Le lancement de Radio France en RNT (radio numérique terrestre) serait déterminant

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) vient, en janvier, de remettre au gouvernement et au parlement son rapport sur la radio numérique terrestre (RNT), laquelle est lancée à Paris, Marseille et Nice depuis l’été dernier. Son avenir serait conforté si Radio France rejoignait les pionniers.

« A défaut d’avoir l’adhésion des grands groupes privés radiophoniques [RTL, Europe1/Lagardère Active, NRJ, BFM/ NextradioTV], le rôle du service public dans le déploiement de la radio numérique apparaît en France, comme en Europe, être un enjeu important », affirme le CSA dans son rapport rendu public le 21 janvier dernier (1). Un projet circulait depuis mi-décembre accompagné de six questions auxquelles les professionnels concernés devaient répondre jusqu’au 9 janvier.

Au gouvernement de se décider
Mais les contributions des uns et des autres n’ont pas influé sur les constats du régulateur de l’audiovisuel quant à l’avenir de ce nouveau mode de diffusion numérique de la radio. « La présence de la radio publique sur la RNT peut avoir un rôle d’impulsion et devrait être un des éléments structurants de la RNT », considère encore le CSA. Autrement dit, bien que boudée par les grands réseaux privés, la radio numérique par voie hertzienne pourrait voir son avenir conforté en France si le gouvernement décidait d’y lancer les radios du groupe Radio France – présidé par Mathieu Gallet (photo) – ainsi que Radio France International (RFI) du groupe France Médias Monde. « Loin d’être symbolique, la présence du service public sur la radio numérique hertzienne apparaît, dans les pays où la radio numérique terrestre se déploie, comme un élément moteur et structurant », insiste le régulateur présidé par Olivier Schrameck. France Inter, France Info, France Musique ou encore RFI pourraient très bien rejoindre la centaine de radios qui se sont déjà lancées depuis l’an dernier sur Marseille, Nice et Paris où la RNT a été lancée le 20 juin dernier. D’autres pays européens : « montrent généralement une présence forte du service public, élément moteur de la construction de réseaux de diffusion grâce au financement tiré de la redevance (Royaume-Uni, Norvège, Suisse, …) et entraînant dans son sillage les éditeurs privés », constate encore le rapport du CSA. Mais alors, que fait Radio France ? Ou plus précisément : que fait le gouvernement ? Car les deux sont liés : c’est en effet le gouvernement qui, seul, peut décider préalablement de préempter une (ou des) fréquence(s) sur la RNT. Dans un premier temps, en 2009, le gouvernement avait bien réservé des fréquences en RNT pour Radio France et Radio France Internationale. Mais en 2012, le gouvernement change d’avis et ne fait aucune réservation sur Paris, Nice et Marseille. Le gouvernement précise juste qu’il «se réservait la possibilité d’un engagement futur de ces deux sociétés nationales de programme en fonction des résultats des travaux initiés sur le sujet » (2). Fermez le ban ! Le CSA, encouragé par plusieurs radios privées indépendantes (Oüi, FG, France Maghreb 2, Trace, Raje, …) et organisations favorables à la RNT en France (Sirti, SNRL, Alliance pour la RNT, WorldDMB, …), en appelle donc à une clarification du rôle du service public. « Il pourrait être utile que la tutelle des deux sociétés nationales de programmes concernées actualise sa position sur ce sujet. (…) Les valeurs véhiculées par la RNT (gratuité de l’écoute, anonymat, disponibilité) sont par ailleurs particulièrement adaptées au service public », écrit le CSA. La balle est dans le camp du gouvernement Valls… @