Trident Media Guard (TMG) est prêt pour le streaming et se déploie à l’international

La société nantaise TMG va fêter ses dix ans en mars 2012. Même si la surveillance des réseaux peer-to-peer l’a fait connaître, elle revendique aussi
une expertise sur le streaming. Mais ses ambitions ne se limitent pas à la France. Il y a aussi les Etats-Unis et la Grande Bretagne.

Même si elle fait surtout parler d’elle en France dans
le cadre de la réponse graduée de l’Hadopi, la société nantaise Trident Media Guard (TMG) a aussi de grandes ambitions internationales. Contacté par Edition Multimédi@, le PDG cofondateur Alain Guislain (notre photo) joue la discrétion : « TMG est présent à l’internationale mais nous ne souhaitons pas communiquer sur notre expansion à l’étranger ». TMG, qui fournit aux cinq organisations de la musique (Sacem (1)/SDRM (2), SCPP (3) et SPPF (4)) et du cinéma (Alpa (5)) les adresses IP des internautes présumés pirates, reste ainsi fidèle aux engagements de confidentialité qui la lie à ses clients.

Brevet publié en juillet au Etats-Unis
« Pour lutter efficacement contre le piratage une coopération internationale est souhaitable. Cette coopération existe d’ailleurs au sein des ayants droits », nous indique néanmoins Alain Guislain. Comme le piratage n’a pas de frontières, TMG est condamné à s’internationaliser. « Aujourd’hui, TMG est présent en Europe et aux Etats-Unis. (…) Notre plateforme est utilisée au niveau global grâce à notre infrastructure mondiale. Cela permet d’avoir la présence d’un réseau constant dans toutes les régions, et plus particulièrement en Europe, aux Etats-Unis et en Asie », peut-on lire
sur le site web minimaliste de TMG. Les Etats-Unis et la Grande- Bretagne sont ses deux premiers pays de conquête. Outre-Atlantique, TMG peut se féliciter : son brevet technologique de surveillance des réseaux peer-to-peer a enfin été publié – le 12 juillet dernier (6) – par le Bureau des brevets et des marques des Etats-Unis (USPTO) – soit quatre ans après avoir déposé. Les trois inventeurs du procédé anti-piratage – Alain Guislain, l’informaticien Bastien Casalta (directeur technique) et l’ingénieur télécoms Rouibia Soufiane (responsable R&D) – avaient enregistré leur dossier en juillet 2007. Cette reconnaissance américaine arrive à point puisque c’est le 7 juillet que les principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) (7) ont annoncé le même jour un accord avec des associations d’auteurs, de producteurs de musiques (RIAA et A2IM) et de films (MPAA et IFTA) pour lutter contre le piratage sur Internet (8). La conquête de l’Ouest, Alain Guislain y pense depuis longtemps. « Nous voulons (…) développer le lobbying aux États- Unis où se trouvent les grands donneurs d’ordre », expliquait-il en 2009.
L’Europe n’est pas en reste. Il y a deux ans, TMG s’est implanté à Londres. La société Trident Media Guard UK LTD, que dirige Alain Guislain, a en effet été créée en octobre 2009. Le Royaume-Uni s’est aussi inspiré de la loi « Hadopi » en adoptant en avril 2010
le Digital Economy Act, assorti de sanctions pouvant aller également jusqu’à la coupure de l’accès Internet. TMG étend dans le même temps son expertise : après le peer-to-peer, le streaming et le direct download. « Les ayants droits souhaitent garantir leurs droits légitimes quel que soit le canal de diffusion utilisé. TMG possède un ensemble
de technologies afin de vérifier si des sites de streaming diffusent des œuvres sans l’autorisation de leurs auteurs. Les actions à prendre vis-à-vis de ces sites appartiennent aux ayants-droits », nous indique Alain Guislain. Et de préciser :
« Il y a une grande différence technique entre un réseau peer-to-peer et un site web [sur lequel s’appuie le direct download, ndlr]. Les techniques pour rechercher les œuvres contrefaites sont très différentes ». TMG travaille d’ailleurs, au sein du pôle de compétitivité Images & Réseaux, sur le projet baptisé P2PWeb qui consiste à combiner peer-to-peer et Web. Faut-il pour cela que la Sacem/SDRM, la SCPP, la SPPF et l’Alpa demandent de nouvelles autorisations à la CNIL (9) ? Réponse d’Alain Guislain : « Les actions prises par les ayants droits contre les sites contrefaisant sont ici d’ordre juridique et uniquement. La technique permet juste t’apporter la preuve de la contrefaçon. Aucune demande d’autorisation CNIL n’est nécessaire. En effet, il ne s’agit pas de données personnelles ».

Vers de nouvelles autorisations de la CNIL ?
Pourtant, contactée par Edition Multimédi@, la SCPP affirme le contraire. « Oui [il faudra de nouvelles autorisations de la CNIL]. Mais pas parce qu’il s’agit de streaming, mais parce qu’il s’agit a priori de protocoles non visés dans l’autorisation », nous répond Marc Guez, directeur général de la SCPP. A suivre. @