La SD Association (SDA), l’alliance industrielle des fameuses cartes SD, fête ses vingt ans… avec Huawei

En deux décennies d’existence, les cartes SD se sont vendues à plus de 5 milliards d’unités à travers le monde. La SD Association (SDA), qui en a fait un standard mondial lucratif pour ses industriels fondateurs (dont SanDisk et Panasonic), fête ses vingt ans. Leur puissance continue d’augmenter.

Qui ne connaît pas les cartes SD ? Ces petites cartes mémoire à grandes capacités devenues si familières à tous au fil de deux décennies. La SD Association (SDA), qui en fait la promotion mondiale, depuis l’invention en 1999 par SanDisk, Matsushita, et Toshiba de ce support de stockage dit Secure Digital (SD), fête ses vingt ans d’existence. La SDA, aujourd’hui présidée par Hiroyuki Sakamoto au côté de Yosi Pinto (photo), son président du conseil d’administration (1), fut créée en janvier 2000 et annoncée lors du CES de Las Vegas.

Huawei, brièvement évincé des membres
La carte SD, elle, a été conçue à partir de la MultiMediaCard (MMC) et a fourni la gestion des droits numériques basée sur la norme Secure Digital Music Initiative (SDMI). A l’origine, cette petite mémoire était destinée à concurrencer la Memory Stick qu’avait lancée Sony fin 1998 pour répondre aux exigences de DRM (Digital Rights Management) des professionnels de la musique pour se protéger du piratage numérique. Il y a dix ans, Sony a commencé à adopter le format SD sans pour autant laisser tomber sa « MS », qui disparaît cependant peu à peu. Composées des trois industriels fondateurs d’il y a vingt ans – Matsushita ayant été rebaptisé Panasonic, Sandisk étant devenu une filiale de Western Digital, et Toshiba s’étant séparé de sa division mémoire devenue Kioxia –, l’association SDA compte aujourd’hui 850 entreprises membres.
L’an dernier, Huawei a failli être définitivement chassé de l’organisation américaine basée en Californie à San Ramon (2). En prenant un décret le 15 mai 2019 interdisant aux opérateurs télécoms et aux entreprises de technologies américains de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères « à risque », Donald Trump a mis d’office le chinois sur liste noire. A l’instar de Google (licence Android) et d’autres Big Tech des Etats-Unis, la SDA avait exclu la firme de Shenzhen de ses membres. Mais, très rapidement l’association est revenue sur sa décision : « Huawei est membre de la SDA. Son accès à certains renseignements réservés à certains membres, comme les spécifications et les réunions techniques, a récemment été suspendu pour s’assurer de la conformité avec le règlement administratif des exportations des Etats-Unis. Le nom de Huawei était temporairement absent de notre liste de membres en raison d’un problème technique, qui a maintenant été corrigé », avait dû clarifier la SDA le 31 mai 2019 pour se justifier (3). Huawei est donc de la partie pour fêter les vingt ans de l’association de la carte SD. Cet anniversaire correspond aussi au franchissement de la barre des 5 milliards de ces petites cartes mémoire – SD, microSD et ultra-compact microSD (4) – vendues à ce jour à travers le monde. En sont dotés : smartphones, ordinateurs, consoles de jeux, appareils photo, caméras vidéo, tablettes, drones, téléviseurs, lecteurs audio, systèmes automobiles, ou encore de nombreux appareils de l’Internet des objets. « La norme SD est le choix numéro un des consommateurs ; elle a gagné plus de 90% du marché des cartes mémoire grâce à son interopérabilité fiable et à son format facile à utiliser », se félicite Hiroyuki Sakamoto. En deux décennie, la carte SD s’est imposée comme une norme quasi universelle aux performances étonnantes (5). La première carte SD vendue il y a vingt ans offrait une capacité de stockage de seulement 8 mégaoctets (Mo). Aujourd’hui, des cartes SDXC ou microSDXC sont disponibles à 1 téraoctet (To) (6).
Les récentes cartes ultra puissantes telles que la SD Express (juin 2018), la microSD Express (février 2019) ou encore la SDUC (pour Ultra Capacity) montrent que le filon de la carte SD n’est pas prêt de se tarir. Les spécifications SDUC, mais aussi SDHC et SDXC, permettent d’atteindre jusqu’à 128 To de capacité de stockage ! L’arrivée prochaine de la 5G devrait booster les ventes de la microSD Express. La rapidité du traitement des données (bus speed) a aussi augmenté, passant de 12 Mbits/s en 2000 à 985 Mbits/s en 2019. « Les données générées par les consommateurs et les entreprises dépendent des cartes mémoire SD pour garder leurs musiques, films, émissions télévisées, jeux et photos en sécurité et toujours à portée de main », souligne la SDA. En France, ces supports sont taxés « copie privée », avec un nouveau barème depuis le 1er février (7).

Standard mondial breveté et payant
Il y a vingt ans, l’utilisateur était confronté à environ une demi-douzaine de types de cartes mémoire, la plupart propriétaires et incompatibles entre elles et non-interopérables entre les différents appareils. La carte SD est devenue un standard du marché. Mais cette technologie est protégée par des brevets commerciaux et ses licences sont payantes (8). Elle est donc très éloignée d’un système ouvert (open source) comme la CompactFlash ou la mémoire flash USB, lesquelles n’imposent pas de royalties aux fabricants. @

Charles de Laubier