Nouveaux marchés du Net : 70 milliards d’euros

En fait. Le 26 avril, l’Idate a publié la 11e édition de son rapport DigiWorld
Yearbook, qui évalue le marché mondial des services et équipements numériques
à 2.754 milliards d’euros, soit + 3 % sur un an. Mais de nouveaux marchés d’Internet, en croissance à deux chiffres, sont désormais pris en compte.

En clair. L’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) élargit son champ d’études aux moteurs de recherche (search), aux réseaux sociaux, aux jeux en ligne,
aux applications mobile, à la publicité sur Internet, à la vidéo en ligne, à la télévision sur ADSL, aux livres numériques, ainsi qu’aux solutions de « cloud computing », « M2M/IoT » (1), « smart grid/cities », e-santé, e-learning/e-éducation ou encore e-commerce. Tous ces « nouveaux marchés d’Internet », auxquels le DigiWorld Yearbook 2011 consacre pour la première fois un chapitre entier, ont représenté l’an dernier « entre 60 et 70 milliards d’euros dans l’Europe des Vingt-sept, dont 13 % à 14 % générés par la connectivité (accès triple play, mobile, câble, …) ». Or, ces nouveaux marchés affichent
« entre 20 % et 50 % de croissance annuelle » selon les segments. C’est une aubaine pour le marché européen qui « reste en panne » : entre 0 % et 1% de croissance, à 700 milliards d’euros en 2010. Au niveau mondial, la croissance reste « modérée » : 3 % de hausse, à 2.754 milliards d’euros. Mais par rapport au recul historique de 1,5 % à 2.629 milliards d’euros en 2009, c’est encourageant. @

RNT : la France tergiverse, l’Allemagne se lance

En fait. Le 15 mars, cela fait déjà quatre mois que nos voisins d’outre-Rhin se
sont finalement mis d’accord pour lancer cette année la radio numérique terrestre (RNT) avec l’opérateur de réseau DAB+, Media Broadcast – filiale allemande de TDF. Pendant ce temps, en France, le rapport Kessler hésite encore.

En clair. L’Allemagne est dans les starting-blocks pour préparer son basculement – à l’automne 2011 – vers la radio numérique terrestre (RNT), grâce à un accord signé en décembre entre plusieurs radiodiffuseurs et le multiplex national DAB+ géré par Media Broadcast (TDF). Selon ce dernier, ce sont au total trois programmes de la radio publique allemande Deutschlandradio et six programmes de radios privées qui seront proposés, auxquels pourraient s’ajouter des radios régionales. D’autres pays européens pourraient se lancer à leur tour, comme la Grande- Bretagne et le Danemark qui expérimentent avec succès. D’autant que la Commissaire européenne en charge
du numérique, Neelie Kroes, s’est prononcé le 3 mars dernier – à l’occasion du 20e anniversaire de la conférence de l’Association européenne des radios (AER) – en faveur d’un marché unique de la RNT avec des récepteurs intégrant les standards DAB, DAB+ et DMB (1). Ces technologies permettent la « radio à images », voire à vidéo avec le DMB ! Elle a néanmoins pointé du doigt le « manque de consensus sur le futur de la radio » en Europe. La Suisse, elle, a lancé des réseaux DAB+ il y a près de deux ans. Pendant ce temps là, la France en est à son troisième rapport sur la radio numérique terrestre (RNT), avec successivement celui d’Emmanuel Hamelin (octobre 2009), de Marc Tessier (novembre 2009) et de David Kessler (2) cette année. Ce dernier, qui a déjà demandé aux différents acteurs de se déterminer clairement, devait rendre ses conclusions au Premier ministre, à la fin du mois dernier. David Kessler s’est rendu à Nantes, début février, pour s’inspirer de l’expérimentation de RNT tout juste prolongée par le CSA jusqu’au 5 juin prochain et menée par le Groupement des radios associatives de la métropole nantaise (Gram). Le gouvernement pourrait décider de lancer une expérimentation nationale de RNT. Autant dire que le lancement commercial en France n’est toujours pas pour demain. Rachid Arhab aurait même fait part de son « inquiétude » sur l’avenir de la RNT, le 15 février lors d’un dîner du Club parlementaire sur l’audiovisuel et les médias. Elle avait été promise pour… 2008 ! Mais les grandes radios privées, telles que RTL, Europe 1, NRJ et NextRadioTV ne cessent d’exiger un « moratoire de 18 mois » pour attendre des jours (économiques) meilleurs. Pour l’heure, la bande FM sature en fréquences et l’offre de stations reste limitée, en comparaison du choix plus large apporté par la RNT. @

Prendre le numérique à la lettre

Une semaine de vacances, et c’est encore et toujours l’occasion de faire un clin d’œil amical à nos proches, en
leur faisant partager nos coups de cœur le temps d’une carte postale. Celle-ci viendra illuminer une boîte aux lettres qui n’a plus si souvent l’occasion de s’émerveiller. Le courrier se fait rare en ces temps de bourrasques numériques. Les faits sont implacables qui, année après année, ont vu s’effriter
les piliers de la poste que nous avions toujours connus.
Les postes états-uniennes ou françaises, qui distribuaient chaque année respectivement plus de 170 milliards et plus de 19 milliards d’objets, ont connu une baisse régulière des volumes traités, de plus de 20 % en dix ans. Le courrier des particuliers, qui représentait moins de 17 % de l’ensemble des revenus des envois
de correspondance en 2010, a encore vu sa part décliner en raison de l’accélération
de la dématérialisation des communications personnelles. On n’a jamais autant communiqué qu’aujourd’hui, mais différemment des époques précédentes.

« Nous commençons à nous envoyer des cartes personnalisables sur papier électronique souple utilisant les dernières générations d’encre numérique. »

La BD au pays du numérique

En tant que lecteur de bande dessinée, nourri depuis mon plus jeune âge par les aventures de ces héros de papier, je n’ai pas à me plaindre de la nouvelle ère qui s’ouvre devant ce Neuvième Art qui mit du temps à se voir reconnaître
ce statut prestigieux. Mais le propre de la BD est de régulièrement échapper aux cases dans lesquelles certains tentent de la faire entrer, car la voilà qui déjà s’engouffre dans la révolution numérique, aux avant-postes de l’édition qui l’aborda avec frilosité. Sans remonter aux fresques médiévales ou aux premiers albums du père fondateur, le Suisse Rodolphe Töpffer dès 1830, on peut se souvenir de Little Nemo de Winsor McCay. Ces merveilleuses planches en couleur parurent à partir de 1905. Après un âge d’or commencé dès les années 30 et un accès à l’âge adulte dans les années 60, la BD a abordé les années 2000 avec une santé insolente : l‘univers de la création en image semblait sans limites et tous les styles étaient représentés, de la bande en quatre images au roman graphique, jusqu’aux classiques de la littérature, de Marcel Proust à Karl Marx, qui connurent alors un nouveau succès à l’occasion de leur adaptation en bande dessinée.

« La chaîne de valeur a été bien bousculée, imposant une redistribution des recettes entre les acteurs traditionnels de l’édition et les nouveaux venus. »

Après le basculement, de la VOD sur la TNT en vue

En fait. Le 8 mars, les 11,5 millions de Franciliens ont basculé dans la télé numérique avec l’extinction de la diffusion analogique : sont concernés
3,3 millions de foyers recevant la TNT via leur antenne (pas par ADSL,
fibre ou satellite). Prochaine étape : des services interactifs en plus sur la TNT.

En clair. La télévision numérique terrestre (TNT) est maintenant à huit mois d’achever
sa mue, avec l’extinction totale le 30 novembre prochain de la diffusion analogique des
19 chaînes gratuites, des 11 chaînes payantes et de plusieurs dizaines de télévisions locales (au nombre de 7 en Ile-de-France). Au-delà du fait que le tout-numérique libère
des fréquences pour de nouvelles chaînes de télévision et des accès haut débit à l’Internet mobile, la bataille entre les accès à la télévision va maintenant vraiment pouvoir commencer. Face à l’ADSL, au câble, à la fibre et au satellite, qui permettent aussi la réception numérique audiovisuelle, la TNT n’a pas encore dit son dernier mot avec la norme HbbTV (pour Hybrid Broadcast Broadband TV). Autrement dit, les chaînes de la TNT reçues par les antennes sur les toits vont pouvoir proposer d’ici la fin de l’année des services interactifs, de la vidéo à la demande (VOD), de la télévision de rattrapage ou encore des informations en tout genre. Bref, la TNT va prendre des petits airs de FAI ! Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) supervise actuellement des expérimentations de services supplémentaires sur les fréquences de la TNT. Ainsi, il
a prolongé les tests HbbTV de Normandie TV jusqu’à fin juin. Son service interactif T-Seniority (du nom d’un programme européen) propose de la catch up TV, des sites d’information comme WikiManche, voire des alertes météo ou événementielles. L’expérience est menée en partenariat avec notamment les prestataires techniques HTTV et Hyperpanel, membres de l’Afdesi (1). Cette association, qui va organiser le
6 juin les 6e Assises de la TV interactive à Paris, va elle aussi expérimenter avant la
fin du semestre un service HbbTV baptisé « Mes Services TV », dont le dossier est examiné par le CSA. Selon nos informations, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) y mettra son flux RSS « Alertinfo », lequel renvoie vers les contenus de ses éditeurs membres. L’Afdesi cherche ainsi à fédérer des éditeurs indépendants autour d’un bouquet de services interactifs et à lancer son portail au second semestre 2011. De son côté, Télédiffusion de France (TDF) prévoit aussi de lancer à la fin de l’année pour lancer des services de « push VOD » et de catch up TV sur le signal de la TNT en fonction de la ressource spectrale disponible (2). TDF a expérimenté avec succès ce type de service non linéaire avec TF1, France Télévisions, Arte et NRJ 12, notamment à Rouen. @