Musique : les majors veulent taxer la pub en ligne

En fait. Le 18 septembre, le Snep a présenté les chiffres du marché (de gros) de la musique sur le premier semestre 2013 : + 6,1 % sur un an, à 217,7 millions d’euros, dont près de 30 % grâce à la musique en ligne en hausse de 5,5 % (voir p. 10). Mais la filière musicale se dit victime d’un « transfert de valeur ».

En clair. Le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) ne se satisfait pas de
la croissance du chiffre d’affaires de la musique en ligne (+ 5,5 % au premier semestre 2013) et milite toujours pour « un mécanisme de financement pour corriger le transfert
de la valeur au détriment des producteurs ». Mais contrairement au rapport Lescure,
qui décidément ne passe pas auprès des majors de la musique qui en sont membres (Universal Music, EMI, Sony, Warner, …), le Snep écarte l’idée d’une taxe sur les terminaux connectés et demande « un nouveau droit à rémunération » en faveur de l’industrie musicale qui serait assis sur les recettes publicitaires des sites Internet proposant de la musique. « Que tous ceux qui diffusent nos contenus soient soumis à
une contribution de financement de la musique », insiste Guillaume Leblanc, DG du Snep. Il y a bien les revenus du streaming financé par la publicité, mais ils ne progressent que de 7 % dans le premier semestre de l’année, lorsque les revenus du streaming par abonnement, eux, progressent de 12,6 % (voir p. 10). Taxer la publicité en ligne de Google/YouTube, Yahoo Music, Dailymotion ou encore tous les sites web et webradios misant sur la gratuité de la musique financée par la publicité est ainsi perçu par le Snep comme le moyen le mieux à même de « compenser le transfert de valeur ».

Alors que le rapport Lescure suggère une taxe sur les terminaux connectés, dont le montant irait à un compte d’affectation spéciale qui financerait des actions de soutien
à la transition numérique des industries culturelles (cinéma, musique, photo, livre, jeux vidéo, …). « Non seulement une taxe sur les terminaux connectés n’est pas pertinente
ni pérenne et ne répond pas aux besoins de la filière, mais en plus cela revient à taxer l’innovation et le consommateur. Et rien n’est dit sur la manière donc cette taxe qui rapporterait 85 millions d’euros par an (1) sera répartie entre les différentes industries culturelles », critique Guillaume Leblanc. Le Snep, qui travaille avec la SCPP (2) sur
le financement par la publicité en ligne et « l’enrichissement sans cause », va dévoiler début octobre – en même temps que son audition devant la nouvelle mission Phéline
sur la musique en ligne – un rapport qu’il a commandité à Ernst & Young. Les producteurs indépendants réunis au sein de l’UPFI (3) réalisent, eux, leur propre étude. @