Screen Cities

Comme tous les matins, lorsque je prends le tram, l’attente est un peu moins longue à l’abri de ces nouvelles stations qui se sont couvertes d’écrans : écrans d’informations sur
le trafic et le temps qu’il fera, écrans tactiles pour des recherches personnelles ou écrans de publicités interrogeables via mon mobile. Et si mon regard se porte au-delà, la perspective qui s’offre à moi est un troublant mélange de lieux immuables et d’images animées portées par des centaines d’écrans vidéo illuminant les édifices publics, les affiches et les boutiques. Matérialisation tangible de
la ville devenue numérique, les écrans ont envahi nos rues. Après s’être électrisées de mille feux au début du XXe siècle, nos villes se sont couvertes d’innombrables écrans, publics et personnels, véritables nouvelles lumières de nos villes. Alors que le lampadaire et les transports urbains firent sortir la ville de l’ombre et de ses frontières ancestrales, les écrans et les réseaux numériques ont ouvert aux citoyens et à leurs cités une nouvelle dimension. Loin de n’être que virtuelle, celle-ci redessine la ville, ses quartiers, son horizon même. Pour moi qui ai toujours assimilé la ville à un grand livre ouvert c’est un plaisir constant que d’entrer de plain-pied dans cette révolution digitale urbaine.

« Alors que le lampadaire et les transports urbains firent sortir la ville de l’ombre et de ses frontières ancestrales, les écrans et les réseaux numériques ont ouvert aux citoyens et à leurs cités une nouvelle dimension. »

Lagardère : vers 10 % de revenus en numérique

En fait. Le 26 août, le groupe français Lagardère – premier éditeur mondial
de magazines grand public et groupe de médias audiovisuels au travers de
sa filiale Lagardère Active – a revu à la hausse des prévisions annuelles,
grâce à la croissance du marché publicitaire. La publicité sur le Net y contribue.

En clair. Quant la publicité va un peu mieux, tout va un peu mieux. Surtout pour un conglomérat qui se veut un « pure player » des médias en devenir, prêt à céder des participations minoritaires dans Canal+, EADS, Amaury et Marie Claire. En mai, malgré
la crise structurelle de la presse, le groupe dirigé par Arnaud Lagardère avait annoncé
qu’il pourrait relever ses prévisions 2010. C’est chose faite, depuis la publication fin août de ses semestriels. « Nos résultats sur les trois derniers mois confirment la reprise du marché publicitaire », constate le dirigeant (1). Cette embellie, après une année publicitaire 2009 « exécrable » (2), est notamment due aux activités numériques qui dépassent déjà 7 % du chiffre d’affaires. Lagardère Active vise les 10 %. Cette reprise est confortée par les prévisions publicitaires de ZenithOptimedia : croissance de 3,5 % cette année, dont 13 % pour la publicité sur le Net. Lagardère Active surfe. Des sites web comme Elle.fr, Parismatch.com, Europe1.fr, JDD.fr ou encore Doctissimo.fr et Boursier.com renforcent audience et rentabilité. Quant aux développements de Lagardère sur les tablettes et livres numériques, ils plaisent à la société de Bourse Exane BNP Paribas qui a relevé fin août sa recommandation sur le titre Lagardère de sousperformer à sur-performer. Dès le mois d’avril, le groupe a lancé Paris Match sur l’iPad. D’autres titres le sont et le seront aussi. Au début l’été, Lagardère Active a même nommé un Monsieur e-reader en la personne d’Olivier Boutin. Le groupe y voit non seulement un moyen d’accroître ses recettes publicitaires, mais aussi de multiplier les contenus payants comme sur l’iPhone.
Le monde d’Apple (iPad, iTunes, …) permet, selon Didier Quillot, le PDG de Lagardère Active, de « ne pas renouveler l’erreur historique commise sur l’Internet avec la gratuité des contenus » (Les Echos du 26 mai 2010). Lagardère Publishing, la branche édition
qui reste la plus rentable du groupe malgré un ralentissement, est aussi pionnière dans
le domaine de la tablette, notamment aux Etats-Unis, ainsi que dans la distribution de livres numérique avec la plateforme Numilog. @

Bruno Chetaille, Médiamétrie : « La France sera le premier pays à mesurer l’Internet mobile et ses applications »

Le PDG de l’entreprise de mesure d’audiences explique à Edition Multimédi@
les évolutions majeures à attendre à l’heure du cross-media et de la fragmentation de l’audience. Après la téléphonie mobile, dont les premiers résultats sont attendus fin octobre, d’autres baromètres sont prévus.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : au-delà de la télévision, de la
radio et des sites web, où en est Médiamétrie dans l’instauration de nouveaux baromètres, notamment
pour l’Internet mobile, les jeux vidéo ou la vidéo à la demande ? Les « widgets » ou les livres numériques auront-ils bientôt leur mesure ?
Bruno Chetaille (photo) :
Notre activité se développe
selon deux axes : l’enrichissement de la mesure d’audience de référence de chaque média – radio, TV, internet – et le développement de nouveaux services destinés à mieux comprendre notre environnement numérique et à suivre les nouveaux usages. Mieux comprendre l’environnement, c’est notamment suivre l’équipement des foyers
et leurs dépenses. Nous savons ainsi qu’il y a en France 43 millions d’utilisateurs du téléphone mobile. Suivre les nouveaux usages, c’est savoir combien d’entre eux utilisent leur téléphone mobile pour surfer sur Internet – 30 % en l’occurrence, en progression de 6 % en un an – et mesurer l’audience des sites par cet accès. La France sera le premier pays à disposer d’un tel service incluant les applications. Ce service est partagé avec nos clients. Nos premiers résultats trimestriels seront publiés fin octobre. De la même façon, nous suivons l’équipement des foyers en tablettes et avons créé des baromètres spécifiques sur la télévision de rattrapage (catch up TV)
ou sur les jeux vidéo. Pour ne donner qu’un chiffre, 35 millions de Français ont déjà joué à un jeu vidéo. Une pratique qui respecte la parité homme-femme. Et près de
2,5 millions de personnes pratiquent la vidéo à la demande. Quant aux widgets sur les postes de télévision connectés et aux livres numériques, nos dispositifs « Référence
des équipements multimédias » avec GfK, l’étude « Media in Life » sur les comportements médias et notre mesure Internet montrent qu’ils sont encore marginaux. Nous les mesurerons lorsque leur utilisation sera significative.

Olivier Huart : « Face à la révolution numérique et la fin de l’analogique, TDF poursuit sa mue »

Radio numérique, télévision sur mobile, diffusion en streaming sur le Web, expérimentations de vidéo à la demande ou de télévision de rattrapage sur la TNT, … Le directeur général de TDF explique à Edition Multimédi@ sa stratégie face aux mutations technologiques.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Le 29 juin dernier, la mission confiée à David Kessler sur « l’avenir numérique de la radio » a été officiellement lancée. Depuis les rapports Tessier et Hamelin,
il n’y a pas eu consensus autour de la radio numérique terrestre (RNT). Que dit TDF ?
Olivier Huart (photo) :
TDF a réalisé en début d’année une
étude sur la RNT pour évaluer l’impact économique et technique (capacité des réseaux) d’un report de l’audience de la radio
« live » [en direct à l’antenne, ndlr] vers les réseaux mobiles 3G ou 4G. Conclusion : s’il n’y a pas de difficulté technique, le coût est significatif et évalué à 3,7 millions d’euros par an pour un grand réseau radiophonique. Nous pensons que la radio sur les réseaux 3G est complémentaire au mode broadcast [radiodiffusion de la RNT par un réseau hertzien dédié, ndlr], lequel conserve toute sa pertinence. Le coût des réseaux de RNT est deux fois moins élevé que celui d’un réseau analogique, ce qui présente un intérêt certain pour les radios. Aujourd’hui, nous nous appliquons à rendre ces réseaux encore
« plus économiques », c’est un des axes majeurs dont nous discuterons avec la mission Kessler. Quant aux normes DAB+ et DMB, elles sont issues de la même famille
Eureka 147 et sont compatibles. Pour un prestataire technique de diffusion, cela ne change rien (1).

L’âge d’or du d-Cinema

Ce soir, c’est ciné ! Et pas sur notre home cinéma mural.
Ce n’est pas non plus la bonne vielle sortie familiale pour
voir et partager le dernier blockbuster dans une salle à grand spectacle. Non, ce soir, Festival de Cannes oblige, nous allons assister à la diffusion de deux films de la sélection officielle, projetés simultanément dans une centaine de salles réparties sur la planète. Nous pourrons même participer au choix du film auquel sera attribuée la Palme du public, en votant directement sur nos smartphones. Est-ce tout ? Peu de chose aurait donc fondamentalement changé depuis qu’un Platon imagina une séance pour des spectateurs hypnotisés par des images projetées tout au fond d’une caverne symbolique. Si les spectateurs se retrouvent toujours dans une même salle, comme pour la première projection payante au Grand Café à Paris en 1896, les progrès n’ont cessé d’accompagner ce « Septième Art » devenu également une industrie culturelle puissante.

« L’ère digitale a changé la classique salle de cinéma en un véritable lieu de spectacle numérique, largement ouverte sur d’autres domaines (concerts, matchs, théâtres, …) »