Apple pourrait-il devenir le Blackberry de demain ?

En fait. Le 4 novembre, le groupe canadien Blackberry a annoncé qu’il renonçait
à se vendre à son premier actionnaire, le fonds Fairfax, préférant lever 1 milliard
de dollars. Son DG Thorsten Heins est remplacé par John Chen. Le pionnier des smartphones paie très cher ses échecs commerciaux face à Apple.

En clair. L’ironie de l’histoire serait qu’Apple, après avoir laminé le pionnier des smartphones Blackberry (ex-Research In Motion), puisse être à son tour victime du syndrome Blackberry. Car les deux fabricants nord-américains ont quelques points communs : outre le fait de fabriquer des smartphones qui ont marqué l’histoire d’à peine vingt ans de la téléphonie mobile dite intelligente, Blackberry et Apple ont tous les deux misé sur des environnements fermés et verrouillés auteur de leur propre système d’exploitation propriétaire (BOS pour le premier, iOS pour le second).
L’interopérabilité de leurs terminaux respectifs avec le monde extérieur ne fait pas partie de leur culture. Cette stratégie de walled garden était aussi celle de Nokia avec Symbian, avant que l’ex-numéro un mondial des téléphones mobile ne l’abandonne – trop tardivement en 2011 – au profit de Windows Phone. Pendant ce temps, Google lance
le système d’exploitation open source Android et en fait l’OS mobile le plus répandu aujourd’hui dans le monde. Il est utilisé sur les smartphones d’une bonne trentaine de fabricants, dont Motorola racheté en 2011 par Google et Samsung passé depuis deux ans numéro un mondial des smartphones devant Apple et numéro un tous mobiles confondus devant Nokia. Après avoir taillé des croupières aux pionniers Blackberry (1) et Nokia jusqu’à les acculer à se vendre, la marque à la pomme est à son tour croquée par Bugdroid, le fameux robot et mascotte d’Android.

Pour la première fois depuis onze ans, le bénéfice net annuel d’Apple (de l’année fiscale 2012/2013 close le 30 septembre) a baissé, et pas qu’un peu : – 11 % sur un an à 37 milliards de dollars. La firme de feu Steve Jobs enregistre néanmoins un chiffre d’affaires en hausse de 9 % à 170,9 milliards. Mais les ventes d’iPad stagnent. Selon le cabinet d’étude IDC (2), la part de marché du numéro un des tablettes n’a jamais été aussi basse : 29,6 % contre 40,2 % il y a un an, Apple étant talonné par Samsung et ses 20,4 %. De même, la part de la pomme recule dans les smartphones à 13,1 % contre 14,4 % il y a un an. Pendant que le numéro un Samsung progresse à 31,4 % contre 31 %. La croissance d’Android dans les tablettes se fait au détriment de l’iPad, tandis que la domination d’Android dans les smartphones (80,6 % de parts de marché, selon ABI Research) a relégué l’iPhone au second plan. @