Salon du livre de Francfort : l’édition sans éditeurs ?

En fait. Le 9 octobre, la 65e édition du salon du livre de Francfort – le Frankfurt Book Fair, organisé par l’association allemande des éditeurs et des libraires – a ouvert ses portes et… ses livres. Pour la première fois, un espace « Self-Publishing Area » met en avant les plates-formes d’auto-édition.

En clair. La vente directe, de l’auteur au lecteur ! Telle est la nouvelle tendance de l’industrie du livre. L’auto-édition, qui permet aux auteurs de se publier eux-mêmes sans passer par une maison d’édition et de percevoir jusqu’à 70 % du prix de leurs œuvres vendues directement au public (1), est à l’honneur du salon du livre de Francfort. « Nous avons environ 300 self-publishers », nous indiquent les organisateurs. Cela va du géant Amazon avec KDP (Kindle Direct Publishing) à de nombreuses start-up venant des quatre coins du monde, telles que Books on Demand (BoD), Epubli, Redshelf, Widbook (2) ou encore Xlibris.
Selon une étude de New Publisher House, le marché de l’autoédition pèserait déjà 52 milliards de dollars de chiffre d’affaires aux Etats-Unis. Ailleurs, les chiffres manquent.
En France, la BnF estime à 12 % la part du dépôt légal français concernant des livres auto-édités (imprimés et numériques). Le Syndicat national de l’édition (SNE) nous
indique n’interroger ses adhérents que sur leur activité, d’autant qu’il nous précise que
ses membres « doivent être éditeurs à compte d’éditeur » s’ils veulent adhérer. Les plates-formes d’auto-édition, qui font peur à bon nombre de maisons d’éditions (3), ne
sont pas les bienvenues au SNE. « Nous observons simplement que dès lors qu’un auteur auto-édité remporte un certain succès, il se tourne vers un éditeur professionnel », souligne le syndicat. Tout juste sait-on que l’édition numérique a généré en France 81,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, soit 3 % des revenus totaux des éditeurs.

Une chose est sûre : une écrasante majorité de Français (74 %) « ne croit plus à l’édition traditionnelle » (40 % « pas trop », 34 % « pas du tout »). C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé en ligne par un acteur français de l’auto-édition, Edilivre. Ce désamour profite à l’auto-édition qui serait préféré par une majorité (53 %) de sondés s’ils devaient proposer un manuscrit, contre seulement 6 % qui iraient le confier à des éditeurs traditionnels. Les auto-édités sont convaincus du principe : 38 % refuseraient de passer de l’autoédition à un éditeur traditionnel s’ils en avaient la possibilité pour des questions de liberté et de rémunération). Et ils sont même 35 % à parier que l’auto-édition remplacera l’édition traditionnelle dans 100 ans ! @