Les webradios sont décidées à se faire entendre

En fait. Le 19 octobre auront lieu les premières Rencontres Radio 2.0 Paris, organisées aux Jardins de l’Innovation (Orange Labs, Issy-les-Moulineaux)
par Xavier Filliol et Nicolas Moulard. EM@ fait le point sur les webradios
avec Olivier Riou, président du Syndicat des radios on-line (Syrol).

En clair. Le rapport Création musicale et diversité à l’heure du numérique (1), qui a été remis le 3 octobre à Frédéric Mitterrand et à Nicolas Sarkozy, prévoit aussi une aide des webradios via le Centre national de la musique (CNM) à créer (lire p. 3). « La prise en compte de nos demandes est une bonne nouvelle pour les entrepreneurs du web
et la diversité culturelle. Si le principe semble acquis, tout reste à faire pour sa mise
en place, notamment au niveau de sa gouvernance et de ses missions qui font débat », explique Olivier Riou, président du Syrol, à Edition Multimédi@.
Pour l’heure, il déplore que le Fond de soutien à l’expression radiophonique (FSER)
– créé il y a trente ans et relevant aujourd’hui de la DGMIC (2) du ministère de la Culture – ne prévoit pas de dispositif d’aides aux webradios. « Pourtant, ce secteur
– à l’instar des services de musique en ligne – a besoin d’être soutenu pour innover afin de se développer », plaide-t-il. Les webradios demandent en outre à bénéficier d’une extension de la licence légale (4 % à 7% des revenus) appliquée aux seules radios hertziennes.
« C’est une vraie question d’équité qui aujourd’hui n’est pas respectée », regrette-t-il.
Le rapport « Création & Internet » (Zelnik) de janvier 2010 préconisait pourtant l’extension au webcasting de ce régime de rémunération équitable dont bénéficient les radios hertziennes. Soumises à des quotas de musiques françaises depuis le décret daté du 27 avril 2010, les webradios se sentent toujours discriminées. Xavier Filliol, directeur des éditions de l’Octet – co-organisateur des Rencontres Radio 2.0 – et président de la commission « Musique en ligne » du Geste (3), nous avait indiqué en décembre 2010 qu’un recours auprès de la DGCCRF n’était pas exclu si rien n’avançait (EM@26, p. 4). Mais les échéances électorales pourraient changer la donne. C’est du moins ce qu’espère Olivier Riou. Selon le Syrol, la France compte plusieurs milliers de webradios. Sans parler des smartradios, complémentaires, diffusant les flux de playlists. L’audience de ces radios sur Internet est générée par un internaute sur trois par mois, soit 14 millions de visiteurs unique (4) en juin 2011 par exemple. Toutes les conditions sont réunies pour que le marché publicitaire des webradios – « encore balbutiant », indique le président du Syrol – séduise agences et annonceurs. @

Pages Jaunes : des allures de médias face à Google

En fait. Le 4 juillet, le groupe Pages Jaunes – qui doit publier le 27 juillet ses résultats semestriels – a lancé un « profit warning » sur ses résultats 2011.
Ses objectifs annuels (stabilité des revenus et de la marge brute) ne seront
pas atteints, en raison d’une grève contre le projet « Jump ».

En clair. Le projet « Jump 2012 », lancé l’an dernier pour accompagner la mutation du groupe Pages Jaunes de l’annuaire imprimé vers la version numérique, laquelle génère déjà 60 % de ses revenus, a du mal à passer auprès d’une partie des forces vives (2.100 commerciaux et VRP sur plus de 4.700 personnes). Malgré l’alerte sur ses objectifs 2011, qui ne seront pas tenus, « les Pages Jaunes » dominent le marché de
la publicité locale face à l’omniprésent Google. Selon le Syndicat des régies Internet (SRI), ce marché de proximité – que se partagent Pages Jaunes et le géant du Net – est estimé à 870 millions d’euros en 2010. Le français et l’américain, parfois partenaires, sont d’ailleurs dans le collimateur de l’Autorité de la concurrence en raison de leur position dominante respective (quasi-monopoles). L’ancienne filiale de France Télécom, rachetée en 2006 par Médiannuaire, elle-même filiale du fonds d’investissement KKR (1), pourrait inspirer la presse en ligne. En effet, cet éditeur de «médias locaux » a réussi à se diversifier sur le Net, où il génère aujourd’hui près des deux tiers de son chiffre d’affaires (sur un total de 1,125 milliard d’euros en 2010). Il y a deux ans, c’était l’inverse ! Les recettes des annuaires numériques font ainsi plus que de « compenser » le déclin des annuaires papier. Alors que la presse sur Internet, elle, gagne à peine de l’argent avec ses sites web. D’autant que les petites annonces (PA) ont déserté les journaux, contrairement à Pages Jaunes où les PA locales ont toujours constitué le fond de commerce. Le groupe dirigé par Jean-Pierre Rémy prend de plus en plus des allures de média en ligne : il vient de créer avec l’agence Relaxnews une coentreprise baptisée Relaxevents pour l’actualité culturel locale. Rien que sur le mois de mai 2011, selon l’OJD, son site web affiche plus de 81 millions d’internautes visiteurs et arrive en troisième position derrière Le Bon Coin et L’Equipe (2) ; son appli mobile a reçu, elle, 7,5millions de visiteurs et arrive quatrième, derrière Le Monde, La Chaîne Météo (du Figaro), L’Equipe et Le Parisien (3). Les services géolocalisés, dont Mappy.fr, en font un fournisseur majeur de l’information locale pour smartphones. L’annuaire devient média : Pages Jaunes poursuit « l’enrichissement permanent des contenus ». Car, au-delà des nouveaux supports publicitaires comme la vidéo, des partenariats sont noués avec notamment Allociné, Michelin ou AutoPlus. Les utilisateurs peuvent donner leur avis et contribuer aux contenus. Annuaire, média mais aussi réseau social. @

L’e-pub plus chère avec eStat’Cible de Médiamétrie

En fait. Le 28 juin, l’entreprise de mesure d’audience Médiamétrie a présenté un nouvel outil permettant de calculer, au jour le jour, le profil des internautes sur chaque page web (ou URL) et flux streaming (audio ou vidéo). eStat’Cible va concurrencer, dès le 1er septembre, Digital Analytix de ComScore.

En clair. La publicité sur Internet pourra être commercialisée plus chère par les éditeurs de sites web, à partir du moment où ces derniers seront capables de proposer à leurs annonceurs ou aux agences les profils des internautes de chaque partie éditoriale visitée ou de chaque flux consulté. La nouvelle mesure de Médiamétrie, eStat’Cible, calcule à l’aide d’un algorithme neuf cibles d’analyses pour chaque contenu considéré : homme ou femme pour le sexe, quatre tranches d’âge (- de 25 ans, 25 à 34 ans, 35
à 49 ans, + de 50 ans), trois niveaux d’activité (CSP+, CSP-, Inactifs). « Il s’agit d’un produit à très forte valeur ajoutée qui permet non seulement de piloter quotidiennement les contenus web, audio ou vidéo avec le profit en plus, mais aussi de mieux monétiser les publicités en ligne du site en les vendant plus cher au regard d’un taux de clic plus élevé », explique Franck Si- Hassen, directeur délégué de Médiamétrie-eStat. Connaître le profil des internautes au moment où ils consultent le Web devrait permettre aux éditeurs d’accroître leur chiffre d’affaires dans la epub, laquelle est encore loin de compenser les pertes de la publicité sur papier (pour ceux qui en ont).
A partir du 1er septembre, eStat’Cible sera vendu aux éditeurs de services en ligne entre 400 et 4.000 euros par mois, en fonction de la fréquentation du (ou des) site(s) mesuré(s). Plusieurs clients éditeurs sur un potentiel de 500, comme Pages Jaunes
et France 2, testent gratuitement du 1er juillet jusqu’à fin août la version bêta de eStat’Cible. C’est la concrétisation de la mesure hybride de l’audience sur Internet (site-centric+user-centric) sur laquelle Médiamétrie travaille depuis deux ans (1). Prochaine étape : proposer en 2012 une offre aux agences dites « serveurs de publicité » (Ad Server) de type de « profilage » des internautes. « C’est la première fois qu’une mesure d’audience permet de cibler le profil des internautes, grâce au rapprochement de la mesure de fréquentation du site web et du panel des utilisateurs », se félicite Benoît Cassaigne, directeur exécutif de Médiamétrie. A ceci près que la société américaine ComScore propose depuis mars dernier, au niveau mondial, son outil hybride Digital Analytix, issu du rachat en septembre 2010 (pour 36,7 millions de dollars) du fournisseur de solutions d’analyse en ligne Nedstat. Parmi les premiers clients de sa mesure dite « unifiée numérique », ComScore compte GDF Suez, Eurosport ou encore le PMU. De son côté, Google Analytics est uniquement «web-centric » et ne dispose donc pas de panel. @

La « taxe Google » est morte, vive la eTVA en Europe ?

En fait. Le 22 juin, le Sénat a renoncé à la taxe sur la publicité sur Internet, ou
« taxe Google » de 1 %, qu’il avait pourtant introduite sept mois plus tôt (1) dans le « PLFR » 2011 ! Elle devait s’appliquer à partir du 1er juillet. L’Assemblée nationale avait aussi voté sa suppression le 10 juin.

En clair. Le Parlement a volé in extremis au secours des plateformes du Web vivant
de la publicité en ligne, en supprimant la taxe Google lors des débats sur le projet de
loi de finances rectificatif (PLFR) de 2011. L’Asic (2), le Spiil (3) et le CNN (4) s’en sont aussitôt « réjoui ». C’est la sénatrice Catherine Morin- Desailly (Union centriste) qui a réussi à obtenir de Philippe Marini (UMP) la suppression définitive. Dix jours plus tôt, pas moins de sept députés – dont six UMP (Laure de La Raudière, Olivier Carré, Louis Giscard d’Estaing, Patrice Martin-Lalande, Lionel Tardy, Bernard Gérard) et un Nouveau centre (Philippe Vigier) – ont été les auteurs de l’amendement « n°1 » qui a été introduit dans la soirée du 10 juin à l’Assemblée nationale. Considérant cette taxe d’« erreur » commise par les sénateurs, ils ont ainsi supprimé la « taxe Google » en abrogeant l’article 302 bis KI du code général des impôts qui avait été adopté par le Parlement – en commission mixte paritaire (CMP) – le 13 décembre 2010. « Cette taxe est une fausse bonne idée. (…) Il s’agit non seulement d’un mauvais signal donné aux acteurs du numérique – secteur qui est source de 25 % de la croissance en France (…) – mais surtout d’un mauvais calcul financier car au final, les pertes seront rapidement plus importantes que les recettes. En effet, cette taxe abusivement baptisée “Taxe Google”, alors qu’elle ne taxera jamais Google, est due par tout preneur de services
de publicité en ligne, assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée et établi en France », expliquaient les députés rejoints par les sénateurs. « Aussi, poursuivent-ils, il est évident que bon nombre de preneurs exerceront l’acte d’achat de services de publicité en ligne depuis l’étranger, afin de ne pas avoir à payer cette taxe. Cette délocalisation d’achat/vente entraînera inévitablement la perte de la perception de la TVA pour l’État français, et donc la perte de recettes [estimée à 49 millions d’euros en 2011, ndlr] plus importantes que ce que va rapporter [25 millions d’euros, ndlr] la taxe sur la publicité en ligne ». Lors de la séance du 10 juin, la député Laure de La Raudière a expliqué qu’il fallait la supprimer et étudier à la place « une fiscalité sur les lieux de consommation ». Elle a convaincu le ministre du Budget François Baroin de s’en remettre aux travaux du Conseil national du numérique (CNN) sur cette question. Le gouvernement s’est engagé au Sénat à définir « une norme européenne » en matière fiscale. @

Les smartphones, plus forts que les ordinateurs

En fait. Les 8 et 9 juin se tiendra à Paris (Espace Cardin) la seconde édition de Buzzness Mobile, salon et conférences autour du marketing mobile, du paiement mobile et des solutions mobiles. Quelque 4.000 visiteurs y sont attendus. Reed Business décernera les « Mobile Awards » avec SFR Régie.

En clair. Le mobinautes font plus que jamais l’objet de toutes les convoitises. Les smartphones, longtemps inaccessibles par leurs prix, sont en train de se généraliser
et deviennent la cible publicitaire et marketing des annonceurs (1). Et ce, malgré la perspective de la contestée taxe Google de 1% prévue le 1er juillet sur la publicité en ligne. Selon une étude publiée le 19 mai par l’Association française du multimédia mobile (AFMM), les services mobiles en France ont généré plus de 1,2 milliard d’euros en 2010 – dont 800 millions dans la distribution de contenus ou de services via les téléphones portables et 430 millions dans la relation client, le marketing et la publicité mobile. Grâce aux smartphones et aux « applis », le Syndicat des régies Internet (SRI) a indiqué que la « m-pub » a fait un bond de 23 % en 2010, à 27 millions d’euros sur
le marché français (2) où l’on compte 63 millions d’abonnés mobile – dont près de 30 millions « multimédias ». Selon le cabinet d’études britannique Enders Analysis, les dépenses moyennes pour une campagne de publicité mobile vont de 11.500 à 15.500 euros au Royaume-Uni, contre 7.500 euros et 11.500 euros en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Aux Etats-Unis, ces dépenses moyennes atteignent 75.000 euros et au-delà en Asie. C’est dire le potentiel de croissance. Au niveau mondial, l’Idate prévoit que la m-pub représentera 14 % de la publicité en ligne en 2014 – soit
12 milliards d’euros. La publicité vidéo « in-stream » sur mobile prend de l’ampleur : d’après la régie publicitaire AdVideum qui publie un baromètre, plusieurs campagnes vidéo sur ce mois d’avril ont été accompagnées d’une campagne mobile. Et selon
une étude de Nielsen, les annonces sur iAd (plateforme de publicité mobile d’Apple) s’avèrent deux fois plus efficaces que celles diffusées à la télévision. Il en irait de
même sur AdMob de Google. Le salon Buzzness Mobile va ainsi démontrer que le smartphone – bien plus que les ordinateurs ou les tablettes – est, grâce à la géolocalisation, le média permettant de cibler, d’informer, de fidéliser ou de faire payer l’internaute là où il se trouve. Et selon nos informations, Médiamétrie va d’ailleurs intégrer pour fin juin les audiences mobiles – aux côtés de celle de l’Internet, de la télévision, de la radio, de l’affichage et de la presse – dans son étude annuelle cross media. Et en fin d’année, Médiamétrie prendra en compte le WiFi dans l’audience mobile. @