Contre Orange-Deezer, Qobuz n’exclut pas une plainte

En fait. Le 8 septembre, Yves Riesel, cofondateur président de Qobuz Music Group, éditeur de la plateforme musicale Qobuz.com, a été reçu par Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication. A EM@, il dit ne pas exclure de saisir l’Autorité de la concurrence contre l’accord Orange-Deezer.

Yves RieselEn clair. Selon nos informations, la société éditrice de la plateforme de musique en ligne Qobuz – qui a été placée pour quelques mois sous procédure de sauvegarde le 19 août – songe à saisir l’Autorité de la concurrence contre l’accord en vigueur depuis 2010 entre Orange et Deezer et censé s’arrêter en juillet 2015.
« C’est une vieille idée que j’avais eue. Jusqu’à présent je me suis concentré sur mon travail plus que sur de la procédure. Mais après tout, pourquoi pas y repenser », a confié Yves Riesel (photo), cofondateur président de Qobuz Music Group, à Edition Multimédi@.

Distorsion de concurrence
Il estime que depuis quatre ans déjà, le bundle Orange-Deezer – qui consiste pour l’opérateur télécoms à subventionner les abonnements Deezer en intégrant ce service de musique en streaming dans son forfait et en le proposant comme « gratuit » – crée une « distorsion de concurrence ».
Le patron de Qobuz est d’autant plus fâché qu’il a appris qu’Orange garantit pour une année de plus à Deezer – dont il est toujours actionnaire (minoritaire) – une soulte de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires (1), alors que le deal est supposé se terminer en juillet 2015. A la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, il s’est plaint de cet « abus de position dominante » d’Orange – dont l’Etat est le premier actionnaire avec 27 % du capital. Selon nos informations, c’est le jour de la prise de ses nouvelles fonctions (le 27 août) que celle qui fut ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique a pris contact avec la société Qobuz placée le 19 août sous procédure de sauvegarde. Yves Riesel espère que la ministre l’aidera à faire avancer son dossier de refinancement devant la Banque publique d’investissement (BPI).
Dès 2010, année de la conclusion de l’accord, Yves Riesel n’a cessé de le dénoncer :
« Il faut exiger d’Orange qu’ils arrêtent immédiatement toute forme de gratuit sur Deezer, afin de ne pas écraser par leur position dominante les autres sites de musique en ligne qui font payer la musique en streaming », avait-il lancé dans une tribune au vitriole contre l’ex-France Télécom (2). Plus récemment, dans l’interview parue en février dernier dans EM@, il nous disait encore : « Ce deal a créé une grave distorsion de concurrence avec les autres services français, lesquels ont été plaqués au sol » (3). @