Roberto Mauro, Samsung : « La “SmartTV” est à la télévision ce que le “Smartphone” est au mobile »

Le directeur de la stratégie et du développement de Samsung Electronics
France détaille pour Edition Multimédi@ les avancées du numéro un mondial
des téléviseurs, devenant aussi premier fabricant de smartphones. Les accords
sur les contenus se multiplient tous azimuts.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Samsung et France Télécom ont signé le 6 juillet 2011 un partenariat. Est-il « compatible » avec la charte « TV connectée » signée en octobre 2010 par la chaîne TF1, avec laquelle vous avez un accord jusqu’en 2012 ?
Roberto Mauro :
Samsung travaille de façon collaborative avec les partenaires de la chaîne de la valeur des médias,
en particulier les éditeurs de télévision et les opérateurs télécoms, afin que notre offre SmartTV soit la plus pertinente et attrayante pour nos clients. Le partenariat européen avec Orange – dont le portail est proposé sur tous les téléviseurs connectés de la gamme Smart TV, ainsi que sur les lecteurs et Home cinéma Blu-ray – et le travail que nous faisons avec les opérateurs télécoms sont complémentaires et tout à fait compatibles avec le partenariat TF1 et les développements en cours avec les chaînes de télévision. Chacun contribue à l’écosystème SmartTV.

« La France est une nation où les marques des principales chaînes télévisées nationales gratuites et payantes sont très fortes, et où la régulation à laquelle elles sont soumises est déterminante – en particulier en ce qui concerne le financement de la création audiovisuelle. »

EM@ : La surimpression sur le signal TV est-elle un problème ?
R. M. :
Les services en surimpression des chaînes sont disponibles depuis l’an dernier sur TF1. Et notre volonté est que les chaînes aient le contrôle éditorial de tels services.

EM@ : TF1, qui passé avec vous un accord « TV connectée » dès décembre 2009, vous a signifié en 2010 ne pas vouloir la surimpression de Yahoo sur les écrans Samsung en Europe. Y a-t-il ce problème aux Etats-Unis ou en Asie ?
R. M. :
L’histoire et la régulation de l’industrie de l’audiovisuel évoluent de façon différente dans chaque région du monde. La France est souvent citée comme un cas représentatif en Europe : une nation où les marques des principales chaînes télévisées nationales gratuites et payantes sont très fortes, et où la régulation à laquelle elles sont soumises est déterminante – en particulier en ce qui concerne le financement de la création audiovisuelle. Dans ce contexte, les discussions franches et coopératives que nous avons eues en 2009 et 2010 avec les chaînes – et en particulier TF1 – nous ont permis d’intégrer les caractéristiques du marché français, et plus généralement européen, dans notre stratégie SmartTV. Le partenariat Yahoo déployé à partir de 2009 dans une dizaine de pays était non exclusif, et nous avions déjà notre plateforme propriétaire dans les autres pays – plus d’une centaine – où Samsung est présent. En Europe, la plateforme Samsung a remplacé celle de Yahoo à partir de 2010. Suivant les situations locales dans les autres pays, Yahoo peut aujourd’hui coexister ou non avec la plateforme Samsung.

EM@ : Samsung Apps peut-il être à la TV ce que l’App Store est à l’iPhone ?
Quels sont vos partenaires « contenus » en France pour la TV connectée ?
R. M. :
Effectivement, pour Samsung la « SmartTV » est à la télévision ce que le
« Smartphone » est à la téléphonie mobile, c’est-à-dire un changement profond quant
aux possibilités offertes au consommateur dans l’usage de son produit. Nous souhaitons être le leader du marché de la télévision connectée comme nous le sommes déjà au niveau mondial dans la vente de téléviseurs. Nous voulons aussi être les premiers à offrir à nos clients l’offre de services et de contenus la plus complète. Cette offre s’étoffe continuellement grâce aux nombreux développeurs qui créent des applications pour Samsung Apps. L’interface de nos produits connectés (TV, BD et HTS) se veut très proche de celle de nos smartphones. Elle permet à nos clients d’accéder à cinq types de services : vidéo à la demande (VOD et SVOD) comme par exemple TF1 vision, télévision de rattrapage (catch up TV), visioconférence en partenariat avec les opérateurs ou par l’application Skype ; recherche web grâce
au navigateur intégré à partir des téléviseurs des séries 6500, et notre magasin d’applications Samsung Apps qui compte dejà plus de 50 « applis » développées en France comme Orange, l’INA, L’Equipe, Allociné, soit plusieurs centaines au total. Plus de 5 millions d’applications ont déjà été téléchargées dans le monde [de février 2010 à mai 2011, ndlr] depuis Samsung Apps sur des téléviseurs Samsung. La croissance que nous observons est vertigineuse.

EM@ : Après Yahoo et Orange, Samsung est-il prêt à accueillir Google TV et Apple TV ?
R. M. :
Seuls Google et Apple pourraient répondre ; il faudra attendre qu’ils communiquent publiquement sur leurs projets futurs.

EM@ : La télécommande n’a pas évolué depuis 15 ans. Samsung propose une télécommande à écran tactile. Les smartphones sous Bada ou les Galaxy Tab peuventils être les télécommandes de Internet@TV ?
R. M. :
Tout à fait, jusqu’à récemment la télécommande avait très peu évolué. A partir
de 2010, afin de permettre une expérience utilisateur plus simple et plus riche, Samsung a doté les SmartTV des séries 8000 et 9000 d’une télécommande avec écran tactile 3 pouces, au design identique à celui d’un smartphone. Nous avons aussi développé les applications pour smartphones et tablettes qui permettent de télécommander le téléviseur et d’interagir de façon très simple avec les applications,
en particulier pour l’insertion de champs de texte au moyen d’un clavier virtuel. En 2011, nous sommes passés à l’étape suivante : le smartphone ou la tablette ne sont plus seulement une télécommande ; ils deviennent un deuxième écran du foyer. Certains téléviseurs Samsung permettent en effet de recevoir sur un smartphone ou tablette Samsung tous les programmes qui s’affichent sur le téléviseur, d’où qu’ils proviennent : TNT, lecteur Blu-Ray, décodeur TV, disque dur multimédia. Il est ainsi possible par exemple de regarder en même temps un film sur le téléviseur et un match de foot en direct sur la tablette… pour la paix des couples !

EM@ : Croyez-vous en outre à la TV sur mobile ou la TMP (télévision mobile personnelle), au moment où Samsung accuse une baisse des ventes des téléviseurs ?
R. M. :
La consommation de vidéos sur mobiles et tablettes est en croissance très forte mais rien ne laisse prévoir aujourd’hui en France la construction d’un réseau dédié au
« broadcast » pour la TMP ; la transmission se fera plutôt sur les réseaux data existants WiFi et 3G/4G.

EM@ : Samsung France s’est associé début 2011 à Universal Music pour
le smartphone « Wave II ». Quels sont les autres accords dans la musique, l’audiovisuel, le cinéma ou la presse ?
R. M. :
Samsung France discute avec toutes les majors de la musique mais entretient
des liens plus étroits avec Universal Music et Warner Music. Ces relations ont pu aboutir à des partenariats avec Christophe Maé, Lady Gaga ou l’offre de musique illimitée dans le Wave II. La montée en puissance des smartphones, segment sur lequel Samsung est leader en France, et des tablettes tactiles nous a obligé à mettre en place une offre de services très large. C’est ainsi que Samsung France s’est associé à Videofutur pour offrir un service de VOD sur smartphones haut de gamme et tablettes, à Relay.com pour disposer de l’ensemble de la presse magazine sur tablettes ou à Gameloft, le leader mondial du jeu sur mobiles. Ces services construits localement peuvent tout à fait être complémentaires à ceux développés de manière plus globale par des acteurs comme Google, dont Samsung utilise l’OS Android. @