Malgré la loi anti-Amazon, Amazon s’impose au livre

En fait. Le 26 juin, le Syndicat national de l’édition (SNE) a – pour une fois –
tenu son AG annuelle dans l’hôtel particulier de Massa, lequel fut donné à l’Etat en 1928 à condition d’héberger la Société des gens de lettres (SGDL)…
Le Syndicat de la librairie française (SLF) y est aussi. Pas encore Amazon !

En clair. Les éditeurs, les auteurs et les libraires se serrent les coudes face à la
vague du numérique qui s’apprête à déferler en France tel un tsunami sur le monde
de l’édition de livre. Le Parlement était de la partie : le matin même de l’assemblée générale du SNE, les sénateurs adoptaient – après les députés en février – la loi pour
« encadrer les conditions de la vente à distance des livres », loi surnommée « anti-Amazon ». Ce texte, modifiant la loi de 1981 sur le prix unique du livre, interdit désormais le géant du e-commerce – mais aussi les sites web des libraires – de vendre des livres imprimés avec à la fois la réduction de 5 % sur le prix unique et la gratuité des frais de port. Le SLF et le SNE s’en sont félicités. Pour Amazon, qui perd un avantage concurrentiel, c’est un coup dur. Pas sûr que cela améliore ses relations
avec le monde traditionnel de l’édition. La firme de Seattle a déjà maille à partir avec Hachette Livre (Lagardère) sur, cette fois, les prix des livres numériques. Au point que la Commission européenne se penche sur ce différend (1).

Reste qu’Amazon devient presque incontournable dans la vente à distance de livres papier et numériques. Avec ses liseuses et applications Kindle, le numéro un mondial du e-commerce s’impose en France avec Amazon.fr qui rivalise avec Fnac.com (associé à Kobo). Après une absence remarquée en 2013 au Salon du livre, organisé par le SNE, Amazon est revenu cette année exposer son savoir-faire international
(e-commerce, ebooks, autoédition, liseuses, réseau social (2), etc). Aux Etats-Unis,
les ebooks représentent 27 % des ventes de livres en 2013 et Amazon y est le premier
lieu d’achat de ces livres numérique pour 67 % des Américains. En Angleterre, ces indicateurs sont respectivement de 15 % et 72,4 %.
En France, où les ebooks ont représenté 4,1 % des ventes de livres en 2013 pour un chiffre d’affaires de 105,3 millions d’euros (+ 28,6 %), Amazon n’a pas encore donné toute sa mesure. Les liseuses (hors tablettes) progressent aussi : 850.000 unités vendues en 2013 (+ 17 %), en attendant les smartphones à double écran de type Yotaphone. A l’instar de la musique, l’industrie du livre limite l’érosion de son chiffre d’affaires l’an dernier (- 3 % en France à 2,68 milliards d’euros) grâce au numérique. Mais pour ne pas inciter au piratage (lire p. 7), l’offre légale de ebooks ne devra pas laisser à désirer. @