L’actuelle chronologie des médias « fête » ses 5 ans

En fait. Le 3 juillet, était l’échéance à laquelle les professionnels du cinéma devaient envoyer leurs positions sur les premières orientations et propositions que leur a présentées le 19 juin le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Le 6 juillet, l’actuelle chronologie des médias a cinq ans.

En clair. Les professionnels du cinéma français ne sont pas vraiment à la fête pour ce cinquième anniversaire de l’accord signé le 6 juillet 2009 sur la chronologie des médias (1) encore en vigueur aujourd’hui. Mais, remise en cause, cette sacrosainte réglementation qui organise les sorties des films après le monopole de la salle (durant
4 mois) doit faire l’objet courant juillet de recommandations de la part du CNC. Cependant, alors que ce dernier a présenté le 19 juin des premières propositions pour réformer le financement et la régulation du cinéma français qui en a bien besoin (plus de transparence, maîtrise des coûts des films, limitation des cachets, financement de
la production, soutiens à la distribution et à la diffusion), aucune ne concerne la chronologie des médias. Et pour cause, la réforme des fenêtres de diffusion fait l’objet jusqu’au bout d’âpres négociations menées à part. L’avancement de la fenêtre de la vidéo à la demande à l’acte (VOD) de 4 mois à 3 mois pour tous les films – mesure préconisée par le rapport Lescure de mai 2013 et par le CSA dans son bilan SMAd de novembre 2013 (où il est question de conventionnement contre une chronologie plus avantageuse) – est loin de faire l’unanimité.

L’une des dernières charges à cette réforme très sensible est venue de Alain Terzian, président de l’Union des producteurs de films (UPF), qui, dans un courrier adressé le
2 juin à la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, s’inquiète du fait que le CNC veuille « bouleverser la chronologie des médias ». Pour lui, « l’approche qui semble se dessiner procède d’un aberration intellectuelle et d’un suicide industriel ». L’UPF, qui regroupe 73 producteurs de cinéma (dont Studio Canal, Europacorp, Cargo Films, …), préfère « accélérer l’éradication de la piraterie » plutôt que de « détruire un système gagnant ».
Entre le CNC qui marche sur des oeufs (avec comme référence le rapport Bonnell demandant à « sanctuariser les 4 mois de la salle avec possibilité de légères adaptations à la marge ») et le CSA qui veut avoir son mot à dire (avec sa proposition d’associer le conventionnement des services VOD à des contreparties d’aménagements de fenêtres), la réforme devrait probablement s’en tenir à des
« dérogations » ou des « expérimentations », « à la marge ». La sortie simultanée salles-VOD (2), elle, est une autre histoire. @