I… comme e-Car

Y’en a marre ! Je joue de malchance avec mon e-Car qui
vient de crever pour la deuxième fois en une semaine.
C’est désormais un des rares incidents qui peut encore
nous arriver au volant de nos voitures connectées. Nous
avons d’autant plus de mal à accepter que les imprévus
sont devenus rares, grâce aux nouveaux systèmes de sécurité qui nous évitent de plus en plus d’accidents. Si le pneu increvable va bientôt être disponible, ce n’est pas encore la puce intégrée qui, même
si elle m’informe qu’il se dégonfle, peut éviter qu’un vieux clou ne vienne casser la moyenne de mon bolide numérique…
Nos voitures disposent désormais d’accès à Internet reliant le véhicule au monde extérieur, tout en permettant d’organiser les communications de très nombreux terminaux et équipements de bord. Pour en arriver là, nous avons, ces dernières années, assisté à une véritable course de vitesse entre constructeurs, lancée par
GM en 2013 promettant d’équiper tous ses nouveaux modèles de modules 4G. Durant cette période pionnière, plusieurs solutions techniques ont cohabité. Les systèmes télématiques embarqués, développés par les concepteurs d’automobiles, ont fait la preuve de leur efficacité face à des systèmes de contrôle plus simples utilisant le smartphone mais dont l’antenne miniature était moins adaptée. C’est la combinaison des deux solutions qui s’est finalement imposée : la puissance des services embarqués pour la gestion des fonctions clés, et la simplicité du smartphone pour l’accès aux services d’Internet mobile, pratiques ou de divertissement.

« La puissance des services embarqués pour la gestion
des fonctions clés, et la simplicité du smartphone pour l’accès aux services d’Internet mobile. »

L’auto, ce nouveau terminal mobile géant, a très vite été identifiée par les opérateurs télécoms comme l’un des plus importants segments de marché M2M en volume, dans
un contexte où les revenus de leurs activités traditionnelles étaient durablement entamés. Quand bien même fallait-il partager les revenus avec les constructeurs. Les niveaux de consommation de données se sont révélés importants. AT&T ne s’y est pas trompé, en proposant dès 2015 – des abonnements 4G dans le cadre d’un partenariat avec l’Audi A3 Sedan –. Du côté des acteurs du Net, il s’agissait tout simplement d’ajouter la voiture à la liste toujours plus longue des terminaux à intégrer dans leurs écosystèmes. Pendant qu’un Apple essayait d’introduire iOS dans les voitures pour mettre son iPhone au cœur du véhicule, Google – à travers l’Open Automotive Alliance – proposait d’embarquer Android comme plate-forme de gestion universelle des fonctions clés, comme Microsoft avec Windows.
Ne nous y trompons pas, l’enjeu de la bataille portait aussi sur le contrôle de l’écran embarqué et la possibilité de capter les nouveaux revenus publicitaires de la voiture connectée et des ventes de contenus associés. Certains constructeurs ont essayé
de garder le contrôle de cette évolution, comme Ford en lançant sa propre conférence
de développeurs afin d’ouvrir sa plateforme embarquée aux créateurs de nouvelles applications (jeux, musique, vidéo, …).

Cette première génération de voitures est passée de quelque 45 millions de véhicules connectés en 2013 à plus de 500 millions dès 2019. Après les premières fonctions somme toute assez banales, comme l’accès à Internet mobile ou la gestion de fonctions clés de la voiture, très vite des possibilités plus « intelligentes » se sont ajoutées : trouver une place de parking, réserver une prise dans une station express de recharge électrique, disposer d’un véritable copilote donnant les informations visuelles ou vocales sur l’itinéraire, ou retenir une table au prochain restaurant réputé pour ses spécialités locales…
Mais c’est sans doute dans le domaine de la sécurité que les avancées ont été les
plus spectaculaires. Les voitures communiquent directement entre elles (en V2V pour Vehicle-to- Vehicle) et avec l’infrastructure routière (en V2X) de nos nouvelles smart cities. Les collisions sont devenues vraiment exceptionnelles.
Désormais, quand je rentre chez moi tard le soir, à l’heure où les rues sont la plupart du temps désertes, les feux tricolores qui me voient arriver, peuvent passer au vert pour me laisser rouler ! @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : La VOD
* Directeur général adjoint de l’IDATE,
auteur du livre « Vous êtes déjà en 2025 »
(http://lc.cx/b2025).