A quand l’éclatement de la bulle « Spotify » ?

En fait. Le 30 mars, Spotify a confirmé l’information du Wall Street Journal
qui révélait sa levé de fonds de 1 milliard de dollars – via des obligations convertibles en actions lorsque la société suédoise sera introduite en Bourse.
Sa valorisation dépasse 8 milliards de dollars : pour quelle rentabilité ?

En clair. Depuis son lancement il y a huit ans, la société suédoise Spotify ne gagne toujours pas d’argent. Comprenez : elle n’est toujours pas rentable. Son chiffre d’affaires a certes dépassé le milliard d’euros en 2014, qui fut l’année où la perte nette s’est élevée à 162 millions d’euros. Pourtant, Spotify est actuellement valorisé plus de 8 milliards de dollars ! Les clients sont nombreux, mais ne rapportent pas suffisamment : sur plus de 75 millions d’utilisateurs actifs, 30 millions sont abonnés à l’offre de streaming musical – selon les chiffres publiés en mars (1). Son endettement total – inconnu comme ses résultats financiers, car la société n’est pas (encore) cotée en Bourse et n’a donc pas d’obligations de transparence – vient de franchir à la hausse
un nouveau seuil avec ce 1 milliard de dollars levé auprès de plusieurs investisseurs.

Par ailleurs, depuis sa création il y a huit ans, Spotify a dû verser pas moins de 3 milliards de dollars de royalties aux ayants droits. Et encore, le numéro un mondial du streaming musical, qui doit en outre des arriérés de plusieurs dizaines de millions de dollars (2), est en plus poursuivi par de nombreux artistes et interprètes de la musique : Melissa Ferrick et David Lowery, tous les deux en nom collectif, lui réclament devant la justice respectivement 200 millions et 150 millions de dollars pour non respect des droits de reproduction et non autorisation des ayants droit. Jusqu’où peut aller le Suédois Daniel Ek, cofondateur de Spotify (3), pour préserver la confiance investisseurs et ne pas exploser en vol ?

En souscrivant des obligations convertibles en action, les investisseurs TPG, Dragoneer Investment ou encore Goldman Sachs tablent sur l’introduction en Bourse. Mais pourquoi Spotify réussirait-il là où Deezer (ayant renoncé à la Bourse à l’automne dernier) ou Pandora (dont le titre s’est effondré l’année dernière) ont échoué ? Si Spofify devait être coté cette année, ces investisseurs bénéficieront d’une décote de
20 %, augmentée de 2,5 % tous les six mois suivants jusqu’à la cotation de la société : le compte à rebours de l’introduction en Bourse est donc lancé. La société suédoise dispose quand même d’une trésorerie supérieur à 500 millions d’euros grâce à des levées de fonds antérieures. Avec 1 milliard supplémentaire, d’aucuns s’attendent à
ce que Spotify investisse dans la vidéo, comme il a commencé à le faire. Quitte à faire des acquisitions. @