Xilam Animation fête ses 20 ans en se propulsant sur les plateformes de streaming telles que YouTube ou Netflix

Fondée par Marc du Pontavice en juillet 1999, la société Xilam Animation – aux succès comme « Oggy et les cafards » et « Zig & Sharko » – s’est hissée en tête de la production de dessins animés en France. Son catalogue est diffusé dans le monde sur des chaînes de télévision et des plateformes vidéo, YouTube dépassant les 10 % de son chiffre d’affaires.

Pour l’année de ses vingt ans, Xilam Animation s’offre une diffusion mondiale sur Netflix avec « J’ai perdu mon corps », son premier film d’animation pour un public adulte, et sur Disney+ en produisant pour la major « Chip’n’Dale », une série reprenant ses personnages Tic et Tac. Ces deux plateformes de SVOD américaines vont ainsi renforcer la visibilité outre-Atlantique du premier producteur français de dessins animés et donner une nouvelle impulsion à sa stratégie de diffusion numérique. Riche d’un catalogue de plus de 2.000 épisodes et de quatre longs métrages, la société de Marc du Pontavice (photo), dont il est le PDG et premier actionnaire (avec 36,4 % du capital et 53,8 % des droits de vote), diffuse partout dans le monde sur des chaînes de télévision et sur des plateformes de streaming. Ces dernières ont généré en 2018 environ 40 % des ventes du catalogue. Mais c’est sur YouTube que Xilam Animation est pour l’instant le plus exposé, cumulant par mois plus de 600 millions de vidéos vues. Rien qu’en 2018, son audience sur la plateforme vidéo de Google a totalisé plus de 4 milliards de vues. Ce qui a contribué à franchir la barre des 10 milliards de vues sur YouTube au bout de cinq ans de présence. Xilam y édite aujourd’hui une trentaine de chaînes vidéo pour toute la famille, comme « Zig & Sharko » qui compte plus de 5,7 millions d’abonnés ou « Oggy » plus de 5 millions d’abonnés – sur un total dépassant aujourd’hui les 15 millions d’abonnés (1).

YouTube et YouTube Kids, tremplins pour l’Amérique
Résultat : YouTube – dont sa déclinaison pour enfants avec l’application YouTube Kids (2) – a contribué à hauteur de 13 % du chiffre d’affaires total de l’entreprise qui était de 28 millions d’euros l’an dernier. Pour un producteur indépendant d’animation, ce sont là des recettes non négligeables ; elles sont en plus récurrentes et proviennent de l’Europe à 36 %, de l’Amérique du Nord à 31 %, de l’Asie à 25 % et du reste du monde à 8 %, le tout grâce à la publicité sur laquelle Xilam touche 55 %. Les applications, elles, ont été téléchargées 20 millions de fois. Le revenus « YouTube » sont appelés à croître, malgré les craintes sur les conséquences que pourrait avoir la condamnation aux Etats-Unis de YouTube début septembre (170 millions de dollars d’amende) pour collecte et utilisation commerciale illicites de données personnelles d’enfants de moins de 13 ans.

Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, …
La filiale vidéo de Google a promis de limiter cette collecte auprès des mineurs et de ne pas les utiliser pour de la publicité ciblée. Certains plaignants exigent encore que toutes les vidéos pour enfants soient basculées sur YouTube Kids. Les producteurs de contenus concernés ont quatre mois – jusqu’à fin 2019 – pour s’adapter. Xilam pourrait cependant profiter du fait que YouTube va créer un fonds de 100 millions de dollars pour financer des contenus originaux pour enfants sur YouTube et YouTube Kids dans le monde entier. La société de Marc du Pontavice mise non seulement sur les plateformes vidéo financées par la publicité, que les Anglo-saxons appellent l’AVOD (Advertising Video On Demand), mais aussi sur les plateformes de streaming par abonnement, la SVOD (Subscription Video On Demand). Xilam a signé des accords dès 2016 avec Netflix et Amazon Prime Video.
Avant d’acquérir en mai les droits de distribution du film « I Lost My Body » (3) pour le reste du monde (dans des salles de cinéma en France à partir du 6 novembre), Netflix avait déjà co-préacheté pour l’international « Paprika », la première série périscolaire de Xilam, la cinquième saison d’« Oggy et les Cafards », ainsi que « Si j’étais un animal », série documentaire animalière. Amazon Prime Video n’est pas en reste, quoique se faisant plus discret chez Xilam, avec la diffusion d’« Oggy et les Cafards » et « Zig & Sharko » (accord signé en 2017), ainsi que le co-préachat de la deuxième saison de « Magic ». Dernier accord en date, annoncé en juin dernier lors du Festival international du film d’animation d’Annecy (4) : Xilam livrera fin 2020 la production créée pour Disney de la série d’animation « Chip’n’Dale », reprenant les personnages Tic et Tac de la major. Cette série de 11 demi-heures (39 épisodes de sept minutes) sera diffusée sur Disney+. The Walt Disney Company avait déjà co-préacheté l’an dernier « Paprika », et diffusé en 2017 avec succès sur Disney Channel « Oggy et les Cafards » et « Zig & Sharko ». La plateforme Disney+ sera lancée le 12 novembre, devancée par sa concurrente Apple TV+ le 1er novembre. Marc du Pontavice s’estime être « en position idéale pour profiter de la guerre du streaming entre diffuseurs américains », notamment aux Etats-Unis – premier marché mondial de l’animation. Viendront ensuite l’an prochain HBO Max (WarnerMedia) et NBC Universal (Comcast). Xilam a prévu de livrer 180 demi-heures de programmes sur la période 2019-2020, dont 80 demi-heures rien que cette année. Comme la demande augmente, les prix de vente à la demi-heure aussi, plusieurs séries de Xilam dépassant même le chiffre d’affaires de 300.000 euros la demi-heure. Bien que le premier semestre 2019 ait été « très actif » avec six séries en fabrication (5) pour « un volume record de 182 demiheures », les résultats semestriels communiqués le 25 septembre sont en baisse (- 25 % pour le chiffre d’affaires et – 38 % pour le bénéfice net) en raison d’« un faible volume de livraisons ». Les revenus sont enregistrés en fin de livraison ; or « une seule série est arrivée en fin de livraison (“Mr. Magoo”) » au premier semestre. Ce qui n’a en rien pesé sur le titre à la Bourse de Paris où la société Xilam est cotée depuis 2002 et aujourd’hui valorisée 186,6 millions d’euros (au 26-09-19). Selon une analyse financière d’Euroland Corporate, le chiffre d’affaires 2019 ne devrait pas dépasser les 35 millions d’euros (6). Fondée en 1999 à partir des actifs de Gaumont Multimédia que Marc du Pontavice avait créé en 1995 (après avoir été cofondateur de Gaumont TV en 1991), la société est devenue le numéro un français de la production d’animation (devant Method Animation, en termes de chiffre d’affaires) et emploie plus de 400 personnes, dont 300 artistes, répartis sur ses quatre studios : à Paris, Lyon, Angoulême et Hô-Chi-Minh Ville au Vietnam.
Son développement se fait aussi par croissance externe, notamment par l’acquisition de « boutiques studio » telles que la société parisienne spécialisée dans l’image de synthèse Cube Creative (prise de contrôle en cours de 50,1 % de son capital par Xilam). « Nous avons en projet l’acquisition d’ici fin 2020 de participations majoritaires, financées sur fonds propres, dans deux autres boutiques studio en Europe », précise Marc du Pontavice à Edition Multimédi@. Sa société dispose d’une trésorerie disponible proche de 14 millions d’euros « pour poursuivre sa croissance et la réalisation de ses objectifs ». Il compte aussi sur les effets de la directive SMA qui va obliger les plateformes vidéo à proposer au moins 30 % d’œuvres européennes et à préfinancer en France des films et séries à hauteur de 16 % minimum de leur chiffre d’affaires.

Recrues, dont un ex-financier de Dailymotion
Pour renforcer son état-major, Xilam Animation a annoncé le 19 septembre la nomination de Fabrice Cantou au poste de directeur financier et stratégie, après avoir été pendant près de dix ans chez Dailymotion – notamment pour piloter la vente de cette société à Orange en 2011 et à Vivendi en 2015. François Bardoux, lui, est nommé directeur des opérations adjoint, en charge des budgets du groupe où il est entré en 2016 chez Xilam (il assurait auparavant les fonctions de directeur financier). Tandis que Charles Courcier (ex-Millimages/Amuse) devient directeur de production numérique. @

Charles de Laubier