Ouest-France se diversifie jusque dans le « nuage »

En fait. Le 13 janvier, Précom – filiale de publicité, de radio et de communication du groupe SIPA, maison mère du premier quotidien français Ouest-France – annonce l’acquisition de Cocktail FM par Radio Cristal. Le 5 décembre, SFR est choisi pour héberger ses applications médias en ligne dans le « cloud ».

En clair. L’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste, laquelle détient quasi 100 % de la Société d’investissements et de participations (SIPA), maison mère du premier quotidien français, Ouest- France (1), devient plus que jamais pluri-média et digitale. Pionnière des nouveaux médias avec la création en 1986 de Ouest-France Multimédia, le groupe de médias du Grand Ouest se diversifie par voie hertzienne et sur
le numérique. Passé l’an dernier de 44 à 53 éditions locales imprimées de Ouest-France, lequel renforce sa proximité « papier », le groupe SIPA fait aussi le grand saut dans le nuage informatique. Sa filiale Précom (détenue à 68 %) a confié à SFR l’hébergement et l’exploitation de ses applications web pour une période de trois ans. L’opérateur télécoms hébergera l’ensemble des applications Internet du groupe média. « Ces applications comprennent notamment les sites de consultation et d’information, les services de e-commerce, les sites d’échanges de données ainsi que la plate-forme de développement dédiée aux développeurs informatiques internes », précise la société Précom dirigée par Patrick Lelièvre (2). Cette filiale sœur de Ouest-France monte ainsi en charge non seulement en tant que régie publicitaire et éditeur de radios (avec Radio Cristal, qui émet dans l’Eure et les Yvelines), mais également sur les différents supports Internet. En 2005, Précom filialise ses activités de régie de publicité sur Internet sous le nom de Précom Multimédia, mais l’absorbe cinq ans plus tard pour « constituer un réseau commercial
bi-média (presse + web) ». Quant à Ouest- France Multimédia, la filiale numérique du quotidien, elle mise désormais sur les tablettes. « Le site web comme outil d’information, on n’y croit absolument pas. (…) Le grand changement pour nous, c’est la tablette », avait lancé son président, Olivier Bonsart (directeur délégué de SIPA), lors du salon La presse au futur à Paris en décembre 2010. SIPA se diversifie aussi avec ses autres filiales : Journaux de Loire (ex-Socpresse), Publiheddo (57 titres) et SofiOuest, laquelle détient
66 % de Spir et 50 % de 20 Minutes. @

Comment va AOL, un an après le rachat du HuffPost ?

En fait. Le 23 janvier, la version française du site d’informations en ligne américain The Huffington Post a été lancé officiellement – en partenariat avec Le Monde. Et ce, un an après le rachat du Huffington Post Media Group par le portail Internet AOL, sa plus grosse acquisition depuis 2009.

En clair. Cela fait un an (1) que le groupe AOL a racheté le site web d’information et de blogging The Huffington Post et c’est son plus important investissement depuis qu’il a quitté le giron de Time Warner en décembre 2009 (2) : 315 millions de dollars (loin devant l’achat de l’agence de vidéos publicitaires Goviral pour 97 millions en janvier 2011). De la quinzaine d’acquisitions (3) réalisées par AOL depuis le spin-off, c’est la plus risqué aussi. Avec le HuffPost, AOL est passé d’une activité de « portail Internet » à celui d’« entreprise d’information » – avec toute la dépendance à la publicité en ligne que cela implique.
Pour élargir son audience (37 millions de lecteurs par mois aux Etats-Unis) et mieux la monétiser auprès des annonceurs, le site d’Arianna Huffington est parti à la conquête de l’Europe. Après la version au Canada lancée en mai 2011 (au Québec en février) et la version britannique en juillet 2011, c’est au tour de la version française d’être lancée, en attendant les déclinaisons espagnole en mars prochain, grecque au printemps, italienne d’ici la fin de l’année, et allemande. Mais le fonds d’investissement américain Starboard Value, qui détient 4,5 % d’AOL Inc, a de sérieux doutes sur cette stratégie. Dans une lettre ouverte envoyée le 21 décembre au PDG Tim Armstrong et à tout son conseil d’administration, le DG de Starboard Value, Jeffrey Smith, n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Nous n’accordons aucune valeur aux actifs médias d’AOL, y compris le réseau publicitaire, l’activité de search et (…) l’affichage publicitaire. Nous croyons que la sous-performance d’AOL [en Bourse] est due aux pertes opérationnelles massives dans la publicité en ligne, ainsi qu’aux acquisitions d’activités déficitaires ». Starboard Value estime en outre qu’AOL pourrait actuellement perdre plus de 500 millions de dollars par
an dans la seule publicité sur Internet ! AOL, qui va publier ses résultats annuels 2011
le 1er février, affichait une perte de 782,5 millions de dollars l’an dernier pour 2,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires (dont 53 % en epub…). Le Huffington Post, lui, était déjà bénéficiaire lors du rachat par AOL, « de l’ordre de 60 millions de dollars par an », avait indiqué Arianna Huffington à son partenaire français Le Monde en octobre dernier. Le HuffPost français, lui, vise l’équilibre « d’ici 2014 ». @

Facebook en Bourse : à qui profite l’écosystème « social »

En fait. Le 2 février, Facebook a déposé son document d’introduction en Bourse,
en vue de lever 5 milliards de dollars. Avec ses 845 millions d’utilisateurs actifs,
ses 3,71 milliards de dollars de revenus en 2011 et son milliard de bénéfice net (3.200 salariés), le réseau social est devenu un écosystème.

En clair. Tout a été dit sur cette plus grosse opération d’introduction en Bourse de l’économie numérique, bien loin devant les 1,67 milliards de dollars levés en Bourse par Google en 2004. L’« Internet social », gratuit mais financé par la e-pub (90 % des revenus de Facebook), est en passe de voler la vedette aux moteurs de recherche – Google en tête.
Tout un écosystème est en train de se développer sur Facebook, lequel génère avec ses 845 millions d’« amis » – dont 25 millions en France – une partie non négligeable du trafic de certains sites web d’informations et de contenus. « Les éditeurs estiment que le trafic apporté par Facebook est encore faible (moins de 3 % en moyenne) mais il varie fortement d’un éditeur à l’autre. Il est aussi plus qualifié car il provient la plupart du temps d’une recommandation : par exemple, les visiteurs du Huffington Post en provenance de Facebook (jusqu’à 8 %) passent en moyenne 8 minutes de plus sur le site et consomment 22 % de pages en plus », a expliqué Julien Codorniou, responsable des partenariats de Facebook France, lors d’une présentation en octobre devant le Groupement des éditeurs de services et contenus en ligne (Geste). Facebook cajole les éditeurs en ligne français, notamment TF1. Selon une étude de la société d’analyse du Web, AT Internet, « le site Facebook génère en moyenne 2 % des visites d’un site d’actualité français toutes sources confondues ». Mais si l’on se focalise uniquement sur les sites dits « affluents » renvoyant du trafic vers ces mêmes sites d’actualité, Facebook s’arroge 22,2 % des visites (octobre 2011), suivi de Twitter avec 4,4 %. « Le petit dernier, Google +, lancé en juillet 2011 et ouvert au public depuis le 21 septembre dernier, n’est pas encore dans la course avec des visites encore anecdotiques… », souligne AT Internet. Social Graph (1), Like (2), Ticker (3), Timeline (4), News Feed (5), … Tous les moyens sont bons pour suivre et générer du trafic. Les sites qui utilisent Ticker voient leur trafic provenant de Facebook en plus forte augmentation que s’ils n’utilisent que le bouton « J’aime ».
Le Wall Street Journal aux Etats-Unis ou le Guardian en Grande-Bretagne bénéficient ainsi de l’affluence de Facebook où ces quotidiens sont présents. Certains médias utilisent en outre le système des « crédits » de Facebook, lequel prélève 3% sur les transactions, pour monétiser certains contenus. @

Vidéo et mobile dynamisent la mesure d’audience

En fait. Le 15 décembre, Médiamétrie a publié la première mesure d’audience de la vidéo sur ordinateur. Et le 8 décembre, lors des 5e Assises de la convergence des médias, Laurent Battais, l’un de ses dirigeants, a confirmé la mensualisation de la mesure d’audience de l’Internet mobile avec WiFi.

En clair. La vidéo visionnée sur ordinateur est enfin mesurée en France, grâce à Médiametrie//NetRatings – la société commune de Médiamétrie et de Nielsen. Les premiers résultats portent sur le mois de septembre et comportent deux classements :
l’un par « player » (lecteur vidéo d’un diffuseur) et l’autre par « site-support » (pages avec vidéo sur un même site). Ces résultats mensuels de la mesure de la vidéo sur ordinateur (visiteurs uniques, vidéos vues et temps passé) prennent en compte le streaming vidéo vidéo sur sites web, plates-formes de partage vidéo (Dailymotion, YouTube, …), TV de rattrapage (1). C’est la première fois que la catch up TV, pratiquée par 14,5 millions d’adeptes sur ordinateur (19 %), est prise en compte. Cependant, selon nos informations, il faudra attendre 2012 pour qu’elle soit par ailleurs intégrée dans le différé sur 7 jours de
la mesure d’audience des chaînes (2) La vidéo à la demande (VOD), elle, n’est pas concernée par cette nouvelle mesure vidéo « hybride » (panel d’internautes et résultats des sites web ou site-centric). « Les éditeurs de sites vidéos peuvent désormais encore mieux intégrer la vidéo à leur offres publicitaires et les agences aux plans médias des annonceurs », explique Estelle Duval, directrice de Médiametrie//NetRatings. Pour les vidéos vues à partir de smartphones, elles sont incluses dans une autre mesure, celle
de l’Internet mobile lancée il y a un an (fin octobre 2010) par Médiametrie//NetRatings
et l’Association française du multimédia mobile (AFMM). « Cependant, à l’inverse de la nouvelle mesure mise en place sur le fixe, elle n’intègre pas la durée de consultation
en streaming ni la mesure du contenu consommé », précise Laurent Battais, directeur exécutif « Performance et Cross Média » de Médiamétrie, à Edition Multimédi@.
Et à partir de décembre, la périodicité de la mesure Internet mobile passe de trimestrielle à mensuelle, tout en intégrant les connexions via le WiFi (résultats publiés fin janvier 2012). « Les éditeurs et les publicitaires vont pouvoir comparer l’audience du web fixe avec celle des mobiles. L’Internet mobile est en outre déjà intégré dans l’étude annuelle Cross Média, dont la prochaine édition sera publiée en juin 2012 », indique Laurent Battais. Les tablettes, iPad d’abord, auront aussi leur mesure, disponible également en janvier 2012. @

Le sort de Yahoo est lié à celui du chinois Alibaba

En fait. Le 30 septembre, Jack Ma, le président du groupe chinois de e-commerce Alibaba a déclaré qu’il était très intéressé [pour racheter] la totalité de Yahoo, lequel détient 40 % du capital d’Alibaba. Tandis que le 5 octobre, une rumeur – aussitôt démentie – disait Microsoft aussi sur les rangs.

En clair. Six ans après avoir investi 1 milliard de dollars pour devenir le plus gros actionnaire du géant chinois du e-commerce Alibaba (1), Yahoo sera-t-il racheté par
ce dernier ? Malgré les relations tendues entre les deux groupes, depuis le transfert du système de paiement en ligne Alipay dans une société contrôlée par Jack Ma, le chinois se rajoute à la liste des prétendants au rachat de Yahoo. Mais de tous les candidats, Alibaba est le plus incontournable : tout acheteur devra discuter des 40 % que Yahoo détient dans Alibaba, c’està- dire avec le président du groupe chinois de e-commerce, Jack Ma, lequel pourrait jouer un rôle important dans le futur Yahoo. A moins que, d’après l’agence Bloomberg, Alibaba ne rachète avant les 40 % que Yahoo détient dans son capital. Déjà leader en Chine, Alibaba viserait les Etats-Unis à travers Yahoo. Mais d’autres acquéreurs, notamment des fonds, sont sur les rangs : Silver Lake, DST Global, Andreessen Horowitz (Marc Andreeseen étant le co-créateur de Netscape), Providence Equity Partners, Allen&Co (prônant un rapprochement avec AOL) ou encore Masayoshi Son (PDG fondateur de SoftBank Capital). Début octobre, une rumeur a rajouté Microsoft à la liste déjà longue. Alors que Yahoo va publier le 18 octobre ses résultats du troisième trimestre, son avenir n’a jamais été aussi incertain – surtout depuis l’éviction de sa directrice générale Carol Bartz en septembre sur fond de perte de parts de marché face
à Google et Facebook. Les cofondateurs de Yahoo – Jerry Yang et David Filo (2) – sont
à la manœuvre avec le président contesté Roy Bostock et le DG par intérim Tim Morse pour revoir la stratégie de l’icône du Web et la redresser. Pour beaucoup, Jerry Yang reste celui qui a fait échouer en 2008 les négociations avec Microsoft qui était prêt à racheter Yahoo 44,6 milliards de dollars – bien plus que les 17 milliards de valorisation actuelle ! Microsoft a dû se contenter d’un partenariat conclu durant l’été 2009. Et mi-septembre, Microsoft, Yahoo et AOL ont présenté à des publicitaires – dont Publicis – une offre de couplage publicitaire prévue pour fin 2011. Car malgré ses 680 millions d’utilisateurs dans le monde, Yahoo ne monétise pas suffisamment cette audience. Dépassé par Facebook, la « digital media company » multiplie aussi les partenariats éditoriaux ou de « brand content » pour accroître son audience. @