Matilda Baudecroux Röstorp entre au conseil d’administration du groupe NRJ fondé par son père

En avril 2018, EM@ titrait : « Paul Baudecroux Röstorp entre au conseil d’administration du groupe NRJ fondé par son père ». Paul en est toujours administrateur mais a quitté ses fonctions dans l’entreprise. C’est au tour de sa sœur de faire son entrée, mais dans un contexte difficile.

Paul Baudecroux Röstorp – fils de Jean- Paul Baudecroux, PDG fondateur du groupe NRJ – a quitté en novembre dernier l’entreprise où il était depuis avril 2017 chargé de mission de développement numérique et, à ce titre, de la division investissements de NRJ Digital Venture (1). D’après le document d’enregistrement universel publié le 27 avril dernier, Paul (25 ans) a rejoint LetsBuilding en qualité de développeur (son métier est fullstack developer).

Comme Paul, Matilda entre par le digital
« Paul Baudecroux a démissionné de ses fonctions salariées pour des raisons personnelles qui l’ont conduit à s’installer à l’étranger. Il reste toutefois administrateur de la société », a indiqué le groupe NRJ lors de son assemblée générale des actionnaires qui s’est tenue à huis clos le 26 juin, pour cause de covid-19. Cette fois, plus de deux ans après l’arrivée de Paul dans le groupe familial de radios (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Rire & Chansons) et de télévisions (NRJ 12, Chérie 25, NRJ Hits), c’est au tour de sa sœur Matilda Baudecroux Röstorp d’y entrer. A l’instar de Paul (25 ans), Matilda (22 ans) a la double nationalité, Française et Suédoise (2). La fille de Jean-Paul Baudecroux a rejoint en octobre 2019 le groupe NRJ, où elle est chargée de contenu au sein de e-NRJ, filiale dédiée à l’activité digitale. Comme Paul, Matilda entre par la porte du numérique dont la monétisation affiche la plus forte hausse (17 % sur un an) des revenus du groupe (3).
Sa formation dans la production audiovisuelle et le digital s’est déroulée à Boston et en Californie, au Emerson College (4). A l’instar de son frère, elle entre aussi au conseil d’administration (composé de huit membres), remplaçant Muriel Sztajman (nièce de Jean-Paul Baudecroux). Matilda est déjà actionnaire de l’entreprise familiale, depuis cinq ans, à hauteur de 2.758.621 actions qu’elle possède en nue propriété. C’est le 25 juin 2015 qu’avait été signée une donation-partage effectuée par acte notarié. En prévision de la succession de Jean-Paul Baudecroux (74 ans), lequel avait dû se retirer en 2014 pour se soigner, chacun de ses trois enfants avait reçu le même nombre d’actions. Sa progéniture détient un total de 10,60 % du capital du groupe NRJ et ces parts ont été attribuées dans le cadre d’un « concert familial » qui cumule – avec les 69,63 % détenus directement par le patriarche fondateur – plus de 80,2 % du capital de l’entreprise. Et encore, si l’on y ajoute Micheline Guilbert, soeur de Jean-Paul Baudecroux et ancienne vice-présidente du conseil d’administration, qui détient 4,02 % du capital, la famille « Baudecroux » – bien que la sœur du PDG « ne fait pas partie du groupe familial » – possède pas moins de 84,25 % du groupe. Et un actionnaire d’interpeller la direction sur le conseil d’administration : « Au total six personnes sur huit [membres] sont donc liées à M. Baudecroux et les deux indépendants [Antoine Giscard d’Estaing et Jérôme Gallot, ndlr] sont des “fidèles”. (…) Pensez-vous que cela soit la meilleure structure pour diriger un groupe qui aspire à valoir plus de 1 milliard d’euros [actuellement sous les 500 millions d’euros en Bourse, ndlr] dans un secteur en évolution permanente et alors que la rente historique commence à s’essouffler ? ». Réponse de la direction : « En 2019, le groupe a dégagé 21,7 millions d’euros de résultat net et 34,9 millions d’euros de free cash-flow, ce qui démontre que sa structure de gouvernance est adaptée ».
Pour autant, le chiffre d’affaires 2019 a fléchi de 1,6 % en 2019, à 386,2 millions d’euros, et le bénéfice net de 0,5 %. Mais surtout, les résultats se sont dégradés à partir du premier trimestre 2020 (effondrement de 13 % des revenus), en raison de la crise sanitaire et de la chute des recettes publicité, dont NRJ dépend à 76 %. Lors de l’AG, la direction a alerté sur les résultats du premier semestre qui seront dévoilés le 29 juillet : « La réalité a été malheureusement conforme [aux prévisions] puisque la baisse du chiffre d’affaires publicitaire sur le cumul d’avril et de mai 2020 a été de 60%». Juin a aussi été en baisse. Et pour le reste de 2020, « pas de visibilité ». Le 10 juillet, Capital a révélé que Jean-Paul Baudecroux a mandaté la banque Lazard pour vendre les chaînes NRJ 12 et Chérie 25.

Un premier semestre 2020 horribilis
Autant dire que Matilda Baudecroux Röstorp arrive dans le groupe de son père au pire moment de son histoire presque quarantenaire (5). Depuis mi-mars, un « programme de réduction de charges et de report de certains investissements » est en place pour tenter d’amortir le choc de ce semestre horribilis. Cette crise compromet-elle toute velléité de racheter Virgin Radio et/ou RFM à Lagardère ? La direction a répondu en AG qu’elle « examine avec intérêt toutes les opportunités de croissance qui peuvent se présenter dans ses métiers naturels » (6). A suivre. @

Charles de Laubier