y a une vraie difficulté à avoir une vision d’ensemble de l’écosystème : comment ça marche ? Qui fait quoi ? Qui investit dans quoi et bénéficie de quelles recettes ? Quelles sont les transformations en cours les plus significatives ? Pour notre conférence internationale, nous allons essayer de clarifier ces points en se concentrant sur quelques maillons
de la chaîne et sur les problématiques qui les accompagnent. Au coeur de l’Internet,
il sera question des tiraillements entre les « backboners » (Level3, Global Crossing,
AT&T, …), les grands agrégateurs de contenus (Google, Amazon, …), les réseaux de distribution de contenus ou CDN (1) (Akamai, Limelight, …) et les fournisseurs d’accès
à Internet (FAI). Comment font-ils pour s’interconnecter, supporter la croissance des flux, les contraintes de qualité de la vidéo ? etc. En périphérie, sera soulevée la problématique du renouvellement des réseaux d’accès en fibre (FTTx) ou cellulaire (LTE) : dans quelle mesure les FAI peuvent-ils supporter ces investissements en se limitant à fournir un accès aux consommateurs ? Sur le marché de la vidéo : que va changer la TV connectée ? Comment les chaînes vont-elles survivre face à la profusion d’offres de « video over the top » (2) ? Dans l’accès même aux applications et services par l’internaute, il y a d’autres interrogations : quelle peut être la place de Facebook face au modèle de type Apple (App Store) ou du Web « ouvert » défendu par Google qui contrôle le marché des moteurs de recherche ? Et finalement, nous aborderons les thématiques de la Net neutralité et des atouts européens face aux perspectives de l’Internet du futur.