Comment Vitis accélère dans le très haut débit en poussant sa plateforme Videofutur en régions

Soutenu par la Caisse des dépôts, dont Gabrielle Gauthey (ex-Arcep) est directrice des investissements locaux, et filiale de Netgem, dont Marc Tessier
(ex-France Télévisions) est « censeur » au conseil d’administration, Vitis accélère son développement en régions avec sa « box » Videofutur.

Cinq ans après que Netgem, fabricant français de décodeurs devenu éditeur de « set-top-box » virtuel,
ait réintégré la plateforme de VOD Videofutur, celle-ci
– commercialisée par le fournisseur d’accès à Internet
Vitis créé il y a plus d’un an – poursuit son déploiement
en régions. Filiale à 56 % de Netgem, Vitis intervient en tant que « Fiber Virtual Network Operator » et emprunte
les réseaux d’initiative publique (RIP) des opérateurs d’infrastructures Altitude, Axione et Covage. FVNO est
à la fibre optique ce que MVNO (1) est à la téléphonie mobile.

Videofutur, la « box » du monde rural
Présidée et dirigée par Mathias Hautefort (photo), Vitis a atteint les 200.000 abonnés sur 500.000 prises de fibre disponibles dans 20 départements, soit auprès de 1.000 communes. Cela représente un taux d’abonnements de 40 % sur le nombre de prises éligibles. « Les 200.000 abonnés sont bien des abonnés à nos différentes offres Videofutur, avec l’offre fibre sur les RIP ou nos offres avec nos partenaires »,
précise Mathias Hautefort à Edition Multimédi@. Vitis joue ainsi à fond la carte de
la convergence en proposant d’office sa « box » Videofutur, qui a gagné du terrain depuis ses 50.000 abonnés de fin 2012 (au moment où elle a été reprise par Netgem). D’ici la fin de cette année 2018, l’opérateur alternatif vis un parc de 1 million de prises raccordables. « Je ne communique pas sur mes objectifs », ajoute-t-il. Si Videofutur maintient son taux de 40 % d’abonnés (200.000 actuellement) à ses services par rapport au nombre de prises « fibre » disponibles là où il est présent (500.000 prises adressables), l’opérateur alternatif Vitis pourrait – selon nos estimations – totaliser 400.000 abonnés à la fin de cette année.
La fibre et la « box » Videofutur compatible ultra-HD 4K sont proposées au prix du marché (2). Et d’ici la fin du mois de février, l’opérateur alternatif – « un acteur des “autoroutes du divertissement” » – ajoute une corde à son arc en lançant une offre mobile 4G en partenariat avec NRJ Mobile qu’opère Euro-Information Telecom (EIT (3)). Jusqu’alors offre triple play (Internet très haut débit+téléphone+VOD/TV), Videofutur entre de plain-pied dans le quadruple play. Mais Videofutur, qui vient de changer d’identité visuelle avec « une nouvelle signature unique : “A vous la fibre” », restera plus que jamais indissociable du très haut débit optique. Netgem développe
en outre une offre « musique » appelée Voxtok pour sa barre de son Soundbox, en partenariat avec Napster (40 millions de titres). Que de chemin parcouru pour Videofutur, la plateforme française de VOD née de l’offre Glowria rachetée il y a onze ans par le groupe Netgem, lequel en avait fait en 2010 un groupe à part, Video Futur Entertainment, présidé alors par Marc Tessier. Aujourd’hui, l’ancien président de France Télévisions (1999-2005), ex- DG du CNC (1995-1999) et ex-DG de Canal+ (1983-1995) veille toujours aux destinées de Videofutur. « Je suis censeur au conseil d’administration de Netgem et membre associé au comité de direction de Vitis », nous indique-t-il. Après avoir dénoncé sans résultat le verrouillage des FAI (4), Videofutur s’était résolu à lancer sa propre « box » faute d’avoir eu accès à celles des quatre opérateurs télécoms dominant le marché français de l’accès (Livebox, Box SFR, Bbox, Freebox, …). Depuis que la plateforme vidéo devenue « box » triple play a été reprise par Netgem il y a cinq ans, Videofutur n’est plus une entreprise mais la marque-phare de la société Vitis, dont les actionnaires sont Netgem, la Caisse des dépôts qui finance les RIP – sous le contrôle de Gabrielle Gauthey, ex-membre de l’Arcep – et le groupe réunionnais Océinde (5). D’après la communication financière de Netgem du 18 janvier (6), les revenus Vitis – qui ne sont plus consolidés en 2017 au niveau du groupe – étaient de 4 millions d’euros en 2016 pour une marge brute de 1,1 million d’euros.s
« Videofutur poursuit sa stratégie de conquête en s’appuyant sur la dynamique du plan “France Très Haut Débit” sur l’ensemble des RIP neutres et ouverts », précise Vitis (7). En France, les RIP couvrent les zones moins denses en termes de population et atteignent 1,1 million de lignes raccordables (dont 20 % situées dans des communes rurales et 13 % en montagne).

Avant-dernier catalogue de SVOD Vitis revendique 15.000 films et séries « disponibles à la carte » dont 1.000 films et séries inclus dans l’abonnement SVOD. D’après NPA Conseil et Harris Interactive, Videofutur proposait en 2017 un catalogue composé de 1.341 épisodes de séries. Ce qui plaçait la plateforme de l’opérateur de réseau virtuel à l’avant dernière place du classement SVOD dominé par Netflix, CanalPlay, SFR Play, Gulli Max, Clubvidéo, TFou Max et Amazon, mais devant FilmoTV. @

Charles de Laubier