La presse française n’a plus rien à redire sur Google

En fait. Le 26 mars, lors d’une conférence médias organisée par le Fonds
« Google » pour la presse (Finp) et l’association mondiale des journaux (Wan-Ifra), le bilan 2014 des aides du géant du Net à la presse française d’information politique et générale a été présenté : 16,1 millions euros pour 30 projets.

En clair. Force est de constater que, depuis l’accord Google- AIPG signé en présence de François Hollande à l’Elysée le 1er février 2013, la presse française a enterré la hache de guerre et ne formule plus aucun reproche à l’encontre du géant du Net. Et pour cause : Google est devenu, après l’Etat et ses 635 millions d’euros d’aides cette année, le deuxième plus grand pourvoyeur de fonds de la presse française. Alors que presque partout ailleurs en Europe, notamment en Allemagne et en Espagne, la fronde « anti-Google » bat son plein.

L’Espagne a adopté l’an dernier une loi sur la propriété intellectuelle – entrée en vigueur le 1er janvier dernier (1) – qui oblige les médias espagnols à faire payer les services
en ligne tels que Google News en guide de « compensation ». C’est l’association des journaux espagnols AEDE (2) qui est à l’initiative de cette « taxe Google », provoquant la décision du géant du Net de fermer en décembre dernier le Google News espagnol. En Allemagne, la coalition VG Media de 200 groupes de médias exige du géant du Net à être rémunéré pour les extraits d’articles de presse utilisés. Malgré la désaffection de l’un de ses membres, Axel Springer qui a renoncé à ne pas être présent sur Google News en raison de la chute de son trafic Internet, la revendication tient toujours. En France, silence radio : depuis le lancement du fonds « Google », plus de la moitié des 60 millions d’euros prévus sur trois ans (2013-2015, prorogeables deux ans maximum), soit 31,8 millions d’euros, ont été alloués à 53 projets de presse numériques. Il ne reste plus que 28,2 millions d’euros à distribuer à des journaux dits d’information politique et général – membres de l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG), partenaire du géant du Net (3).

Les Echos (groupe LVMH/Bernard Arnault) et Le Figaro (groupe Dassault/Serge Dassault) sont les deux plus grands bénéficiaires du fonds Google en 2014, suivis
par Le Point (Artémis/François Pinault). En 2013, les plus grands bénéficiaires étaient Le Nouvel Observateur (Le Monde Libre/Xavier Niel, Mathieu Pigasse, Pierre Bergé), L’Express (racheté depuis par Altice/Patrick Drahi) et Le Monde (Le Monde Libre/trio
« BNP »). Ce dernier, qui a reçu plus de 1,8 millions d’euros de Google, va lancer en avril une édition numérique du matin. L’avenir dira par ailleurs si le fonds Finp sera européen ou pas. @