Le rapport Françaix prépare l’AFP à la conquête du Net

En fait. Le 15 avril dernier, le député PS Michel Françaix a remis au Premier ministre Manuel Valls son rapport sur « l’avenir de l’Agence France-Presse » proposant de créer une « filiale technique de moyens », de droit privé et contrôlée par l’AFP avec des financements publics, et de changer la gouvernance.

Emmanuel HoogEn clair. Les représentants de la presse écrite au conseil d’administration de l’AFP, lesquels ont toujours été hostiles aux ambitions affichées par son PDG Emmanuel Hoog (photo) en faveur d’un développement de dépêches sur Internet et les mobiles (1), auront moins leur mot à dire.
Parmi les objectifs du rapport Françaix : « Qu’aucun collège
de membres [du conseil d’administration de l’AFP] ne dispose,
à lui seul, d’une majorité simple ». Il propose même qu’aux côtés des trois collèges actuels (presse, Etat-audiovisuel public et salariés) soient nommés « 5 à 7 nouveaux membres » non clients de l’AFP.

De plus en plus de dépêches directement sur Internet
Parmi eux, certaines « personnalités » devront faire preuve de « familiarité avec la transition numérique et les technologies de l’information et de la communication ». Pour ce faire, le poids des éditeurs de journaux – historiquement surreprésentés – serait allégé. « La présence de grands professionnels de la presse – dans leur diversité – est éclairante et légitime. Je crois qu’elle peut néanmoins se réduire, pour n’être plus, comme aujourd’hui, majoritaire. Elle pourrait ainsi passer de 8 membres (sur 15 nommés) à 5 ou 6, nommés dans les mêmes conditions qu’actuellement », explique Michel Françaix.
De plus, il propose que le PDG soit élu pour 5 ans au lieu de 3 ans. Ce qui laisserait les coudées franches à Emmanuel Hoog (élu jusqu’en avril 2016) pour mener à bien des projets multimédias. D’autant que l’AFP a prévu d’investir 34,4 millions d’euros dans
les nouvelles technologies de 2014 à 2018 dans le cadre de son COM (2) en cours de discussion avec l’Etat, et que la Commission européenne a validé le 27 mars dernier
les aides d’Etat à l’AFP au titre de ses «missions d’intérêt général ».

En préconisant surtout la création d’une « filiale technique de moyens », de droit privé et contrôlée par l’AFP avec jusqu’à 36 millions d’euros de financements publics (CDC, BPI France), le rapport Françaix va permettre à Emmanuel Hoog de développer « l’Agence » sur Internet, la vidéo et les mobiles (3). « Il s’agit maintenant de disposer des outils et leviers permettant d’investir pour l’avenir et d’accompagner les mutations historiques que connaît le secteur de l’information », s’est-il réjouit le 15 avril. Réélu il y a un an à la présidence de l’AFP, il avait déclaré que « la vidéo, le multimédia et le sport sont plus que jamais les relais de croissance ». @