Mobile et Catch up TV : le cinéma va prolonger jusqu’à fin 2013 ses accords avec Orange

Les organisations du cinéma français vont prolonger jusqu’à décembre 2013 les accords qu’elles ont avec Orange Cinéma Séries pour, d’une part, les abonnés mobiles et, d’autre part, la catch up TV. Les conclusions des négociations devraient intervenir avant le Festival de Cannes.

Par Charles de Laubier

Selon nos informations, les principales organisations du cinéma français – le Bloc (1), l’ARP (2) et le Blic (3) – vont prolonger jusqu’à fin 2013 deux accords avec Orange Cinéma Séries (OCS) sur respectivement les abonnés mobiles et la télévision de rattrapage. Signé le 10 novembre 2009 pour seulement deux ans (alors que les obligations d’investissement du bouquet de chaînes de cinéma d’Orange l’ont été pour cinq ans), ces deux accords sont arrivés à échéance à la fin de l’an dernier.

Mobinautes : « demi-abonnés »
Maintenant que la prise participation de Canal+ à hauteur de 33,33 % dans OCS est finalisée, ces négociations vont aboutir avant le Festival de Cannes (16-27 mai 2012). « Les accords sur les abonnés mobiles et la catch up TV vont être prolongés jusqu’à fin 2013, échéance qui correspond aussi à celle des engagements d’investissement pris il y a trois ans et sur cinq ans par France Télécom dans le cinéma français et européen », indique un représentant d’une organisation du cinéma à Edition Multimédi@. Pour les mobinautes abonnés au bouquet OCS (4), une annexe de l’accord de 2009 prévoit qu’ils sont considérés comme des « demi-abonnés » pour le calcul du minimum garanti. Les organisations du cinéma avaient consenti cet avantage à OCS sur seulement deux ans, en espérant par la suite les comptabiliser à plein régime. « Il faut prendre garde à ce qu’un abonné, aussi mobile soit-il, ne soit pas considéré comme un demi abonné regardant nos films d’un seul oeil », avait à ce propos ironisé l’ARP en 2009. Mais, finalement, cette « demie mesure » accordée pour les mobinautes sera donc prorogée de vingt mois. Orange continue donc de payer un minimum garanti moitié moins élevé que pour un abonné fixe triple play.

L’accord général des engagements d’investissement et de minimum garanti d’OCS dans le cinéma français prévoit en effet que France Télécom verse – pour chaque abonné fixe au bouquet de chaînes de cinéma d’OCS – un minimum garanti. A savoir : au moins 1,70 euros HT par mois (sur les 12 euros que paie l’abonné), porté à 1,90 euros au-delà de 1,5 million d’abonnés (5). Comme les chaînes de cinéma d’Orange sont loin d’avoir dépassé le demi million d’abonnés, au point de régresser autour de 400.000 aujourd’hui, c’est le tarif minimum (1,70 euros) qui s’applique encore. Quant à la télévision de rattrapage prévue à l’article 10 de l’accord et pour vingt-quatre mois, elle est aussi prolongée jusqu’à fin 2013. Une rémunération spécifique supplémentaire est prévue pour les ayants droits, lorsque les films sont mis à disposition à la demande (6). En plus du préachat d’un film, France Télécom verse donc un prix complémentaire correspondant à 7 % du prix des droits de TV payante, ce montant étant pondéré par le taux d’utilisation du service. Et si l’abonné veut aller audelà de trois visualisations, le taux s’échelonne de 8 % à 11 % s’il comptabilise de 4 à 7 visualisations. Reste à savoir si les signataires de ces deux accords verront au cours de ces vingt prochains mois le décollage véritable des chaînes d’OCS, auxquelles les abonnés d’Orange ne sont plus les seuls à pouvoir souscrire. Depuis que Canal+ – premier contributeur du cinéma français – est entré à hauteur de 33,33 % dans le capital d’OCS (7), les abonnés de CanalSat peuvent eux aussi souscrire aux chaînes d’Orange. Et il en ira de même des abonnés des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) avec lesquels France Télécom est en négociation, CanalSat gardant cependant la primeur… En attendant les fruits de l’élargissement de la diffusion, France Télécom perd beaucoup d’argent dans cette conquête cinématographique. Selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), les cinq chaînes du bouquet OCS et les deux chaînes d’Orange Sport ont accumulé entre 2008 et fin 2010 une perte de 419 millions d’euros.

Fin des 80 millions d’euros
Dans le cadre de sa convention avec le CSA, l’opérateur de télécoms s’est en tout cas engagé – jusqu’à fin décembre 2013 – à investir 22 % du chiffre d’affaires de son bouquet de cinéma dans le financement de films français (8). En revanche, l’engagement d’investissement minimum de 80 millions d’euros sur trois ans (9) est arrivé à échéance fin 2011 et sans qu’il y soit donné suite. @