Google Search : la fausse bonne idée du « dégroupage »

En fait. Les 9 et 10 septembre se sont tenues deux conférences, à Berlin et à Bruxelles, sur le thème « Internet and Neutral Search », organisées par l’Open Internet Project (OIP) et les associations européennes des éditeurs de quotidiens (ENPA) et magazines (EMMA). Mais Google est-il un « France Télécom » ?

En clair. L’Open Internet Project (OIP), association européenne créée en mai dernier
à l’initiative franco-allemande d’Axel Springer, de Lagardère et de CCM Benchmark (1), entend dissuader la Commission européenne de clore son enquête sur Google soupçonné d’abus de position dominante avec son moteur de recherche. L’un de
ses membres fondateurs, Lagardère Active via sa filiale LeGuide.com (comparateur
de prix), avance une solution radicale : le dégroupage de Google ! C’est un ancien dirigeant de France Télécom – ancien PDG de Wanadoo, artisan du triple play et de
la Livebox – qui milite dans ce sens. Et en connaissance de cause : Olivier Sichel, aujourd’hui PDG de LeGuide.com, n’y va pas par quatre chemins : «Si l’Europe se décidait à mettre en oeuvre le dégroupage de Google en donnant accès – dans des conditions acceptables – à cette nouvelle boucle locale qu’est le moteur de recherche général, beaucoup d’entreprises européennes relèveraient le challenge, offrant aux Européens le luxe du choix », écrit-il dans une tribune passée presque inaperçue cet été (2).

Les concurrents de Google dans la recherche en ligne reprochent à ce dernier (90 % du search en Europe) de favoriser ses propres services dans les résultats présentés aux internautes (YouTube avantagé par rapport à Dailymotion, Google Maps par rapport à Mappy ou encore Hotel Finder par rapport à Easyvoyage, par exemple). Pour Olivier Sichel, « la constitution d’acteurs puissants et innovants alternatifs à France Télécom sont autant d’effets positifs directement dus au dégroupage ». Mais peut-on vraiment comparer Google à l’ex-France Télécom ? Le géant du Net n’est pas un monopole comme à pu l’être l’opérateur télécoms historique : même s’il est plébiscité par les internautes, d’auteurs moteurs de recherche existent : Bing, Ask, Yahoo, etc. Google Search n’est pas une « infrastructure essentielle » qu’il serait impossible de contourner, alors que la boucle locale de France Télécom (le réseau téléphonique) l’était. Enfin, Google a présenté en février dernier des propositions – pour mieux distinguer ses propres services de ceux de ses concurrents – que la Commission européenne juge acceptables a priori. Reste à savoir si, à la suite de nouvelles plaintes (3), le commissaire européen à la Concurrence, Joaquín Almunia, « obtiendra plus de concessions » de Google – comme il l’a dit sur Bloomberg TV le 8 septembre. @