Fibre optique, 4G, TMP et RNT : les réseaux à décoincer au cours de l’année 2011

La France a accumulé les retards, voire les blocages, dans les projets de déploiement du très haut débit (fibre et 4G), la télévision mobile personnelle (TMP) ou encore la ratio numérique terrestre (RNT). Les conditions réglementaires et économiques seront-elles réunies cette année ?

Des retards s’accumulent sur trois grands projets de réseaux, pourtant promis depuis cinq ans maintenant. La fibre optique en France ne dépasse pas les 500.000 abonnés.
Et encore, la fibre jusqu’à la maison – FTTH (1) – ne concerne qu’une minorité d’abonnés, l’écrasante majorité étant raccordée chez eux en cuivre ou en câble coaxial avec la fibre s’arrêtant au pied de l’immeuble en mode FTTB (2) comme, par exemple, pour les clients de Numericable.

Problème de mutualisation
Ce sont les derniers chiffres sur la fibre optique connus au 31 octobre 2010 et publiés par l’Arcep (3). Et le potentiel à ce stade est encore faible car le nombre de foyers raccordés en très haut débit (mais pas forcément abonnés) est de l’ordre de 1 million de prises sur l’Hexagone. Pourtant, on allait voir ce que l’on allait voir ! Depuis l’annonce très médiatisée de Free en septembre 2006 d’investir « 1 milliard d’euros sur trois ans dans la fibre » et les objectifs d’Orange d’atteindre à l’époque « 150 000 à 200 000 abonnés sur une base de plus de 1 million de clients raccordables d’ici fin 2008 » avec 270 millions d’euros d’investissement en guise de démarrage, force est de constater que la fibre est pour l’instant un échec en France. Mais gageons que l’année 2011 sera l’année du décollage du très haut débit fixe, grâce aux 2 milliards d’euros prévus par le grand emprunt dans les zones peu denses ou rurales et aux 2 milliards d’investissement annoncés par Orange d’ici à 2015. Cependant, la couverture du territoire sera lente, 25 milliards d’euros étant à prévoir sur dix à quinze ans – moitié fonds privés, moitié publics… Mais les conditions réglementaires de mutualisation des réseaux et d’intervention des collectivités locales restent à mettre en oeuvre.
La généralisation de la quatrième génération de mobile, dite 4G ou LTE (Long Term Evolution), n’est pas non plus pour demain. L’appel à candidatures 4G va être lancé
« d’ici fin février » et les licences correspondantes seront attribuées « d’ici l’été 2011 », tandis que les quatre opérateurs mobile (Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free Mobile) devraient mettre sur le marché leurs services très haut débit mobile l’an prochain au plus tôt ou « début 2013 » au plus tard pour Orange. Mais, là aussi, la question de la mutualisation des réseaux – que TDF souhaite organiser – se pose
avec d’autant plus d’acuité que les communes ne veulent pas voir fleurir des antennes 4G partout.
Pour l’heure, la France compte 21 millions d’abonnés 3G. C’est-à-dire qu’il a fallu
huit ans – depuis les lancement de SFR et Orange (respectivement en novembre et décembre 2004) – pour atteindre en haut débit mobile 33,5 % des abonnés mobile.
Un tiers laborieux à atteindre !
Autres réseaux d’avenir en souffrance : la télévision mobile personnelle (TMP) et la
ratio numérique terrestre (RNT). Pour la télé numérique par voie terrestre en mode
« broadcast » (4), il faut se souvenir que Jacques Chirac, alors président de la République, l’avait promise pour… « la mie 2007 ». Or, il aura fallu attendre mai 2008
pour que treize candidats soient retenus (5) – auxquels il faut ajouter les trois chaînes publiques France 2, France 3 et Arte. Mais ce fut sans lendemain, faute d’avoir trouvé
un accord pour le financement du réseau et un modèle économique viable. Virgin Mobile, dix-septième candidat à la TMP autorisé par le CSA mi-2010, aurait pu
changer la donne en s’alliant à TDF pour un lancement promis pour le « second semestre 2011 ». Mais la direction de la maison mère de Virgin Mobile, Omer Telecom, a annoncé le 5 janvier dernier qu’elle jetait l’éponge – estimant que « les conditions
ne sont pas réunies » (fin de la technologie MediaFLO de Qualcomm et fin de la TVA réduite sur la diffusion de la TV en ligne).
Quant à la radio numérique par voie hertzienne, elle n’est pas mieux engagée. Promise pour fin 2008, elle avait reportée à « Noël 2009 » sur Paris, Marseille et Nice, après que
le CSA ait accordé (en mai 2009) des autorisations d’émettre en RNT à 160 radios dans ces trois villes (6). Mais les grandes radios nationales, telles que RTL, Europe 1, NRJ et NextRadioTV ont exigé un « moratoire de 18 mois » pour attendre des jours meilleurs.

Question de volonté politique
Après deux premiers rapports qui n’ont rien donné, respectivement en octobre (Emmanuel Hamelin) et novembre (Marc Tessier), un troisième de la dernière chance a été confié à David Kessler. Ce dernier a rendu un rapport d’étape en novembre dernier, où il demande à l’Etat, au CSA, aux fabricants et aux radios elles-mêmes de se déterminer clairement pour ou contre la RNT. De leur réponse, « dépendra la possibilité ou non d’envisager à court terme [son] lancement ». Rien n’est moins sûr. @