Ubisoft et Gameloft : à quoi joue vraiment Vivendi

En fait. Le 14 octobre, Vivendi annonce qu’il entre au capital de d’Ubisoft et
de Gameloft, participations portées le 20 octobre à respectivement 10,39 % et 10,20 %. Les frères Guillemot, fondateurs des deux sociétés françaises de jeux vidéo (Yves et Michel étant leur PDG), cherche à contrer l’OPA hostile.

En clair. C’est Guillemot contre Bolloré. C’est cinq contre un : les cinq frère Guillemot – Yves, Claude, Michel, Gérard et Christian (lesquels détiennent 9% du capital et 16 % des droits de vote de la société cotée) – contre le milliardaire Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance du Vivendi, lequel s’est emparé à la hussarde, et coup sur coup en moins d’une semaine, d’un peu plus de 10 % dans le capital de chacune de leur société de jeux vidéo. Ubisoft Entertainment est le numéro trois mondial des jeux vidéo (« Assassin’s Creed », « Les Lapins Crétins », «Watch Dogs », …), valorisé près de 3 milliards d’euros. Le groupe familial, qui fêtera ses 30 ans l’an prochain, fut fondé par Yves Guillemot, son actuel PDG.

Gameloft a été fondé il y a plus de 15 ans, par Michel Guillemot, son actuel PDG.
« Nous allons étudier toutes les options possibles, y compris auprès de nouveaux partenaires. Cela pourrait par exemple être des acteurs qui créent des plates-formes et qui ont besoin de contenus », a indiqué le 28 octobre Yves Guillemot, dans Les Echos, en dénonçant l’« agression » dont faisait l’objet son groupe. Pour lui, Vincent Bolloré se comporte « comme un activiste ». Il estime en outre que « Vivendi a un conflit d’intérêt avec Ubisoft car il détient 6 % du capital d’un concurrent Activision Blizzard ». Avant que Vincent Bolloré n’en prenne les rênes, Vivendi avait vendu en 2013 la majeur partie de ses parts dans Activision Blizzard – numéro un mondial des jeux vidéo, devant Electronic Arts et Ubisoft – pour un total cumulé de plus de 10 milliards de dollars (1). Vivendi ne détient plus que 6 % d’Activision.

Mais pourquoi avoir fermé la porte du jeu vidéo en vendant Activision, dont les franchises et licences sont mondialement connues telles que « Call of Duty »,
« Skylanders », «World of Warcraft » ou encore « Diablo » (2), si c’est pour revenir deux ans après sur ce marché par la fenêtre ?

A l’époque, Vivendi affichait encore 13,4 milliards d’euros de dette. Ce qui l’aurait poussé à sacrifier Activision – pourtant rentable (la plus rentable alors des activités médias) – sur l’autel du désendettement (3)… Cette fois, avec Ubisoft- Gameloft, le conglomérat français recentré sur les contenus (Canal+, Universal Music, Dailymotion, D8/D17, iTélé, …) veut-il faire un coup financier ou construire un vrai projet industriel ? Faites vos jeux… @