Pourquoi Sony tient vraiment à garder ses contenus

En fait. Le 14 mai, Sony a dû affirmer que sa division Entertainment n’était « pas
à vendre » après que le fonds d’investissement new-yorkais Third Point ait appelé le géant japonais à s’en séparer et à mettre en Bourse ses activités de contenus musicaux et cinématographiques. Car la croissance est là.

En clair. Un an après avoir pris les rênes de Sony en tant que directeur général, Kazuo Hirai n’entend pas se faire dicter sa stratégie par Third Point – quand bien même ce fonds américain se déclare premier actionnaire du japonais (1). Depuis sa prise de fonction le 1er avril 2012, le patron de Sony généralise à tout le groupe la convergence entre terminaux connectés et contenus en lignes, sur le modèle de ce qu’il avait réussi à faire dans sa division Sony Computer Entertainment avec la console PlayStation et son écosystème de jeux vidéo en ligne (2). La major mondiale de la musique, Sony Music Entertainment, et l’un des grands studios de cinéma d’Hollywood, Sony Pictures Entertainment, sont à la même enseigne. Sur ses 162,700 employés dans le monde, 7.200 travaillent dans le film et 6.400 dans la musique.
A l’instar d’un opérateur télécoms qui n’entendrait pas se limiter à son seul réseau historique, le groupe japonais ne veut pas se recentrer sur l’électronique qui est son métier d’origine. Or, c’est justement ce que lui demande de faire Daniel Loeb, le fondateur de Third Point, dans une lettre adressée à Kazuo Hirai (et révélée par le New York Times). Ce dernier lui a opposé une fin de non recevoir en affirmant en substance que « les activités de Sony dans les médias sont importantes pour sa croissance et ne sont donc pas à vendre ». Avec des solutions convergentes entre terminaux connectés et contenus en ligne, le japonais s’estime ainsi mieux armé pour résister à la nouvelle concurrence que constituent l’américain Apple ou le sud-coréen Samsung.
Third Point fustige surtout la chute de l’action Sony en Bourse, tombée à son plus bas niveau historique depuis plus de trente ans, bien qu’elle ait plus que doublé ces six derniers mois. En tant que premier actionnaire, le fonds américain souhaite un siège au conseil d’administration de Sony. Kazuo Hirai doit-il s’inquiéter ? Toujours est-il que le fonds américain s’est déjà distingué dès 2011 en provoquant le départ de Carol Bartz
de la direction générale de Yahoo, dont il est aussi un des principaux actionnaires, et
en recrutant l’été dernier Marissa Mayer… chez Sony. Quoi qu’il en soit, Sony a terminé le 31 mars dernier son exercice annuel 2012/2013 en redevenant bénéficiaire (à 458 millions de dollars) après quatre ans de pertes, pour un chiffre d’affaires (3) en hausse de 4,7 % à 72,3 milliards de dollars. @