Numericable SFR et multi play : risques concurrentiels

En fait. Le 28 novembre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) ont publié leur avis respectif transmis à l’Autorité de la concurrence, laquelle a donné le 30 octobre son feu vert à la vente par Vivendi de SFR à Numericable.

En clair. La naissance officielle du groupe Numericable SFR, qui se hisse à la seconde place des opérateurs télécoms en France derrière Orange, est un pas de plus vers l’oligopole. C’est en creux ce que l’on peut lire dans les avis du CSA et de l’Arcep sur ce mouvement majeur de concentration. « L’opération est susceptible d’augmenter
la pression concurrentielle sur Orange, le premier acteur du marché des offres multiservices, et sur le groupe Canal+, le premier acteur du marché de la télévision payante. (…) L’opération pourrait marginaliser certains opérateurs », estime le CSA.
De son côté, l’Arcep ne dit pas autre chose : « Sur le marché des offres convergentes fixes-mobiles (offres multiple play (1)), l’opération notifiée permet aux opérateurs SFR et Numericable de devenir très compétitifs et, grâce à la structure de coûts du nouvel ensemble Numericable/SFR, de bénéficier au moins transitoirement d’une position plus favorable que leurs concurrents dans l’ensemble des zones câblées ».

D’autant que Numericable SFR table sur la « supériorité » de son réseau « fibre optique/câble » par rapport à l’ADSL d’Orange, de Free et de SFR. La filiale française d’Altice bénéficie en outre d’une « capacité d’arbitrage » entre les infrastructures en cuivre, fibre optique et câble coaxial, et d’une structure de coûts particulièrement compétitive. Sur les services mobiles, Numericable SFR dispose « des avantages »
liés à l’accord de mutualisation entre Bouygues Telecom et SFR.

La pression concurrentielle se traduira donc in fine par une bataille de l’ARPU (2) via
la commercialisation non seulement des offres multiservices mais aussi des offres de services audiovisuels. L’ARPU de Numericable est déjà considéré comme étant
« sensiblement plus élevé que celui de SFR et des autres opérateurs ADSL ». Alors que des chaînes payantes – telles que CanalSat en « co-exclusivité » – sont comprises dans certaines offres groupées de Numericable SFR, elles doivent en revanche être souscrites séparément par les abonnés d’Orange, Free, SFR et Bouygues Télécom.
« Le renforcement de Numericable pourra inciter les autres FAI à réinvestir dans les contenus et services de télévision payante pour assurer un co-financement des contenus premium, en particulier d’expression originale française et européenne »,
a fait remarqué un acteur du marché à l’Autorité de la concurrence. @