Presse IPG : Aurélie Filippetti met en garde Google

En fait. Le 17 octobre, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a exprimé des réserves sur la gouvernance du Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) – pourtant signé à l’Elysée par Google
et l’AIPG en présence de François Hollande. Elle demande de la transparence.

Aurélie FilippettiEn clair. « Concernant la gouvernance du fonds [créé par Google et l’Association de la presse d’information politique
et générale (AIPG), ndlr], il faut faire attention que Google
ne prenne pas le pouvoir et qu’il ne soit pas le décideur à
qui finalement vont aller ces aides », a déclaré la ministre de
la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti (photo), invitée par l’Association des journalistes médias (AJM).
« C’est là qu’il faut être très vigilants. Il faut que les projets de modernisation financés ne soient pas des projets estampillés Google. Je suis d’accord avec vous [sur le fait que ce fonds n’est pas transparent].
Je pense que la place importante que Google occupe dans la gouvernance peut être contestable. On peut s’interroger », a-t-elle poursuivi.

60 millions d’euros sur trois ans : 7 premiers dossiers retenus sur 26
Ce manque de transparence du Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP), réservé exclusivement à la presse d’information politique et générale (1) et financé par Google seul à hauteur de 60 millions d’euros sur trois ans, est aussi dénoncé par le Syndicat de la presse indépendante en ligne (Spiil).
Ce dernier n’excluait pas fin septembre de porter plainte en France et en Europe pour « conflit d’intérêt et distorsion de concurrence » (2). La ministre, elle, a rappelé qu’elle
avait une préférence pour une loi et a mis en garde Google sur la gestion de ce fonds.

« Je veux que ce fonds, conçu pour récupérer de la valeur qui a été transférée vers Google, serve à tout l’amont et pas pour des projets estampillés Google. Je demande un suivi de l’utilisation de ce fonds [dont le conseil d’administration se réunissait le 17 octobre pour ne retenir que 7 premiers dossiers sur 26, ndlr (3)]. Il faut passer à des versements de Google par tranches et non pas par projets. (…) Quand l’Etat accompagne des projets avec le fonds stratégique [fonds SPEL pour les services de presse en ligne, ndlr], eux disent qu’ils ne financent pas. Alors qu’il n’y a pas de raison. Sinon, il va falloir se lever tôt pour consommer les 60 millions d’euros ! ». Quid de la presse non IPG ? « Je considère que ces 60 millions sont peu par rapport à la valeur dégagée pour Google. Donc, on pourrait légitimement demander à Google à avoir des négociations semblables avec d’autres secteurs, notamment la photo et pourquoi pas d’autres. C’est aux professionnels de le demander, pas au gouvernement », a-t-elle répondu. @