La TV de rattrapage gêne-t-elle l’essor de la VOD ?

En fait. Le 17 décembre, le rapport « Adapter les obligations de financement de la production audiovisuelle pour garantir leur avenir » a été remis par Laurent Vallet
à Aurélie Filippetti. S’il préconise plus de droits aux chaînes, il émet une réserve
sur la TV de rattrapage pour ne pas gêner la VOD.

En clair. Le rapport Vallet (1) met en garde le gouvernement contre toute extension de la télévision de rattrapage (TVR) audelà de 7 jours durant lesquels les éditeurs de chaînes peuvent proposer gratuitement en ligne les programmes audiovisuels dont ils détiennent les droits de diffusion. « Il semble nécessaire d’envisager avec attention, voire avec réserve, les demandes des éditeurs de service de disposer d’une manière générale de droits de [VOD] gratuite sur Internet d’une durée supérieure à 7 jours », prévient Laurent Vallet dans son rapport.
Selon lui, la rançon de la gloire de la TVR (appelée aussi replay ou catch up TV) – comme en témoigne les derniers chiffres fournis par le CNC sur octobre 2013 (14.800 heures de programmes disponibles pour 231,2 millions de vidéos visionnées par 69 % des internautes) – soulève plusieurs problèmes. Non seulement cette offre de TVR n’est pas suffisamment valorisée par la publicité en ligne, mais, « plus inquiétant encore (…), il semble que l’offre cumulée de télévision de rattrapage rende difficile, voire empêche, le lancement ou la réussite d’offres payantes, tant à l’acte que par abonnement, dans le secteur audiovisuel ».

Autrement dit, la TVR gratuite fait de l’ombre à la VOD payante ! Cela se traduit dans les chiffres du marché français en 2013 : les programmes audiovisuels (français et étrangers) en VOD payante à l’acte est estimé à environ 12 millions d’euros, ce qui fait pâle figure comparé aux programmes audiovisuels vendus en DVD pour environ 380 millions d’euros.
De son côté, le SEVN (2) a lancé le 19 septembre dernier une « alerte sur le marché de
la VOD » au vu – pour la première fois – de la baisse de 6,4 % sur un an des ventes de VOD. « Si le bénéfice à court terme de la TVR pour le public est certain, cette pratique pourrait à long terme pénaliser fortement le public dans son ensemble », prévient le rapport Vallet, qui préconise donc aux pouvoirs publics de « réaliser une étude spécifique sur les effets, le coût, la valorisation et l’évolution des usages de la télévision de rattrapage dans le secteur audiovisuel ». Il y a urgence car l’absence d’une offre de VOD par abonnement made in France pourrait être préjudiciable à tout le monde (les chaînes, les producteurs et les internautes) face à l’arrivée tant redoutée prévue en 2014 d’un Netflix avec une offre de SVOD à moins de 7 euros par mois. @