Pourquoi M6 et TF1 échouent avec la chaîne TF6

En fait. Le 5 mai, le groupe Métropole Télévision – plus connu sous le nom de sa chaîne phare, M6 – a tenu son assemblée générale annuelle. Fin avril, il annonçait l’arrêt le 31 décembre prochain de la chaîne payante TF6 lancée 15 ans plus tôt et détenue à parts égales avec TF1. C’est un échec révélateur.

En clair. La génération des 15-34 ans, à qui s’adressait TF6 en tant que chaîne généraliste destinée à un « public de jeunes adultes » et diffusée sur la TNT (mais aussi en exclusivité sur CanalSat et Numericable), a de nouvelles pratiques de consommation en ligne de vidéos qui ne correspondent plus à certaines offres audiovisuelles traditionnelles. Qui plus est, linéaire et payante. Lancée il y a 15 ans, juste avant l’envolée du haut débit sur Internet et par la suite de la dé-linéarisation des programmes, TF6 proposait des programmes originaux, des séries inédites, des fictions et des films.
Mais, malgré une couverture mensuelle de 8 millions de téléspectateurs, cette «mini-généraliste » n’a jamais dépassé – au mieux – les 1,1 % de part d’audience (selon Médiamétrie), retombant même à 0,9 % fin 2013. Cet échec de M6 et TF1 (1) à vouloir
en faire « la première chaîne de divertissement dans l’univers du payant » pourrait un premier signe annonciateur de bouleversements à prévoir dans le paysage audiovisuel français (PAF) à l’ère du numérique. Officiellement, TF6 doit s’arrêter car le format a été
« fortement concurrencé par les chaînes de la TNT gratuite » et le recul des recettes publicitaires n’a pas été compensé par « les redevances des distributeurs de télévision payante » (CanalSat, Numericable). Mais les raisons sont sans doute plus profondes et
la conséquence des nouveaux comportements de la génération du « tout-gratuit » et du
« tout-Internet ». M6 et TF1 auraient pu demander au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de transférer leur chaîne commune vers la TNT gratuit, comme ils l’ont déjà fait pour respectivement Paris Première (M6) et LCI (TF1) ou comme songerait à le demander Canal+ pour Planète. Mais la concurrence sur la TNT gratuite est déjà telle que le jeu n’en valait pas la chandelle.

Et au-delà de la TNT gratuite, il y a l’environnement dé-linéarisé gratuit de plus en plus développé avec la TV de rattrapage, dont les programmes sont accessible gratuitement durant 7 jours en général, et la vidéo en ligne financée par la publicité sur les plates-formes de partage (YouTube, Dailymotion, …), sans parler du piratage de contenus audiovisuels sur Internet. Tandis que les arrivées prochaines en France de Netflix, d’Amazon Prime ou encore de Wuaki du groupe Rakuten (2) pourraient donner le coup
de grâce à la télévision payante sur la TNT française. @