L’AFP n’exclut pas une offre de dépêches sur Internet

En fait. Le 26 juin, en marge du colloque NPA-Le Figaro sur les médias et le numérique, Edition Multimédi@ a demandé à Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, s’il prévoyait de diffuser les dépêches sur Internet et les mobiles pour concurrencer
les autres agences mondiales (Reuters, AP, Bloomberg, …) qui le font déjà.

En clair. « Je ne sais pas… », a répondu le patron de l’Agence France-Presse (AFP). Autant dire qu’il n’exclut toujours pas cette perspective de proposer au grand public des dépêches directement sur Internet, les mobiles et les tablettes. C’est du moins ce qu’il envisage depuis qu’il a été nommé il y a plus de deux ans (1) à la tête de la troisième agence de presse mondiale, malgré l’opposition des éditeurs de presse. « Je n’ai jamais dit que nous mettrions les dépêches AFP sur Internet », nous a-t-il cependant assuré.Pourtant, lors de la présentation le 27 janvier 2011 de ses priorités 2010-2020, il avait déclaré : « La présence de l’AFP sur Internet est une question légitime et notre marque doit se développer à l’extérieur sur les modèles de croissance comme l’iPad, l’iPhone et Internet ». Sans faire comme l’agence italienne ANSA et ses 450 dépêches en ligne par jour, il avait parlé d’ »une centaine de dépêches par jour ».
Depuis que le statut de l’AFP a été modifié par l’article 100 d’une loi datée du 22 mars 2012 – afin de lui confier des « missions d’intérêt général » (2) et justifier ainsi aux yeux de la Commission européenne le financement qu’elle reçoit en « compensation » de l’Etat (3) –, qu’est-ce qui empêche maintenant l’AFP de concurrencer ses rivaux mondiaux sur ce terrain-là ?

Le kiosque E-Presse ne sera ouvert qu’en avril

En fait. Le 9 mars, la société miLibris – partenaire technologique d’Orange pour
sa solution de lecture en ligne Read and Go – indique à Edition Multimédi@ que
le kiosque E-Presse du GIE de titres de journaux ne sera pas ouvert en mars,
mais en avril. Il vient de nouer un partenariat avec Microsoft.

En clair. Cinq quotidiens – Le Parisien, Libération, Le Figaro, L’Equipe, Les Echos –
et trois hebdomadaires – Le Nouvel Observateur, Le Point et L’Express – avaient
prévu d’ouvrir avant fin mars leur kiosque numérique dans lequel ils ont investi via
un groupement d’intérêt économique : le GIE E-Presse. Mais selon nos informations, l’ouverture est décalée à avril et ne proposera dans un premier que la vente à l’acte
de numéros ou d’articles. Pour s’abonner à un titre, il faudra patienter. Une première présentation a été faite aux éditeurs de services en ligne à l’occasion de la réunion du conseil d’administration du Geste (1) le 20 janvier dernier. Xavier Spender, le président
du GIE et par ailleurs PDG de L’Equipe du groupe Amaury (2), a notamment indiqué
que le GIE est hébergé par Les Echos. Grand absent : Le Monde, dont les nouveaux actionnaires Bergé-Niel-Pigasse ne veulent pas en faire partie. « On a peur de rien.
(…) On n’est pas obligé d’ériger des forteresses ou des forts Chabrol ! », avait ironisé Matthieu Pigasse devant l’Association des journalistes médias (AJM) en janvier dernier (3). Avant même d’ouvrir ce kiosque numérique, son directeur général Frédéric Filloux a noué un partenariat « local » avec Microsoft France autour de son moteur de recherche Bing qui a été lancé le 1er mars en France. Pour mieux se poser comme alternative face aux plateformes de presse en ligne concurrente de Google, Apple et Yahoo, le GIE E-Presse s’est ainsi rallié à Microsoft qui offre aux éditeurs une rupture par rapport aux autres géants du Net. Malgré ses efforts en faveur de la presse avec le lancement le 16 février de Google Pass Média pour tenter de faire oublier les griefs des éditeurs contre Google News (4), le numéro un mondial des moteurs de recherche semble avoir perdu la confiance de la presse. Là où Google News est accusé de ne pas partager les fruits de la e-pub avec les journaux, Microsoft joue la proximité locale en prévoyant un partage des recettes publicitaires avec les fournisseurs de contenus. L’algorithme de recherche ne fait plus la loi : Bing offre une amélioration de la « pertinence » en faveur de ses partenaires (5), ainsi qu’une fenêtre de recherche directement sur le site web
du journal. Mais le président de Microsoft France, Eric Boustouller, n’a pas révélé les reversements consentis aux éditeurs. Chez Apple, c’est 70 % voire 61 % (si TVA luxembourgeoise non récupérée). La régie de Google, elle, reverse 51 % ou 68 %
des recettes publicitaires à ses partenaires. @

Les médias sont de plus en plus attirés par Apple…

En fait. Le 15 février, Apple donne la possibilité aux les éditeurs présents sur iTunes Store – accessible via App Store pour les iPhone, iPod Touch et iPad –
de proposer désormais des abonnements. Comme pour les ventes à l’acte, seules proposées jusqu’alors, ils percevront 70 % du prix de vente.

En clair. Les relations ambiguës entre la presse et la marque à la pomme vont s’intensifier. Les éditeurs de journaux admirent et craignent à la fois le géant Apple et
son iTunes Store. Cette boutique en ligne, lancée en 2003 sur le marché de la musique
en ligne où elle est aujourd’hui en position dominante, est accessible non seulement à partir d’un ordinateur (PC et Mac) mais surtout – depuis juillet 2008 – via l’App Store par 160 millions de terminaux portables à ce jour dans monde dotés du système d’exploitation fermé iOS (1). En proposant ce qu’Amazon a déjà pour son Kindle Store, à savoir l’abonnement payant, Apple veut rendre encore plus attractif son écosystème pour les éditeurs (presse, musique, vidéo, jeux, gadgets, …). Par exemple, en France, Le Point est parmi les premiers à adopter l’abonnement iPad. Le partage de la valeur reste inchangé : 30 % du prix de vente pour Apple et 70 % reversé à l’éditeur. Mais comme Apple Europe basé au Luxembourg paie 9 % de TVA réduite non récupérable, l’éditeur ne touche en fin de compte que 61 %… A moins que l’éditeur ne recrute l’abonné à la même « appli » directement sur site web où il peut proposer l’abonnement « au même prix ou moins » et avec le mode de paiement de son choix. Auquel cas, Apple ne touche rien. Sinon sur App Store, payer par iTunes est obligatoire. En janvier, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) s’était inquiété du « danger » de voir Apple imposer son système de paiement iTunes et une grille tarifaire d’abonnements. Finalement, l’éditeur aura le choix du prix et de la durée de souscription. Tandis que l’abonné recruté sur App Store aura l’option de donner ses coordonnées à l’éditeur, ce qui n’est pas le cas à l’acte où Apple garde la mainmise sur le client. « Notre philosophie est simple », a affirmé le 15 février Steve Jobs le PDG de la firme de Cupertino (2), en proposant ce compromis que l’autorité de la concurrence aux Etats- Unis – la FTC – étudie néanmois (3). Pour autant, les transactions dans l’appli (« In-App Purchases ») restent facturées par Apple. Et pour les ventes à l’unité, la grille tarifaire et le paiement par iTunes demeurent imposés. App Store compte déjà 350.000 « apps », dont 60.000 dédiées à la tablette multifonction. Presque tous les journaux sont sur l’iPad, perçu comme une « planche de salut » pour faire payer leurs articles que les internautes et les mobinautes trouvent souvent gratuitement sur le Web. Mais qui trop embrasse, mal étreint. @

Presse et édition tablent trop sur… la tablette

En fait. Le 12 mars, Apple a commencé à engranger les premières commandes pour sa tablette multimédia iPad, laquelle sera livrée aux Etats-Unis à partir du 3 avril et dans huit autre pays courant avril – notamment en France – au lieu de fin mars initialement annoncé par Steve Jobs.

En clair. Après l’iPhone lancé il y a moins de trois ans (juin 2007), avec une couverture médiatique mondiale sans précédent, Apple est en passe de réussir à nouveau l’exploit
de lancer l’iPad avec le même engouement des journalistes et des blogeurs. C’est particulièrement frappant dans la presse écrite, qui, après avoir fait du smartphone d’Apple son mobile fétiche, semble trouver d’emblée dans la tablette multimédia de la firme à la pomme sa nouvelle planche de salut. Lors du “2010 Media Summit”, qui s’est déroulé à New York les 10 et 11 mars derniers, les journaux américains – New York Times et Wall Street Journal en tête – étaient déjà sur les starting-blocks. Au même moment, outre-Atlantique, l’iPad était également attendu de pied ferme par des patrons de presse lors du “Abu Dhabi Media Summit”. Avec l’iPhone et l’iPad, jamais l’industrie de la presse en souffrance n’avait fondé autant d’espoirs sur des terminaux multimédias. Comme si sa survie en dépendait. La plupart des éditeurs de journaux
y voient un moyen de compenser le déclin du papier (lectorat et publicité) et de tenter de remonétiser ses articles. « Faire payer les internautes et les mobinautes » : tel est désormais le credo des journaux qui voient dans les smartphones, tablettes et liseuses des solutions pour remettre la main sur des lecteurs en ligne trop longtemps habitués – à leurs yeux – au gratuit sur le Web. Dernier candidat en date à l’iPad : Le Monde, dont la nouvelle formule web-papier est lancée ce 29 mars (1). Mais à trop embrasser, les médias papier risquent de mal étreindre et de perdre leur âme et le contact direct avec leur lectorat. Après Google, Apple est en passe de devenir l’un des grands intermédiaires entre la presse et son public. Cette désintermédiation, menée concomitamment au démantèlement de l’« oeuvre collective » qui caractérisait jusqu’alors les journaux (une Une et une quatrième de couverture),
fait entrer la presse sur des plateformes de syndication de contenus numériques : App Store, iTunes et iBook chez Apple, qui songe aussi à un “Mag Store” pour les journaux
et magazines, Kindle Store chez Amazon ou encore Google News du géant du Net.
Le marché du livre numérique lui emboîte le pas, comme l’illustre – au Salon du livre
de Paris, du 26 au 31 mars – l’engouement de certaines maisons d’édition pour des liseuses comme le Reader de Sony. Aux Etats-Unis, Hachette Livre sera présent sur l’iPad. @