Google et l’AFP planent sur le futur de la presse

En fait. Les 28 et 29 novembre s’est tenue la 6e édition de « La Presse au Futur », salon, conférences et ateliers organisés par Dotevents sur les enjeux – numériques en tête – auxquels sont confrontés les dirigeants des groupes de presse. Mais il y avait deux absents de taille : Google et l’AFP.

En clair. La presse française est dépendante de deux acteurs quasi incontournables. D’un côté, il y a Google News qui référence la plupart des titres de la presse et leur apporte jusqu’à 40 % d’audience pour leurs sites web. De l’autre, il y a l’Agence France Presse (AFP) qui fournit à la plupart des quotidiens et magazines jusqu’à 80 % de la matière première de l’actualité à travers ses fils de dépêches.
Supprimez Google et l’AFP : toute la presse française aurait alors à se remettre en question, en ligne ou sur papier. Sans en arriver là, la presse est aujourd’hui confrontée
à ces deux poids lourds qui ont chacun des ambitions perçues par les éditeurs de presse comme des menaces : le moteur de recherche, lui, s’impose comme l’agrégateur de sites de presse et accroît ainsi sa position dominante dans la publicité en ligne ; l’agence de presse, elle, envisage de partir à la conquête des internautes et des mobinautes pour leur proposer directement des services d’actualité et concurrencer ainsi Reuters, AP ou Bloomberg déjà en ligne.

• Si Google News dé-référençait les journaux, comme il en est question dans le bras
de fer qui l’oppose aux éditeurs (1) souhaitant être rémunérés (2), l’audience de la plupart des sites web de presse s’effondrerait et, partant, les recettes de la publicité en ligne (indexées sur les mesures d’audience). Le 16 novembre dernier, un médiateur (Marc Schwartz) a été nommé entre Google et la presse par le gouvernement. Et si aucun accord n’est trouvé d’ici fin décembre, un projet de loi sera déposé.

• Si l’AFP décidait de se lancer la diffusion de dépêches sur Internet et les mobiles, comme il en est question depuis l’arrivée d’Emmanuel Hoog à sa présidence (3), ses 1.325 clients en France perdrait ainsi un accès prioritaire à l’offre de gros des dépêches. Les quotidiens, notamment ceux d’entre eux où la rédaction « bâtonne de la dépêche » pour l’édition papier du lendemain, aurait le plus à souffrir de ce court-circuitage.
Le 12 novembre, l’AFP et la Scam ont signé un accord de droits d’auteur des journalistes pour une « seconde exploitation » à l’ère du numérique. Après le changement de statut de l’AFP (loi du 22 mars 2012), la prochaine étape sera-
t-elle la conquête du Web et des mobiles ? Pour l’heure, Emmanuel Hoog a
annoncé le 28 novembre le passage « d’une logique filaire à une logique de plateforme de services »… @